Les chants de celui qui revient de l’armée au Pays basque - 1860
Attrapé malheureusement un jour par le sort,
Laissant mes vieux parents en pleurs,
J’étais soldat et formé aux armes,
Ils m’emmenèrent loin, loin du Pays basque.
Qu’il est regrettable de s’éloigner de son lieu de
naissance!
Qu’il est déchirant de laisser tous ceux que l’on aime !
Je ne voudrais pas dire adieu pour toujours
A ma famille, au Pays basque.
Ils m’envoyèrent rapidement au fin fond de l’Afrique;
J’y restai quatre ans avant d’être appelé en Italie ;
Et toujours, de tous lieux, comme doté d’aile,
Mon esprit s’envolait, léger, vers le Pays basque.
Dès lors que les français entrèrent en terres italiennes,
Oh ! quels massacres ! Oh ! combien d’hommes perdus !
Là-bas les environs sont rougis de fleuves de sang,
Que ne connaisse jamais telle chose le Pays basque !
De ces pauvres parents ayant perdu leurs fils,
Combien ne sont tombés dans les lamentations les plus douloureuses,
Que Notre Seigneur des cieux dans ces grandes peines,
Nous empêche de tomber, surtout le Pays basque !
Je n’ai pas fait affront à la réputation des Basques,
Avec ma baïonnette, souvent je me suis distingué
Quand je fus blessé à Solferino, ils disaient
Que je n'allais pas retourner vivant, moi, au Pays basque !
Sur les crêtes d’Atsulai, la chapelle d’Ainhoa,
C’est là que ma bonne mère a souvent prié pour moi,
Pour que la reine des anges me ramène chez moi,
En vie et entier au Pays basque.
Vous avez écouté ma mère, oh! Dame aimante!
J’étais déjà proche de mon dernier souffle,
C'est grâce à vous seule que j'ai conservé la vie,
C’est grâce à vous que j’ai pu revoir le Pays basque !
Cette montagne du Mondarrain a toujours le front haut,
La voir a réveillé les battements de mon cœur.
J’étais sorti malade des terres italiennes,
Mais je guéris en arrivant dans notre Pays basque.
Après avoir traversé les dangers, tranquille maintenant chez
moi,
Voici ce que je demande finalement à Dieu :
Que je vive longtemps en compagnie de mes parents
Que j'use mes jours dans mon cher Pays basque.
Jean-Pierre Duvoisin
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