Quand tu ris de courir sur l'herbe de la terre,
En plein soleil d'avril,
Et de tomber sans te faire mal,
Songe que, sous ta place étroite,
Il y a de la terre,
En ligne droite, et de la roche et du minéral,
Et de la lave, et des incandescences,
Et le feu central.
Songe en continuant la descente,
Qu'il y a encore du feu et encore du feu,
Puis des laves incandescentes,
Puis de la roche et du minéral,
Puis de la terre,
Et, peu à peu,
De la terre où pénètre de l'air,
Et du gazon,
Et de la nuit sur une saison,
Et une femme qui dort à la Nouvelle-Zélande.
Avec l'abîme au-dessous d'elle,
Au-dessous de son toit.
Et songe que pour elle il est pareil sous toi.
Extrait du
"Potomak"
Jean Cocteau,"Scène du théâtre", Cap d'Ail
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