Lundi 9 Septembre 2019 - Monasterio de Rodilla > Burgos 28 km
11ème étape



 

    Proverbe basque
    "
    Qui n'a ni or ni argent dort sûrement"

 




Temps de méditation accompagné du ronronnement des éoliennes





C'est une belle journée qui s'annonce...



...avec ces belles couleurs du soleil levant...





J'ai quitté le plateau pour entrer dans un bois de pins...

               


               
Je traverse une zone historique, le Camino de Los Romanos, baptisé « Via de Italia » avec 13 panneaux explicatifs.

                                                
Une borne romaine (Borne Milliaire)                                                                                   Burgos n'est pas loin...             


Je longe un terrain de golf qui fait contraste...


J'arrive en vue de Burgos


La iglesia de Villimar, banlieue nord de Burgos

Burgos

                                     

L'Arco de Santa Maria avec derrière la flèche de la Cathédrale





La Cathédrale Sainte-Marie

Ci-dessous quelques détails de cette Cathédrale qu'on ne voit pas à première vue...













                                    

                                    


                                 
Saint-Roch                                                                                               Saint-Jacques








Adieu Burgos !



 


    Je termine ce Chemin par une super belle étape. Je quitte l'Albergue à 5h30, je m'arrête à la fontaine pour remplir ma poche.
    Il n’y a pas de lune, le ciel resplendit de ses milliards d’étoiles et je peux admirer une Voie Lactée qui trace son sillon lumineux
    sur plus de 100.000 années lumière avec ses 200 à 400 milliards d’étoiles et au minimum 100 milliards de planètes…

    Comme je me sens tout petit au cœur de cette nuit profonde où seul le bruit de mes bâtons vient troubler le silence..

    Les constellations de Céphée et Cassiopée m’ouvrent la voie et elles suffiraient à me guider.
    Comme gardes du corps, j’ai sur ma gauche Pégase et sur ma droite Dragon !…
    Le chemin commence par monter pour sortir du pueblo, j'ai quelques hésitations pour trouver l'itinéraire car il y a une suite
    de
    tours et détours qui dans la nuit ne facilitent pas le suivi des flèches...

    Je passe près d'un ermitage "L'Ermita de la Virgen del Valle" puis j'arrive à une vaste aire de repos et pique-nique où
    je distingue
    une masse sombre qui ressemble à un ermitage ou une église... Je fais ensuite plusieurs arrêts pour contempler
    ce beau ciel
    étoilé avec la constellation d'Orion
    le Chasseur reconnaissable facilement grâce aux trois étoiles alignées qui
    représentent
    sa ceinture. Au loin j'entends la sourde rumeur d'une autoroute qui vient à peine troubler le silence de la nuit !
    Je longe ensuite une pinède éclairée par le soleil levant en suivant une piste forestière, puis une piste de terre rouge
    qui me ramène en direction de l'autoroute. J'arrive à une aire de
    service, l'Area de Descanso de Puerto de la Brújula.
    Il y a un rond-point  où les flèches sont peu visibles et finalement
    j'aperçois presque dissimulée une borne indiquant le Chemin.

    Ensuite c'est un long cheminement sur une meseta à près de 1000 m avec des centaines de moulins à vent qui brassent
    l’air avec leur bruissement d’ailes… Comme ces géants d’acier impressionnent quand on marche à leurs pieds et qu’ils
    sont beaux dans les premiers rayons du soleil qui les parent de belles couleurs… C'est un vaste champ d'éoliennes,
    de quelque
    côté que l'on tourne la tête on les voit alignées comme des soldats en ordre de bataille !
    Jusque sur ce vaste plateau, les terres agricoles, champs de céréales et de tournesols, s’étendent comme à l’infini…


    J'entre alors dans un bois de pins en suivant une piste forestière, je me rapproche de la N-1, au loin j'aperçois des usines et
    des nuages de pollution qui doivent provenir de la zone industrielle de Burgos qui est encore à 17 ou 18 kilomètres.
    Peu après, en suivant un chemin empierré et sableux j'arrive au Camino de Los Romanos, baptisé « Via de Italia »
    avec 13 panneaux explicatifs.
    « L’importance et la richesse qu’implique cet itinéraire antique résident dans le fait d’être l’une
    des premières artères de communication construites dans cette Hispanie lors de l’expansion de l’empire romain, il y a plus
    de 2 000 ans. Une route qui a parcouru d’Est en Ouest le nord de la péninsule, d’Astorga à Tarragone et où les biens
    et les personnes ont circulé, favorisant ainsi le transit du savoir et de la culture du moment. »

    L'itinéraire est plat, sans aucun dénivelé sur un plateau qui s'allonge à l'infini...

    J'arrive dans une zone plus verdoyante avec sur la droite un golf dont le gazon vert contraste avec les couleurs bistre
    et ocre des
    champs alentours. Je laisse un hameau toujours sur ma droite avec de grands hangars qui paraissent désaffectés.
    Je fais alors une pause pour rafraîchir les pieds et casser quelques noisettes. Et je reprends la piste qui paraît bien longue
    au milieu des étendues agricoles.

    J'arrive à un point haut d'où j'ai la première vue sur Burgos. L'environnement est plus cultivé avec des tracteurs qui
    ratissent la paille pour en faire de grosses bottes et de nombreux vergers.
    Et puis c’est la descente vers cette cité qui voit chaque année passer tant de pèlerins sur le Camino Francés que je retrouve
    pour la 3ème fois (La 1ère en 2005 et la 2ème il y a 12 jours au terme de mon chemin sur la Ruta de la Lana).

    Je suis maintenant sur une route goudronnée, je passe au-dessus de la voie ferrée puis au-dessous de l'autoroute pour
    entrer dans la banlieue de Burgos. Je traverse le village de Villimar où se trouve la iglesia de San Adrián Mártir.
    Je prends ensuite la calle Carretera Poza et au bout de celle-ci, j'attrape le bus n° 1 qui m'emmène à la Plaza del Cid.

    A nouveau admiration et contemplation de l'Arco de Santa Maria et de cette belle Cathédrale que je retrouve avec toujours
    autant de bonheur ! Je vais directement à l’Albergue Divina Pastora où j'ai un lit en bas que me cède un jeune pèlerin

    dijonnais qui est parti de Vézelay et continue jusqu'à Santiago et Fisterra.
    Après la douche et un peu de repos, je vais à la Sation des Autobus pour prendre mon billet pour San Sebastián
    où je vais demain pour marcher quelques jours sur le Camino del Norte (5 étapes jusqu'à Bilbao).

    Après une nouvelle visite de la Cathédrale et de ses abords je dîne avec Rodrigo un jeune espagnol de Burgos
    rencontré sur la Ruta de la Lana il y a 2 semaines…
     


 


    Voilà, la fin de ce Camino…
    Cette Via de Bayona est pleine de contrastes… Les étapes se suivent et ne se ressemblent pas…
    Des étapes grandioses et d’autres moins spectaculaires au milieu des voies de communication…
    Découverte d’une région, de ses habitants, des coutumes et des modes de vie…
    L’intérieur du Pays Basque est très industrialisé et cette région doit être une des plus prospères de l’Espagne !

    Mais ce n’est pas fini…
    Je prends le bus pour San Sebastián afin de terminer ce périple de 2019 par 5 étapes sur le Camino del Norte
    jusqu’à Bilbao ! Ainsi dans ce bus, je revois le film à l’envers en accéléré de ce Chemin que je viens de parcourir…
    C’est comme un saut dans le passé et maintenant retour vers le futur
    pour retrouver ce Camino del Norte déjà parcouru en 2006…
     

 

Hébergement à Burgos : Albergue Divina Pastora - 10 C/. Lain Calvo
Bien située mais un peu exigüe avec des lits superposés trop serrés.
WC et lavabos ne sont pas en nombre suffisant - 6 €
2 coquilles




                                                                  La Plaza Mayor de Burgos



    Prière du soir

    Lorsque tout bruit était muet dans la maison,
    Et que mes sœurs dormaient dans des poses lassées
    Aux fauteuils anciens d'aïeules trépassées,
    Et que rien ne troublait le tacite frisson,


    Ma mère descendait à pas doux de sa chambre ;
    Et, s'asseyant devant le clavier noir et blanc,
    Ses doigts faisaient surgir de l'ivoire tremblant
    La musique mêlée aux lunes de septembre.

    Moi, j'écoutais, cœur dans la peine et les regrets,
    Laissant errer mes yeux vagues sur le Bruxelles,
    Ou, dispersant mon rêve en noires étincelles,
    Les levant pour scruter l'énigme des portraits.

    Et cependant que tout allait en somnolence
    Et que montaient les sons mélancoliquement,
    Au milieu du tic-tac du vieux Saxe allemand,
    seuls bruits intermittents qui coupaient le silence,

    La nuit s'appropriait peu à peu les rideaux
    Avec des frissons noirs à toutes les croisées,
    Par ces soirs, et malgré les bûches embrasées,
    Comme nous nous sentions soudain du froid au dos !

    L'horloge chuchotant minuit au deuil des lampes,
    Mes sœurs se réveillaient pour regagner leur lit,
    Yeux mi-clos, chevelure éparse, front pâli,
    Sous l'assoupissement qui leur frôlait les tempes;

    Mais au salon empli de lunaires reflets.
    Avant de remonter pour le calme nocturne,
    C'était comme une attente inerte et taciturne,
    Puis, brusque, un cliquetis d'argent de chapelets...

    Et pendant que de Liszt les sonates étranges
    Lentement achevaient de s'endormir en nous,
    La famille faisait la prière à genoux
    Sous le lointain écho du clavecin des anges.


    Emile Nelligan

     

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