Lundi 31  Août 2015 : Minaya > San Clemente (17 km)

 


    Miguel de Cervantes
    De l’aventure inouïe que mit à fin le valeureux Don Quichotte, avec moins de péril
    que n’en courut en nulle autre nul fameux chevalier.


    « Il est impossible, mon seigneur, que ce gazon vert ne rende pas témoignage qu’ici près coule quelque fontaine
    ou ruisseau qui le mouille et le rafraîchit. Nous ferons donc bien d’avancer un peu, car nous trouverons sans doute
    de quoi calmer cette terrible soif qui nous obsède, et dont le tourment est pire encore que celui de la faim. »
    Don Quichotte approuva cet avis ; il prit Rossinante par la bride, et Sancho son âne par le licou, après lui avoir mis
    sur le dos les débris du souper ; puis ils commencèrent à cheminer en remontant la prairie à tâtons, car l’obscurité
    de la nuit ne laissait pas apercevoir le moindre objet. Ils n’eurent pas fait deux cents pas que leurs oreilles furent
    frappées par un grand bruit d’eau, comme le serait celui d’une cascade qui tomberait du haut d’un rocher.
    Ils sentirent à ce bruit une joie infinie, et s’étant arrêtés pour écouter attentivement d’où il partait, ils entendirent
    tout à coup un autre vacarme qui calma tout à la fois leur joie et leur soif, surtout pour Sancho, naturellement poltron.
    Ils entendirent de grands coups sourds, frappés en cadence, et accompagnés d’un certain cliquetis de fer et de chaînes,
    qui, joint au bruit du torrent, aurait jeté l’effroi dans tout autre cœur que celui de Don Quichotte. La nuit, comme je
    viens de le dire, était très-obscure ; et le hasard les avait amenés sous un bouquet de grands arbres, dont les feuilles,
    agitées par la brise, faisaient un autre bruit à la fois doux et effrayant ; si bien que la solitude, le site, l’obscurité,
    le bruit de l’eau et le murmure des feuilles, tout répandait l’horreur et l’épouvante. Ce fut pis encore quand ils virent
    que les coups ne cessaient de frapper, ni le vent de souffler, et que le jour tardait à poindre pour leur apprendre
    du moins où ils se trouvaient...
     



L'Hostal-Restaurante Antolin sur la Ctra N-301





La lune est pleine et légèrement colorée...


Les cyclistes à peine entrevus...


Le balisage est à peu près correct

   
Le propriétaire de la bergerie avec lequel j'ai échangé quelques mots...


L'arrivée en vue de Casas de los Pinos

    
Dans le Pueblo Casas de los Pinos


Le bois de pins qui offre une ombre agréable





L'arrivée en vue de San Clemente


L'Oficina de Turismo à San Clemente


L'église de San Clemente

   
            Saint-Jacques Matamore                                                                                    Santiago



La Plaza Mayor à San Clemente




    Je prends le petit déjeuner à l'Hostal-restaurante Antolin situé sur la Ctra N-301. A 7h je suis sur le Chemin qui commence
    juste de l'autre côté de la route. La lune est le fanal qui éclaire mes premiers pas au milieu d'une nature assez semblable
    à celle des jours précédents avec ces longues pistes à peine dérangées par le passage de 2 cyclistes qui me dépassent et
    disparaissent vite à l'horizon. L'ampoule du talon gauche est presque guérie et je finis par l'oublier quand je déclame
    "La Prose du Transsibérien" texte qui est devenu mon compagnon matinal du Chemin ! Je m'arrête devant une bergerie
    et engage la conversation avec le propriétaire des lieux qui est content de me parler de son troupeau de 90 brebis dont le
    lait sert à faire un fromage réputé dans la région.

    Je m'arrête dans un bar à Casas de los Pinos pour boire un Coca. Il reste 8 km pour San Clemente et alors la nature change,

    il y a davantage de bosquets, d'arbres et beaucoup de vignes. C'est moins aride et plus diversifié. Je fais une nouvelle
    pause devant un cabanon au milieu des vignes où je déguste du bon raisin blanc que je cueille sur la treille entourant
    ce cabanon. Un peu avant San Clemente, le Chemin longe un bois de pins ce qui donne un peu d'ombre et je vais en profiter
    pour faire une dernière pause afin de rafraîchir les pieds, car c'est souvent dans les derniers kilomètres qu'on attrape une
    ampoule quand les pieds sont chauds. Il reste alors 3 km et j'entonne quelques chants de marche pour terminer cette
    étape d'un bon pas !

    J'arrive au centre de San Clemente à 13h. Je vais à l'Ayuntamiento où une charmante jeune espagnole m'accueille en
    parlant bien français et me donne quelques renseignements avant de m'envoyer à l'Oficina de Turismo où je suis
    également bien reçu par un homme qui me donne les clés de l'Albergue ainsi que quelques informations touristiques
    et surtout les indications pour sortir de la ville demain matin.

    Après l'installation à l'Albergue assez proche du centre et un bon temps de repos, je vais sur la Plaza Mayor boire
    une cerveza et déguster un peu de Jamon Serrano ! Il se met alors à pleuvoir très fort pendant 20 minutes.
    Première pluie depuis mon départ sur ce Chemin. A l'abri dans le bar, je la contemple avec la satisfaction de celui
    qui est à l'abri ! Je fais ensuite un tour à l'église où se trouve une statue de Saint-Jacques Matamore.
    De retour à l'Albergue, je rencontre un pèlerin italien qui vient de la Roda (34 km).
    Dans la soirée je vais dîner au restaurant "La Posada del Reloj". 




Lien avec le commentaire de Gilbert

Lien avec le commentaire "Chemin du Levant"

 


Hébergement dans l'Albergue Municipal - Gratuit -
Clé à l'Oficina de Turismo - Plaza Mayor - Tél. 969 301 200
2 chambres - 3 lits + un salon (manque une cuisine)
3 coquilles



    Extrait de Don Quichotte - Miguel de Cervantes

    ...Mais Don Quichotte, soutenu par son cœur intrépide, sauta sur Rossinante, embrassa son écu, et, croisant sa lance :
    « Ami Sancho, s’écria-t-il, apprends que je suis né, par la volonté du ciel, dans notre âge de fer pour y ressusciter l’âge
    d’or. C’est à moi que sont réservés les périls redoutables, les prouesses éclatantes et les vaillants exploits. C’est moi,
    dis-je encore une fois, qui dois ressusciter les vingt-cinq de la Table-Ronde, les douze de France et les neuf de la
    Renommée ; qui dois mettre en oubli les Platir, les Phébus, les Bélianis, les Tablant, Olivant et Tirant, et la foule
    innombrable des fameux chevaliers errants des siècles passés, faisant en ce siècle où je me trouve de si grands et
    de si merveilleux faits d’armes, qu’ils obscurcissent les plus brillants dont les autres aient à se vanter. Remarque bien,
    écuyer loyal et fidèle, les ténèbres de cette nuit et son profond silence, le bruit sourd et confus de ces arbres, l’effroyable
    tapage de cette eau que nous étions venus chercher, et qui semble se précipiter du haut des montagnes de la Lune,

    enfin le vacarme incessant de ces coups redoublés qui nous déchirent les oreilles ; toutes choses qui, non-seulement
    ensemble, mais chacune en particulier, sont capables de jeter la surprise, la peur et l’effroi dans l’âme même du dieu
    Mars, à plus forte raison de celui qui n’est pas fait à de tels événements. Eh bien ! toutes ces choses que je viens de te
    peindre sont autant d’aiguillons qui réveillent mon courage, et déjà le cœur me bondit dans la poitrine du désir que
    j’éprouve d’affronter cette aventure, toute périlleuse qu’elle s’annonce. Ainsi donc, Sancho, serre un peu les sangles
    de Rossinante, et reste à la garde de Dieu. Tu m’attendras ici l’espace de trois jours, au bout desquels, si je ne reviens
    pas, tu pourras t’en retourner à notre village, et de là, pour faire une bonne œuvre et me rendre service, tu iras au
    Toboso, où tu diras à Dulcinée, mon incomparable dame, que son captif chevalier est mort pour accomplir des choses
    mémorables qui le rendissent digne de se nommer ainsi. »



Les deux portes qui donnent sur la Plaza Mayor de San Clemente
 

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