Mardi 29 Septembre 2015 :  Foncebadon >
Molinaseca > Ponferrada  (28 km)

 


    Green

    Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
    Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous.
    Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
    Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux.

    J’arrive tout couvert encore de rosée
    Que le vent du matin vient glacer à mon front.
    Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
    Rêve des chers instants qui la délasseront.

    Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
    Toute sonore encor de vos derniers baisers ;
    Laissez-la s’apaiser de la bonne tempête.
    Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

    Paul Verlaine
    Romances sans paroles (1874)

     



La Cruz de Ferro enveloppée dans les rêves de milliers de pèlerins...


Il fallait bien faire la photo !


La Luna y la Cruz de Ferro


C'est cette image que je garde quand je me retourne une dernière fois...





Y-a-t-il encore des bovins pour venir boire à cet abreuvoir 


Le sentier se fait lyrique comme les mots que je déclame...


Le Payasage se fait grandiose...


Le couple de pèlerins colombiens avec lequel je vais sympathiser !


On commence la descente vers la vallée...


Bienvenue en Bierzo !


Le village de El Acebo


Le couple de colombiens


La traversée du village


L'intérieur d'une chapelle


La Iglesia de Molinaseca


Le pont romain à l'entrée de Molinaseca








La traversée de la ville...

        
Saint-Jacques et Saint-Roch


L'albergue municipal situé dans l'ancienne "Ermita de San Roque"


Ponferrada


La Cathédrale


Saint-Roch


Les chaussures bien alignées à l'entrée de l'Albergue


 
La cour intérieure de l'Albergue à Ponferrada


    Je quitte l'Albergue à 7h. Le chemin est éclairé par la lune. J'arrive à La Cruz de Ferro comme l'aube pointe à l'horizon.
    C'est un lieu emblématique du Camino Francés ! Depuis 2005, il me semble que le monticule de cailloux qui entoure
    la croix
    a augmenté de volume ! Combien de pèlerins sont passés là depuis 10 ans ? Quelques centaines de milliers et
    autant de pierres
    déposées sur cet autel qui porte toutes les joies et les peines de tous ces pérégrinants !

    Je finis de gravir les pentes du Monte Irago jusqu'à Manjarin devenu un haut-lieu du Chemin avec son ensemble de
    panneaux
    indiquant les distances avec de nombreuses localités telles que Rome (2475 km) ou Jérusalem (5000km)
    et évidemment Santiago
    (222 km). Un peu plus loin, arrivé à El Acebo, je fais une pause en compagnie d'un couple
    sympathique de pèlerins Colombiens.

    C'est ensuite une longue descente, parfois un peu raide , jusqu'à Molinaseca (900 mètres de dénivelé) avec tout au long
    de ce parcours, un superbe panorama qui impose de prendre le temps de la contemplation... Je m'arrête à l'entrée de
    Molinaseca dans un bar pour boire un coca et rafraîchir les pieds, car il reste encore 8 kilomètres jusqu'à Ponferrada.
    Je prends le temps pour traverser cette belle petite ville et à la sortie je m'arrête un moment devant l'Albergue où
    j'avais dormi en 2005. Ensuite le chemin me mène à travers zone industrielle et petites routes de campagne à Ponferrada
    où je vais arriver à 15h. Je vais directement dans l'Albergue paroissiale San Nicolas de Flue où je reçois un bon accueil.
    Les hospitaliers ont l'expérience de l'accueil de nombreux pèlerins et tout fonctionne à merveille. Il y 180 lits et je crois
    bien qu'ils ont, ce soir là, tous été occupés ! L'hospitalero m'a attibué un lit en bas dans un coin où j'ai un peu d'espace
    autour de moi et j'apprécie de passer ce temps au milieu de tant de pèlerins, sachant que demain, je vais retrouver
    la solitude sur le Camino de Invierno !

    Je vais faire un tour en ville, visiter la Cathédrale et faire quelques achats...Je dîne au restaurant Mencia pour 10 euros :
    Jambon, fromage, assiette de légumes verts, spaghettis à la carbonara, 2 tranches de lomo, glace, café ainsi que
    Vin du Bierzo et un chupito de Orujo de hierbas !!!
     


    (Mon Topo lors de cette même étape en Septembre 2005)

    2 Septembre 2005 : Rabanal del Camino > Molinaseca (26 km)

    Départ à 6h45, à la nuit. La montée jusqu'à la Croix de Fer est douce et agréable. 
    Le jour se lève et on a une belle vue sur Rabanal, les montagnes et les plateaux au loin.
     
    J'assiste à un beau lever de soleil. J'arrive à la "Cruz de Ferro" vers 9 h.
     
    Elle est située à 1490 m d'altitude, fichée au sommet d'une perche de bois de 5 mètres
     
    de haut, plantée dans un cairn auquel la tradition veut que chaque pèlerin
     
    apporte sa pierre (La mienne ne vient pas de très loin, je l'ai ramassée en quittant
     
    Rabanal). Le panorama est superbe, cela monte encore un peu jusqu'à 1504 m,
     

    au "Puerto de Irago" qui est l'un des points les plus élevés du Chemin de St Jacques.

    Et puis c'est la descente assez rude et caillouteuse vers le Bierzo.  Je traverse le village quasi-abandonné de Manjarin (1460 m) où se trouve un refuge devant lequel on peut
     
    voir des panneaux indiquant Santiago à 222 km et Rome à 2475 km (voir photo ci-contre)
     
    et 7 km plus loin, El Acebo (1150 m), vieux village encore assez vivant où se trouve un monument érigé en 1988 en mémoire des pèlerins morts au cours de leur pérégrination.
     
    J'arrive à Molinaseca vers 14 h, il y a encore 500 mètres à faire à la sortie de la ville
     
    pour rejoindre l'albergue municipal situé dans l'ancienne "Ermita de San Roque".
     
    En fin d'après-midi, je vais visiter la ville et entre autres l'église Saint-Nicolas
     

    du 17ème siècle.
    Je retrouve une danoise , Kärin avec laquelle nous allons dîner rejoints
    par une autre danoise Liz
    et un couple de canadiens du Québec, Lucille et Michel.
     



Hébergement à l'Albergue Paroissiale San Nicolas de Flue
Calle de la Loma Tél. 987 413 381  -  Donativo
C'est très grand et très bien équipé avec cour intérieure et jardins
Malgré le grand nombre de pèlerins l'ambiance est très agréable
Ceci est dû à la présence d'hospitalier(e)s compétents et aimables
4 Coquilles

 



    Au passant d’un soir

    Dites, quel est le pas
    Des mille pas qui vont et passent
    Sur les grand’routes de l’espace,
    Dites, quel est le pas
    Qui doucement, un soir, devant ma porte basse
    S’arrêtera ?

    Elle est humble, ma porte,
    Et pauvre, ma maison.
    Mais ces choses n’importent.

    Je regarde rentrer chez moi tout l’horizon
    A chaque heure du jour, en ouvrant ma fenêtre ;
    Et la lumière et l’ombre et le vent des saisons
    Sont la joie et la force et l’élan de mon être.

    Si je n’ai plus en moi cette angoisse de Dieu
    Qui fit mourir les saints et les martyrs dans Rome,
    Mon coeur, qui n’a changé que de liens et de voeux,
    Eprouve en lui l’amour et l’angoisse de l’homme.

    Dites, quel est le pas
    Des mille pas qui vont et passent
    Sur les grand’routes de l’espace,
    Dites, quel est le pas
    Qui doucement, un soir, devant ma porte basse
    S’arrêtera ?

    Je saisirai les mains, dans mes deux mains tendues,
    A cet homme qui s’en viendra
    Du bout du monde, avec son pas ;
    Et devant l’ombre et ses cent flammes suspendues
    Là-haut, au firmament,

    Nous nous tairons longtemps
    Laissant agir le bienveillant silence
    Pour apaiser l’émoi et la double cadence
    De nos deux coeurs battants.

    Il n’importe d’où qu’il me vienne
    S’il est quelqu’un qui aime et croit
    Et qu’il élève et qu’il soutienne
    La même ardeur qui monte en moi.

    Alors combien tous deux nous serons émus d’être
    Ardents et fraternels, l’un pour l’autre, soudain,
    Et combien nos deux coeurs seront fiers d’être humains
    Et clairs et confiants sans encore se connaître !

    On se dira sa vie avec le désir fou
    D’être sincère et d’être vrai jusqu’au fond de son âme,
    De confondre en un flux : erreurs, pardons et blâmes,
    Et de pleurer ensemble en ployant les genoux.

    Oh ! belle et brusque joie ! Oh ! rare et âpre ivresse !
    Oh ! partage de force et d’audace et d’émoi,
    Oh ! regards descendus jusques au fond de soi
    Qui remontez chargés d’une immense tendresse,
    Vous unirez si bien notre double ferveur
    D’hommes qui, tout à coup, sont exaltés d’eux-mêmes
    Que vous soulèverez jusques au plan suprême
    Leur amour pathétique et leur total bonheur !

    Et maintenant
    Que nous voici à la fenêtre
    Devant le firmament,
    Ayant appris à nous connaître
    Et nous aimant,
    Nous regardons, dites, avec quelle attirance,
    L’univers qui nous parle à travers son silence.

    Nous l’entendons aussi se confesser à nous
    Avec ses astres et ses forêts et ses montagnes
    Et sa brise qui va et vient par les campagnes
    Frôler en même temps et la rose et le houx.

    Nous écoutons jaser la source à travers l’herbe
    Et les souples rameaux chanter autour des fleurs ;
    Nous comprenons leur hymne et surprenons leur verbe
    Et notre amour s’emplit de nouvelles ardeurs.

    Nous nous changeons l’un l’autre, à nous sentir ensemble
    Vivre et brûler d’un feu intensément humain,
    Et dans notre être où l’avenir espère et tremble,
    Nous ébauchons le coeur de l’homme de demain.

    Dites, quel est le pas
    Des mille pas qui vont et passent
    Sur les grand’routes de l’espace,
    Dites, quel est le pas
    Qui doucement, un soir, devant ma porte
    S’arrêtera ?

    Emile Verhaeren
    Les flammes hautes

     


Les panneaux indicateurs qui font rêver devant l'albergue de Manjarin

Retour