Vendredi 9 Septembre 2016 : Leon > La Robla  (27 km)

Etape 20 /38


    Marguerite Yourcenar – Quatre vœux boudhiques

    "Les « quatre voeux bouddhiques », que je me suis en effet souvent récités au cours de ma vie,
    j'hésite à les redire en ce moment devant vous, parce qu'un voeu est une prière, et plus secret encore
    qu'une prière. (Les gens qui vous avisent de « faire un voeu », en mangeant les premières fraises
    de l'année ou en regardant la nouvelle lune, vous disent sagement de le taire.) 
    Mais en simplifiant, il s'agit : 
    - De lutter contre ses mauvais penchants.
    - De s'adonner jusqu'au bout à l'étude. 
    - D
    e se perfectionner dans la mesure du possible.
    - Et enfin, « si nombreuses que soient les créatures errantes dans l'étendue des trois mondes »,
      c'est-à-dire dans l'univers, « de travailler à les sauver ». 

    De la conscience morale à la connaissance intellectuelle, de l'amélioration de soi à l'amour des autres
    et à la compassion envers eux, tout est là, il me semble, dans ce texte vieux de quelques vingt-six siècles."

    - "Et les avez-vous mis en pratique, ces voeux" ?

    - "
    Une fois sur mille. Mais c'est déjà quelque chose que d'y penser".

    In « Les yeux ouverts » entretiens avec Matthieu Galey

     


"Être aimé, c'est se consumer dans la flamme.
Aimer, c'est luire d'une lumière inépuisable.
Être aimé, c'est passer. Aimer, c'est durer."
Rainer Maria Rilke




             
Première balise et première chapelle


On aperçoit Leon dans le lointain...


L'ilôt de verdure qui entoure le Rio Bernesga


Première fontaine...





Ce cheval aussi a soif !


Le Rio Bernesga


Surprise ! Crèche nichée dans un tronc d'arbre


L'eau coule à flots...


Tiens ! Une compagne inattendue !


La Centrale Thermique avec au pied l'Ermita de Celada




         



La Robla
 


    Je quitte l'Hostal à 6h30. La sortie de Leon est tranquille et agréable. Je rencontre 2 italiens, mais nos
    chemins
    vont vite se séparer, eux continuant sur le Camino Francés et moi bifurquant rapidement vers
    le Camino de San Salvador. La sortie de la ville se fait le long d'un paseo avec en contrebas le Rio Bernesga
    que je vais suivre jusqu'à demain. Je traverse une zone pavillonnaire avant d'arriver au premier pueblo
    Carbajal de la Legua où je prends mon petit-déjeuner. Encore un peu de route et j'arrive sur une piste
    qui offre un superbe panorama : En arrière Leon, en contrebas le Rio Bernesga  dans un ilôt de verdure
    et au loin les montagnes que je vais traverser dans les jours prochains... La piste en montée se resserre
    et devient un sentier ombragé au milieu des chênes verts, des genêts et de la bruyère...

    J'arrive à une première fontaine qui est à une dizaine de mètres en contrebas. J'en profite pour me désaltérer,
    rafraîchir les pieds et grignoter une barre de céréales...Bon temps de repos dans cet endroit tranquille...
    Ensuite le chemin est agréable avec beaucoup de petits dénivelés au long d'un itinéraire bien ombragé.
    Et puis les mouches sont passées à l'attaque, ce qui m'oblige à couvrir mon visage d'un mouchoir pour
    éviter qu'elles n'entrent dans ma bouche ou mon nez...Elles ne cessent de me bombiner tout autour ce
    qui est vraiment désagréable et gâche un peu le plaisir que peut procurer cette marche champêtre...

    Heureusement, j'arrive à une deuxième fontaine où je m'asperge abondamment, car la chaleur commence
    à monter sensiblement. Puis j'arrive à deux autres pueblos, Cabanillas et un peu plus loin, Puente la Seca
    qui bordent ce Rio qui me donne bien envie d'aller nager, mais il n'y pas d'accès facile et comme je le verrai
    un peu plus tard, il y a en amont une Centrale Thermique ce qui entraîne sans doute quelque pollution
    des eaux de cette rivière.

    Je fais un détour pour rejoindre de l'autre côté du Rio à 300 mètres un bar où je bois 2 Coca et fais
    provision de glaçons pour ma poche à eau. A partir de Cascantes, l'itinéraire suit la route jusqu'à la
    fin de l'étape avec toujours ces mouches qui ne cessent de m'importuner...

    J'arrive au niveau de cette Centrale Thermique qui est en fait une usine de centrale à charbon pour la
    production d'électricité. Ensuite je longe l'Ermita de Celada qui est dominée par les énormes bâtiments
    et les cheminées de l'usine, contraste saisissant entre le gigantisme de ce site industriel et ce petit ermitage
    qui dégage une atmosphère de paix et de recueillement !

    J'entre alors dans La Robla que je traverse pour arriver un peu après 16h à l'Albergue où il y déjà
    une dizaine de pèlerins. J'ai un lit en étage et je vais prendre un bon temps de repos. L'hospitalero
    passe en fin d'après-midi pour l'enregistrement et les sellos sur nos crédenciales.
    Le soir, je dîne en compagnie de 3 espagnols, Paco, Lola et Jose que je retrouverai tout au long de ce chemin.
    Menu Peregrino, vino tinto et pour finir, orujo de café et orujo de hierbas...

 

Le soir au dîner avec les espagnols, Jose et Paco
 

 


Hébergement à l'Albergue de Peregrinos de La Robla
C/Mayor 69 - Tél.
659 093 647
Ouverte toute l'année - Prix 7 euros
16 lits avec étages
(3 coquilles)
 



    Marguerite Yourcenar – Les règles du jeu

    Les règles du jeu : tout apprendre, tout lire, s'informer de tout, et, simultanément, adapter à son but
    les Exercices d'Ignace de Loyola ou la méthode de l'ascète hindou qui s'épuise, des années durant,
    à visualiser un peu plus exactement l'image qu'il crée sous ses paupières fermées.
    Poursuivre à travers des milliers de fiches l'actualité des faits; tâcher de rendre leur mobilité,
    leur souplesse vivante, à ces visages de pierre. 

    Lorsque deux textes, deux affirmations, deux idées s'opposent, se plaire à les concilier plutôt
    qu'à les annuler l'un par l'autre ; voir en eux deux facettes différentes, deux états successifs du
    même fait, une réalité convaincante parce qu'elle est complexe, humaine parce qu'elle est multiple. 

    Travailler à lire un texte du IIè siècle avec des yeux, une âme, des sens du IIè siècle ; le laisser
    baigner dans cette eau-mère que sont les faits contemporains ; écarter s'il se peut toutes les idées,
    tous les sentiments accumulés par couches successives entre ces gens et nous. 

    Se servir pourtant, mais prudemment, mais seulement à titre d'études préparatoires, des possibilités
    de rapprochements ou de recoupements, des perspectives nouvelles peu à peu élaborées par tant de
    siècles ou d'événements qui nous séparent de ce texte, de ce fait, de cet homme; les utiliser en quelque
    sorte comme autant de jalons sur la route du retour vers un point particulier du temps.

    S'interdire les ombres portées ; ne pas permettre que la buée d'une haleine s'étale sur le tain du miroir,
    prendre seulement ce qu'il y a de plus durable, de plus essentiel en nous, dans les émotions des sens
    ou dans les opérations de l'esprit, comme point de contact avec ces hommes qui comme nous croquèrent
    des olives, burent du vin, s'engluèrent les doigts de miel, luttèrent contre le vent aigre et la pluie
    aveuglante et cherchèrent en été l'ombre d'un platane, et jouirent, et pensèrent, et vieillirent, et moururent.


    In Carnets de notes de "Mémoires d’Hadrien"
     


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