Vendredi 2 Septembre 2016 : Peñaflor de Hornija > Medina de Rioseco  (24 km)

Etape 13 /38


    Tout exilé connaît au début les affres de l'abandon, du dénuement et de la solitude.
    Déchiré entre la nostalgie du passé et la dure condition du présent,
    il expérimente une souffrance plus « muette », plus humiliante, qui le tenaille :
    n'ayant qu'une connaissance rudimentaire de la langue de son pays d'adoption,
    il se voit réduit à un être pri­maire aux yeux de tous.
    Baragouinant des mots ou des phrases parfois approximatifs, incapable d'un récit clair et cohérent,
    il donne l'impression d'être dépourvu de pen­sées, voire de sentiments.
    Nancy Huston, dans son très stimulant livre "Nord perdu", dit qu'un exilé a beau être bardé de diplômes
    qui attestent de l'ampleur de son savoir,  il en vient, ébahi, à envier les moindres enfants qui bavardent là,
    dans le métro, avec une incroyable volubilité.

    « Saint langage, hon­neur des hommes », a dit Paul Valéry.
    Le poète se plaçait peut-être dans une perspec­tive idéaliste.
    Ici, à un humble niveau exis­tentiel,
    l'exilé éprouve la douleur de tous ceux qui sont privés de langage,
    et se rend compte combien le langage confère la « légi­timité d'être ».


    François Cheng
     


"Ceux qui ne comprennent pas leur passé sont condamnés à le revivre.
Goethe






Au petit matin je tombe nez à nez face à ce troupeau...






Moment d'extase !


Premier repos pour prendre le temps de contempler...


L'environnement des éoliennes comme les gardiennes de ce plateau...


Paille et éoliennes...


Un beau spécimen de porc ibérique


Castromonte


L'Albergue de Castromonte


L'église de Castromonte





L'église de Valverde de Campos

      

Medina de Rioseco


La cour du Convento Santa Clara


La sœur clarisse qui m'accueille...


El Convento San Francisco


Avec la sœur qui m'a demandé un baiser...



Le Museo de la Semana Santa






Ruelle typique de cette charmante cité

    
Iglesia Santa Maria de Mediavilla




    Je quitte l'albergue et le village peu après 7h. Le jour se lève. Je commence par me tromper de chemin

    et en revenant sur mes pas je me trouve nez à nez avec un grand troupeau de moutons. Le berger
    m'indique la direction à prendre, nous échangeons quelques mots et un salut d'amitié.
    Je traverse un arroyo et après une belle montée j'arrive sur un plateau où je vais assister au lever de
    soleil au milieu d'un champ d'éoliennes...

    Je suis une longue piste qui côtoie un grand enclos où sont en liberté des cochons noirs, les porcs
    ibériques avec lesquels on élabore le fameux jambon iberico (Pata Negra). A 10h30, j'arrive à
    Castromonte où je prends un peu de repos devant un Coca accompagné de pain et de fromage.

    L'itinéraire qui suit est assez éprouvant, car après un parcours le long du rio Bajoz, où se trouvent
    de grands arbres qui prodiguent une ombre salutaire, je me retrouve vite sur le plateau marchant
    sur de longues pistes sans fin écrasées de chaleur ! J'arrive à Valverde de Campos à 13h.
    Le bar est fermé. Heureusement une dame m'emmène à une Tienda où je peux acheter du Coca et
    une bouteille d'eau fraîche. Je prends un temps de repos, je rafraîchis mes pieds, puis à nouveau,
    je les enduis de vaseline et c'est ce soin régulier des pieds qui m'aura permis d'aller jusqu'à Santiago
    sans aucune ampoule.

    La fin de l'étape est plus facile, le long d'une petite route jusqu'à l'entrée de Medina de Rioseco
    où se trouve l'Albergue de las Clarisas. La sœur qui m'accueille me conduit à un petit dortoir où
    je serai le seul pèlerin. Après le rituel, douche, lavage, repos, je vais retrouver la sœur pour récupérer
    ma crédenciale et donner 10 euros pour la nuit. Je fais une photo de nous deux et avant de me quitter,
    la sœur me demande si je veux bien l'embrasser ! Bien sûr un baiser chaste, mais je suis quand même
    un peu surpris...C'est un geste de tendresse et d'amitié et une manière pour cette sœur de s'associer
    à cette démarche de pèlerinage que son statut ne lui permet pas d'accomplir.

    Je vais ensuite visiter cette petite ville qui a beaucoup de charmes avec ses ruelles entourées d'arcades,
    ses églises, ses couvents et son port fluvial sur le Canal de Castille.

    Après le Tinto de Verano que j'apprécie bien en fin d'après-midi, je vais dîner dans un bar sympa où
    l'on me sert un dîner de qualité accompagné d'un vin de Ribeira.
     


La place de l'Hôtel de Ville
 

 


Hébergement à l'Albergue de las Clarisas - Convento Santa Clara
Petit dortoir avec salle d'eau et cuisine
Prix pour la nuit : 10 Euros
(4 coquilles)
 



    Quand tu ris de courir sur l'herbe de la terre,
    En plein soleil d'avril,
    Et de tomber sans te faire mal,
    Songe que, sous ta place étroite, 
    Il y a de la terre,
    En ligne droite, et de la roche et du minéral,
    Et de la lave, et des incandescences,
    Et le feu central.
    Songe en continuant la descente,
    Qu'il y a encore du feu et encore du feu,
    Puis des laves incandescentes,
    Puis de la roche et du minéral,
    Puis de la terre,
    Et, peu à peu,
    De la terre où pénètre de l'air,
    Et du gazon,
    Et de la nuit sur une saison,
    Et une femme qui dort à la Nouvelle-Zélande.
    Avec l'abîme au-dessous d'elle,
    Au-dessous de son toit.
    Et songe que pour elle il est pareil sous toi.


    Extrait du "Potomak"
    Jean Cocteau,"Scène du théâtre", Cap d'Ail

     

 

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