Vendredi 23 Septembre 2016 : Gontan > Vilalba    21,5 km

Etape 33 /38


    Si tu t'imagines 


    Si tu t'imagines 
    Si tu t'imagines
    fillette fillette 
    Si tu t'imagines 
    xa va xa va xa
    va durer toujours 
    la saison des za 
    la saison des za 
    saison des amours 
    ce que tu te gourres
    fillette fillette 
    ce que tu te gourres 

    Si tu crois petite 
    Si tu crois ah ah 
    que ton teint de rose 
    ta taille de guêpe 
    tes mignons biceps 
    tes ongles d'émail 
    ta cuisse de nymphe 
    et ton pied léger 
    si tu crois petite 
    xa va xa va xa
    va durer toujours 
    ce que tu te gourres
     fillette fillette 
    ce que tu te gourres

    Les beaux jours s'en vont 
    les beaux jours de fête 
    soleils et planètes 
    tournent tous en rond 
    mais toi ma petite 
    tu marches tout droit 
    vers sque tu vois pas 
    très sournois s'approchent 
    la ride véloce 
    la pesante graisse 
    le menton triplé 
    le muscle avachi 
    allons cueille cueille
    les roses les roses 
    roses de la vie 
    et que leurs pétales 
    soient la mer étale 
    de tous les bonheurs 
    allons cueille cueille 
    si tu le fais pas 
    ce que tu te gourres
    fillette fillette 
    ce que tu te gourres


    Raymond Queneau
     


L'homme sage apprend de ses erreurs,
L'homme plus sage apprend des erreurs des autres

Confucius




Au petit matin la rivière est comme la palette d'un peintre...


Direction dans le sens des traits qui partent du coeur...


Forêt d'eucalyptus...


Ce cheval vient me saluer...


Il y a encore des boeufs pour les travaux des champs...


Les croix jalonnent le Chemin


Pèlerines québecoises (La mère et la fille)


Le Pont Médiéval "Ponte Vella de Martiñan"

        
Je finis l'étape avec cette pèlerine de Laval, Marie-Lu..


Le chemin comme un tunnel dans les bois...


Par moments la brume étend son manteau sur les prairies...


Croix Galicienne


Les cyclistes devant ce trou d'eau que le marcheur évite facilement...


Cette brebis pose pour la photo !


Eglise Santiago de Goiriz



Le cimetière de Goiriz


Une pèlerine heureuse d'être arrivée à l'étape...


L'église de Vilalba


 


    Je quitte l'Albergue à 7h après le petit-déjeuner. Le Chemin aujourd'hui est plutôt facile avec peu de

    dénivelés. Je parcours des petites routes campagnardes avec quelques belles traversées de forêts de
    chênes et d'eucalyptus en suivant de longues pistes où il est agréable de marcher et qui sont propices
    à la déclamation poétique...

    Je prends mon temps et je suis au fil des kilomètres dépassé par tous les pèlerins partis de l'Albergue
    après moi. Je me régale des mûres cueillies au bord du chemin et de quelques prunes qui étaient
    proposées pour 1 euro. Je profite de cette journée tranquille pour dire tous les poèmes appris depuis
    mon départ de Madrid le 21 Août.

    Je suis rattrappé par une pèlerine de Laval avec laquelle je vais finir l'étape. Arrivés à l'entrée de Vilalba,
    nous passons devant l'Albergue Municipale qui est à 1,5 kilomètres du Centre-Ville, raison pour laquelle
    on a préféré réserver dans une Albergue privée où nous arrivons vers 13h. C'est grand et propre et de plus
    pour 14 euros on a le lit et le petit-déjeuner servi tôt le matin.

    Après la visite des quartiers proches de l'Albergue, un arrêt dans un bar pour boire un verre d'Albariño,
    je dîne seul dans une Taberna : Pimientos de Padron, Chipirones à la plancha, Vino tinto et Orujo de hierbas.
     

 

La Torre Andrade à Vilalba
 

 


Hébergement à l'Albergue Turistico Castelos

16 Rua das Pedreiras - Tél. 982 10 08 87 - 676 15 31 84
Petit déjeuner servi à partir de 6h
38 places - Cuisine et lave-linge
(14 Euros)
 (4 coquilles)

 



    L'instant fatal

    Quand nous pénétrerons la gueule de travers
                dans l’empire des morts
     
    avecque nos verrues nos poux et nos cancers
                comme en ont tous les morts
     
    lorsque narine close on ira dans la terre
                rejoindre tous les morts
     
    après dégustation de pompe funéraire
                qui asperge les morts
     
    quand la canine molle on mordra la poussière
                que font les os des morts
     
    des bouchons dans l’oreille et le bec dans la bière
                abreuvoir pour les morts
     
    et le cerveau mité un peu genre gruyère
                apanage des morts
     
    quand le chose flétri les machines précaires
                guère baisent les morts
     
    et le dos tout voûté la charpente angulaire
                peu souples sont les morts
     
    nous irons retrouver le cafard mortuaire
                qui grignote les morts
     
    charriant notre cercueil vers notre cimetière
                où bougonnent les morts
     
    lorsque le monde aura marmonné ses prières
                qui rassurent les morts
     
    et remis notre cause ès dossiers de notaires
                ce qui forclôt les morts
     
    distribuant nos argents comme nos inventaires
                nos défroques de morts
     
    aux vifs qui comme nous enrhumés éternuèrent
                se mouchent plus les morts
     
    alors il nous faudra lugubres lampadaires
                s’éteindre comme morts
     
    et brusquement boucler le cercle élémentaire
                qui nous agrège aux morts
     
    il nous faudra brûler nos volontés dernières
                à la flamme des morts
     
    et récapituler d’une façon scolaire
                nos souvenirs de morts
     
    tu te revois enfant tu souris à la terre
                qui recouvre les morts
     
    et tu souris au ciel toit bleu du luminaire
                l’oublient vite les morts
     
    tu souris à l’espace irrité de la mer
                qui engloutit les morts
     
    et tu souris au feu le bon incendiaire
                qui combure les morts
     
    on te sourit à toi c’est ton papa ta mère
                maintenant simples morts
     
    de même que tontons cousins chats et grands-pères
                ne sais-tu qu’ils sont morts
     
    et le bon chien Arthur le caniche Prosper
                ouah ouah qu’ils font les morts
     
    et non moins décédés les glavieux magisters
                de ton temps déjà morts
     
    et non moins macchabés le boucher l’épicière
                une cité de morts
     
    puis te voilà jeune homme et tu vas à la guerre
                où foisonnent les morts
     
    après tu te maries ensuite tu es père
                procréant futurs morts
     
    tu as un bon métier tu vis et tu prospères
                en profitant des morts
     
    te voilà bedonnant tu grisonnes gros père
                tu exècres les morts
     
    puis c’est la maladie et puis c’est la misère
                tu t’inquiètes des morts
     
    toussant et tremblotant tout doux tu dégénères
                tu ressembles aux morts
     
    jusqu’au jour où foutu la gueule de travers
                plongeant parmi les morts
     
    essayant d’agripper la sensation première
                qui n’est pas pour les morts
     
    désireux d’oublier le vocable arbitraire
                qui désigne les morts
     
    tu veux revivre enfin la mémoire plénière
                qui t’éloigne des morts
     
    louable effort ! juste tâche ! conscience exemplaire
                dont sourient les morts car
     
    toujours l’instant fatal viendra pour nous distraire

    Raymond Queneau
     

 

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