Jeudi 17 Septembre 2009 : Xerta > Gandesa 26 km



" Rien ne me paraît plus nécessaire aujourd'hui que de découvrir ou redécouvrir
nos paysages et nos villages, en prenant le temps de le faire.
Savoir retrouver les saisons, les aubes et les crépuscules,
l'amitié des animaux et même des insectes,
le regard d'un inconnu qui vous reconnaît sur le seuil de son rêve.
La marche seule permet cela.
Cheminer, musarder, s'arrêter où l'on veut,
 écouter, attendre,  observer.
Alors chaque jour est différent du précédent
comme l'est chaque visage,

 chaque chemin."


 Jacques Lacarrière  "Chemin faisant"   
« Mille kms à pied à travers la France »  Editions Fayard






Aux premières lueurs du jour, je rejoins la Via Verde à la "Estacion de tren". Le ciel  est bleu, il fait un peu frais,

mais la journée s'annonce belle. La Via Verde est un tracé qui suit une ancienne ligne de chemin de fer aménagée
en piste de randonnée. Elle domine le Rio Ebro et passe par de nombreux tunnels dont  certains ont un éclairage
qui s'allume automatiquement à la détection d'un "intrus" (Pèlerin ou cycliste...). Je suis équipé de ma lampe frontale
qui me sera bien utile car plusieurs tunnels ne se sont pas éclairés, dont un long de plus d'un kilomètre !



C'est un Chemin de solitude vraiment agréable (Je n'y ai rencontré que 3 cyclistes)



Je récite mes poèmes qui résonnent bien à l'intérieur des tunnels...



J'ai compté un peu plus de 20 tunnels. Entre chaque la nature est belle et sauvage !



J'ai quitté la Via Verde pour descendre au fond de la vallée et  faire une pause agréable
à La Fontcalda qui est un sanctuaire balnéaire avec une fontaine d'eau chaude.



Il y a des petits bassins où je rafraîchis mes pieds avant d'attaquer la deuxième partie de cette étape
qui est annoncée comme la plus difficile de ce Chemin.



Une partie des bâtiments rénovés qui avaient été construits au 14ème siècle
par une communauté de moines aujourd'hui diparue



Le Chemin passe le long de la rivière "El Canaletes".  Il y a quelques passages
avec des escaliers avant de grimper dans la colline au milieu des oliviers.



Sculpture dédiée au Camino de Santiago



Il y a ensuite quelques kilomètres d'ascension sur des chemins caillouteux.
Il fait plus de 30° et cela grimpe par moments assez raide !
(Dénivelé de l'étape : un peu plus de 400 mètres)



Mais les paysages sont superbes !
Et finalement l'étape ne m'a pas semblé aussi difficile qu'annoncée...



Le porche de l'église de la Asuncion (Début du 13ème siècle)
à
Gandesa "Cabeza de la Terra Alta"  localité de 3000 habitants
qui a été historiquement à la croisée des chemins entre Valencia, Aragon y Cataluña.
Elle est considérée comme Capitale du Vin et on peut visiter la Bodega Cooperativa
œuvre moderne (1919) de César Martinell, disciple du célèbre Gaudi.

 


Je prends une chambre à la "Fonda Serres" à Gandesa avec salle de bains dans le couloir
pour 19 euros. C'est correct mais un peu bruyant. Je prends le dîner sur place (12 euros)

  
1 Coquille
 



"Je me disais : moi aussi j'aurai mon livre des chemins, mon bréviaire des sentes,
mon évangile des herbes et des fleurs, bref ma bible des routes
et
 La Divine Comédie me parut bien convenir.
J'avais depuis longtemps envie de la relire. Mais très vite, je finis par oublier le livre,
ne plus penser à lui ou y penser comme à un compagnon présent
mais de moins en moins essentiel.
Dans la journée, j'aimais m'étendre au pied d'un arbre (chêne ou non, séculaire ou non)
sans penser à rien d'autre qu'à la forme changeante des nuages, aux bruits lointains
signalant une ferme, un hameau, un village.
Et le soir - même quand l'atmosphère du café où j'avais pu trouver refuge
rappelait le Purgatoire ou l'Enfer de Dante - je préférais rester là,
avec les clients quand il y en avait ou seul, à lire le journal local,
écouter les bruits et les silences d'un café, ce temps insidieux,
anonyme des lieux qui soudain sont désertés de leur cris vivants, leur brouhaha,
et leur rumeur humaine comme un rivage dont la mer vient de se retirer.
Car même en ces endroits souvent sinistres, je me sentais plus réceptif
qu'en allant m'isoler dans ma chambre pour lire un livre
que je pourrais toujours retrouver à la fin du voyage.
Les livres et les routes demeurent mais les rencontres, les paroles, elles, sont éphémères.
Et c'est l'éphémère que je venais chercher dans la pérennité géologique des chemins
ou la mouvance des visages. Cet éphémère égrené dans le fil des jours
et qui se mue ainsi en petites éternités, à chaque instant recommencées."

 
Jacques Lacarrière  "Chemin faisant"
 



 

Etape suivante

Retour