Jeudi 10 Septembre 2015 : Escalona > Valdeiglesias- 28 km

 


    Hidalgo !

    Ils sont fiers ceux-là ! ... comme poux sur la gale !
    C'est à la don-juan qu'ils vous font votre malle.
    Ils ne sentent pas bon, mais ils fleurent le preux :
    Valeureux vauriens, crétins chevalereux !
    Prenant sans demander - toujours suant la race, -
    Et demandant un sol, - mais toujours pleins de grâce ...

    Là, j'ai fait le croquis d'un mendiant à cheval :
    - Le Cid ... un cid par un été de carnaval :

    - Je cheminais - à pied - traînant une compagne ;
    Le soleil craquelait la route en blanc-d'Espagne ;
    Et le cid fut sur nous en un temps de galop ...
    Là, me pressant entre le mur et le garrot :

    - Ah ! seigneur Cavalier, d'honneur ! sur ma parole !
    Je mendie à genoux : un oignon ... une obole ? ... -
    (Et son cheval paissait mon col.) - Pauvre animal,
    Il vous aime déjà ! Ne prenez pas à mal ...
    -Au large ! - Oh ! mais : au moins votre bout de cigare ? ...
    La Vierge vous le rende. - Allons : au large ! ou : gare ! ...
    (Son pied nu prenait ma poche en étrier.)
    - Pitié pour un infirme, ô seigneur-cavalier ...
    - Tiens donc un sou ... - Señior, que jamais je n'oublie
    Votre Grâce ! Pardon, je vous ai retardé ...
    Señora : Merci, toi ! pour être si jolie ...
    Ma Jolie, et : Merci pour m'avoir regardé !

    Tristan Corbière




La sortie de Escalona


Aube rougeoie
explosion de couleurs
le chant de la terre





Arbre en feu
long tressaillement
les poèmes s'envolent


Ô pèlerin ! tes petits pas se perdent dans cette immensité !

   
Le plus dur reste à faire...


On adore toujours ces petits ponts porteurs de tant d'histoire...



La figue de barbarie est bien tentante...mais...


Là je fais une pause...


Décor superbe...


avec ces pins majestueux...


...mais dans cette forêt avec un balisage inexistant, on pourrait se perdre...





   
et pourtant c'est un GR ! Alors messieurs les baliseurs au travail !!!


Les kilomètres de pistes défoncées...
Mais je n'ai pas pris de photos des parties presqu'impraticables de ce chemin !
J'étais trop en galère pour penser à photographier...




   
La délivrance !


L'arrivée sur San Martin de Valdeiglesias


La iglesia de San Martin de Valdeiglesias


 Le patio de la Casa Rural de Labranza


    Après quelques dénivelés, j'arrive par un beau chemin de campagne sur un plateau au milieu des chênes verts et j'ai alors
    droit à un de ces beaux levers de soleil qui vous met en joie pour la journée...C'est un matin où l'on est heureux d'être sur
    le Chemin ! J'arrive à Almorox vers 9h. Pause dans un bar avec coca et olives et je repars pour ce qui va être une des étapes
    les plus difficiles que j'aurai jamais parcourue ! L'environnement a changé, le chemin monte et descend au milieu de petites

    collines, passe au milieu de propriétés entourées de jardins et de petites cultures...Je suis ravi de ce changement de décor,
    et puis le balisage commence à être déficient...Je fais quelques allers-retours avec ici ou là des treilles qui me procurent
    quelques belles grappes de raisin blanc...Le balisage devient presqu'inexistant et j'ai du mal à me repérer avec le guide...
    Cependant je ne peux qu'être charmé par cette forêt de pins majestueux dans laquelle je m'enfonce...Devant une propriété
    un chien noir me tourne autour très hargneux...Je sors mon sifflet ce qui le surprend et quelques moulinets avec mon bâton
    à la façon Don Quichotte auront raison de son agressivité...


    Je fais une bonne pause sous un de ces grands pins qui ressemblent aux pins Laricio qu'on trouve en Corse. Puis je reprends
    cette longue piste montante assez fatiguante mais la beauté de l'environnement est une bonne compensation !
    Il y a des propriétés adossées à une masse de rochers aux formes étranges... Je traverse une Nationale et je retrouve sur
    plusieurs kilomètres cette piste qui semble n'avoir pas de fin, avec un balisage inexistant ! J'arrive à un point haut ce qui
    permet une belle vue sur les montagnes alentour, puis petite route goudronnée avec un panneau indiquant Valdeiglesias
    à 8 km.

    C'est alors que commence le cauchemar avec des dénivelés de fou sur des terrains défoncés par les bulldozers...
    Je vérifie ce qui me reste comme eau dans ma poche, car la chaleur est assez forte et dans les montées abruptes,
    j'ai vite la gorge sèche et boire quelques gorgées d'eau fraîche est indispensable ! La galère se pousuit sur ces chemins qui
    ne ressemblent plus à rien et je cherche désespérément quelque balise...Mais il faut continuer et j'attaque vaillamment
    une pente après l'autre et les descentes sont même dangereuses...Je me demande bien pourquoi on fait passer les
    pèlerins par cet itinéraire...J'arrive à un panneau indiquant 6, 3 km ! Alors là je suis vraiment déçu ! Je croyais avoir fait
    plus de kilomètres ! Puis un autre panneau indiquant 4,8 km...C'est long et j'ai l'impression de ne pas avancer...
    Heureusement que j'ai pris assez d'eau, car je commence à être épuisé, et boire me permet d'affronter ces difficultés !
    Je rêve d'une bonne cerveza glacée...Enfin après une descente aux enfers (dénivelé très raide...), j'arrive sur un chemin
    et là je sens que le pueblo n'est plus très loin ! Encore une belle descente sur une route goudronnée et voilà l'entrée de
    San Martin de Valdeiglesias.

    Je vais directement à la Casa Rural où j'ai réservé une chambre. A peine arrivé, je demande cette cerveza bien fraîche
    qui me faisait rêver, puis après les formalités, je m'installe dans la chambre où je vais prendre un repos bien mérité !
    Le soir je vais dîner dans le patio de cette Casa Rural où on me servira un bon dîner bien arrosé et là j'oublierai vite
    toutes les vicissitudes de cette étape !



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Lien avec le commentaire "Chemin du Levant"



Hébergement à San Martin de Valdeiglesias
Casa Rural de Labranza- 3 calle del Arco - Tél. 918 61 16 53 / 677 75 94 95
 Belle chambre avec SDB donnant sur un patio - 25 euros
Bruyant le soir si des gens dînent tard dans le patio
Dîner sur place trop cher (23 euros !!)
2 Coquilles
 



     Sonnet posthume

    Dors : ce lit est le tien... Tu n'iras plus au nôtre.
    - Qui dort dîne. - A tes dents viendra tout seul le foin.
    Dors : on t'aimera bien - L'aimé c'est toujours l'Autre...
    Rêve : La plus aimée est toujours la plus loin...

    Dors : on t'appellera beau décrocheur d'étoiles !
    Chevaucheur de rayons !... quand il fera bien noir ; 
    Et l'ange du plafond, maigre araignée, au soir, 
    - Espoir - sur ton front vide ira filer ses toiles.

    Museleur de voilette ! un baiser sous le voile 
    T'attend... on ne sait où : ferme les yeux pour voir. 
    Ris : Les premiers honneurs t'attendent sous le poêle.

    On cassera ton nez d'un bon coup d'encensoir, 
    Doux fumet !... pour la trogne en fleur, pleine de moelle 
    D'un sacristain très-bien, avec son éteignoir.

    Tristan Corbière



El peregrino un poco loco !

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