Je quitte mon hébergement à 6h. La traversée de Guadix est assez longue (2km), mais heureusement bien balisée. J'arrive ensuite sur un chemin bordé d'oliviers et de petites propriétés campagnardes. Il fait nuit, les chiens aboient tout le long de mon parcours...Je débouche alors sur un vaste espace dominé par ces rochers aux formes sculptées par l'érosion faite par les mers anciennes dans lesquels nos ancêtres lointains avaient élu domicile dans des habitats sommaires qu'on appelle aujourd'hui maisons troglodytes et qui offrent tout le confort...
Je traverse une forêt de pins en suivant un chemin de terre qui serpente au milieu des conifères et qui mène à un défilé étroit au milieu de masses rocheuses aux formes coniques, arrondies ou déchiquetées qui font penser à ce que l'on peut voir quand on traverse le Val d'Enfer au pied des Baux de Provence. C'est un itinéraire qui offre un panorama saisissant qui me fait alors me ressouvenir d'un poème de Rainer Maria Rilke "Le Livre de la Pauvreté et de la Mort" dont voici les 2 premières strophes :
Je suis peut-être enfoui au sein des montagnes,
solitaire comme une veine de métal pur ;
je suis perdu dans un abîme illimité,
dans une nuit profonde et sans horizon .
Tout vient à moi, m'enserre et se fait pierre .
Je ne sais pas encore souffrir comme il faudrait,
et cette grande nuit me fait peur ;
mais si c'est là ta nuit, qu'elle me soit pesante,
qu'elle m'écrase, que toute ta main soit sur moi,
et que je me perde en toi dans un cri .
J'arrive au premier pueblo Purullena à l'entrée duquel se trouve un site avec un mirador pour contempler La Sierra Nevada et la visite d'une grotte typique "La Immaculada", mais à cette heure matinale le site est fermé; je vais alors dans un bar où je commande un cafe con leche et une tranche de pain à la tomate avec du jambon (Pour 1 € 80). Après un temps de repos, rafraîchissement des pieds et le plein d'eau fraîche, je passe à l'Ayuntaminto faire tamponner ma Credenciale et je prends alors une petite route bordée d'oliviers qui me conduit tout droit à cet étonnant pueblo qu'est Marchal.
Le site est exceptionnel avec ses
formations d'argile ou "Carcavas" et ses monuments rocheux travaillés
au cours des siècles par l'érosion au pied desquels se blottissent de belles
habitations. Les photos ci-dessus parlent d'elles-même !!
Je suis alors dépassé par un pèlerin espagnol qui fait des étapes de 40 à 60 km, c'est sans doute celui qui est venu tard dans la nuit dormir à l'Albergue-Palais à Guadix !
Il y a ensuite une petite route qui grimpe tranquillement toujours au milieu de ces amas rocheux pour rejoindre le prochain pueblo qui est constitué par les localités de Cortes,
Graena, Lopera et Los Baños, toutes situées sur la face nord de la Sierra Nevada
et encadrées par un spectaculaire paysage montagneux, qui comprennent deux
grands attraits touristiques, les maisons–grottes et la station balnéaire
thermale de Baños de Graena, dont les eaux furent reconnues internationalement
à l’Exposition Universelle de Paris de 1900. Son parcours devient une promenade
à travers l’histoire de l’Âge du Bronze jusqu'à la colonie arabe, en passant par
l’époque romaine.
Il y a des hôtels, des restaurants et des bars plus que ce que le pèlerin peut souhaiter ! Puis je me retrouve bientôt sur une route au milieu des vignes dans lesquelles on peut apercevoir des groupes d'hommes et de femmes en train de vendanger. La route se transforme alors en un chemin terreux, caillouteux qui semble bien être un rio quand les pluies sont abondantes... Et pour finir l'étape, c'est une petite route que je vais suivre jusqu'à La Peza au milieu d'un décor somptueux ! Les derniers kilomètres offrent des panoramas spectaculaires et comme pour bien
épuiser le pèlerin, se succèdent alors une longue montée suivie d'une longue descente pour arriver au
terme de l'étape qui restera comme sans doute l'une des plus belles de ce
Camino !
Comme j'arrive devant l'Ayuntamiento de ce pueblo, il se met à pleuvoir. Je téléphone à Célia, la maire du village qui vient avec son parapluie pour m'emmener à l'Albergue Municipale.
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