Samedi 2 Septembre 2017 - Granada > Pinos Puente (19 km)

10ème étape


Federico Garcia Lorca, le sang vivant de la Poésie...
 

 «"Ne t’attarde pas pour cueillir les fleurs :
va ton chemin et elles s’épanouiront pour toi tout le long de ta route. »

Rabindranath Tagore - Les oiseaux de passage


 


                     
 
Une des portes latérales de la Cathédrale de Grenade                             L'archange Saint-Michel  survolé par 2 oiseaux...     
 

La tête de Christophe Colomb

                                 
Federico Garcia Lorca


    A Federico García Lorca
    par
    Antonio Machado

    Le crime

    On le vit, avançant au milieu des fusils,
    Par une longue rue,
    Sortir dans la campagne froide,
    Sous les étoiles, au point du jour.
    Ils ont tué Federico !

    Quand la lumière apparaissait.
    Le peloton de ses bourreaux
    N’osa le regarder en face.
    Ils avaient tous fermé les yeux ;
    Ils prient : Dieu même n’y peut rien !
    Et mort tomba Federico
    - du sang au front, du plomb dans les entrailles –
    … Apprenez que le crime a eu lieu à Grenade
    - pauvre Grenade ! -, sa Grenade…

    Le poète et la mort
    On le vit s’avancer seul avec Elle,
    sans craindre sa faux.
    - Le soleil déjà de tour en tour ; les marteaux
    sur l’enclume – sur l’enclume des forges.
    Federico parlait ;
    il courtisait la mort. Elle écoutait
    « Puisque hier, ma compagne résonnait dans mes vers
    les coups de tes mains desséchées,
    qu’à mon chant tu donnas ton froid de glace
    et à ma tragédie
    le fil de ta faucille d’argent.

    Je chanterai la chair que tu n’as pas,
    les yeux qui te manquent,
    les cheveux que le vent agitait,
    les lèvres rouges que l’on baisait…
    Aujourd’hui comme hier, ô gitane, ma mort,
    que je suis bien, seul avec toi,
    dans l’air de Grenade, ma Grenade ! »

    On le vit s’avancer…
    Élevez, mes amis,
    dans l’Alhambra, de pierre et de songe,
    un tombeau au poète,
    sur une fontaine où l’eau gémira
    et dira éternellement :
    le crime a eu lieu à Grenade, sa Grenade !

     



Moment d'émotion quand je passe mon bras sur l'épaule de ce grand poète...

Pour rendre hommage à Federico Garcia Lorca...
Ci-dessous les liens pour écouter 4 poèmes que j'ai enregistrés sur YouTube

avec mon smartphone un soir dans une Auberge...

Madrigal à la ville de Saint-Jacques

Sonnet de la douce plainte

Romance de la lune

La femme adultère


                                   
Statue de Saint-Jean de la Croix                                                                                          Doña...                  


En arrivant à Atarfe...


C'est une montagne désertique au pied de laquelle passe l'itinéraire de cette étape...


Le contraste entre un monde ancien et le monde moderne des transports en commun....


Un beau spécimen de bouc !


L'homme à cheval en balade dans cette vaste plaine agricole...


El "Puente de la Virgen" à l'entrée de
Pinos Puente ...


La soirée au bar avec un bon vino blanco !


L'entrée de la propriété dans laquelle se trouve l'Auberge Pèlerins
 

 


    Je quitte la Pension à 7h30. Pour la première fois depuis mon départ d'Almeria, j'ai dormi d'une traite jusqu'à 6h30.
    Je passe près de la Cathédrale pour suivre l'itinéraire de sortie de Grenade.
    Je m'arrête dans un bar prendre un petit-déjeuner et de l'eau fraîche.

    Il y a un joli parcours sur la Via Colón, avec des personnages en bronze dont la statue de Federico Garcia Lorca, ce grand
    poète espagnol originaire de la région de Granada, assassiné par les franquistes en 1936... J'ai voulu poser avec lui,
    pour immortaliser ce moment de forte émotion, car c'est un poète dont l'œuvre poétique et dramatique depuis de
    nombreuses années a toujours suscité en moi une admiration et une passion très fortes... 

    Ensuite, je prends un bus (N3), pour sortir de la ville et aller à Maracena, pueblo qui se trouve à 5 kilomètres de Grenade.
    La traversée de cette localité n'est pas très facile, car le balisage est parfois manquant, comme sur la place située devant
    l'Ayuntamiento.

    Je chemine ensuite sur une piste qui rejoint un autre pueblo, Atarfe, en traversant une vaste plaine agricole où se trouvent
    des champs de luzerne, de maïs et des cultures d'asperges.
    A Atarfe, je m'arrête dans un bar boire un coca et manger quelques churros. J'en profite pour récupérer quelques glaçons
    que je mets dans ma poche à eau, car la chaleur est à nouveau au rendez-vous !

    A la sortie de ce village, on passe sous une voie ferrée et juste après, il ne faut pas manquer la balise qui vous fait revenir
    en arrière pour attraper une petite route qui pendant 8 kilomètres va suivre cette voie ferrée et mener à
    Pinos Puente.

    Il est aux alentours de midi, le soleil tape fort sur cette route rectiligne sans ombre, aussi j'installe sur mon sac mon
    parapluie/parasol. J'arrive à l'entrée de cette localité devant le pont médiéval (El puente de la Virgen) vers 14h.
    Il reste un kilomètre pour rejoindre l'hébergement en suivant une petit route qui longe sur la gauche le rio Genil.
    Je suis  accueilli par un homme et son chien qui malgré son apparence de chien-loup et ses aboiements, s'avérera un
    compagnon très affectueux...

    Le soir, je vais dîner dans un restaurant sur la route nationale où pour 15 euros j'ai droit à 2 verres de tinto de verano,
    un verre de vino blanco et un menu copieux !

     

 

Hébergement au Refugio municipal de peregrinos
Calle Vereda de la Alameda, 64 - Tél. 639 650 885  - Donativo
L'Albergue se trouve dans un hangar aménagé à l'intérieur d'une propriété.
C'est grand, spacieux et tranquille; il y a 7 lits, un réfrigérateur, un micro-ondes,
un peu de vaisselle et des capsules pour faire du cafe con leche et des biscottes.
Le point d'eau ainsi que la douche et les WC se trouvent dans un local
à l'extérieur à une cinquantaine de mètres.
Il faut apprivoiser les chiens qui aboient à chaque passage...
3 coquilles




La plaine agricole au pied de cette montagne désertique...
 



    Gacela de la mort  obscure


    Je veux dormir du sommeil des pommes,

    Et m’éloigner du tumulte des cimetières.

    Je veux dormir du sommeil de cet enfant

    Qui voulait s’arracher le cœur en pleine mer.


    Je ne veux pas que l’on me répète que les morts
    ne perdent pas de sang ;

    Que la bouche pourrie demande encore de l’eau.

    Je ne veux rien savoir des martyres que donne l’herbe,

    Ni de la lune avec sa bouche de serpent

    Qui travaille avant que l’aube naisse.

     

    Je veux dormir un instant,

    Un instant, une minute, un siècle ;

    Mais que tous sachent bien que je ne suis pas mort ;

    Qu’il y a sur mes lèvres une étable d’or ;

    Que je suis le petit ami du vent d’ouest ;

    Que je suis l’ombre immense de mes larmes.


    Couvre-moi d’un voile dans l’aurore,

    Car elle me lancera des poignées de fourmis,

    Et mouille d’une eau dure mes souliers

    Afin que glisse la pince de son scorpion.


    Car je veux dormir du sommeil des pommes

    Pour apprendre un sanglot qui de la terre me nettoie ;

    Car je veux vivre avec cet enfant obscur

    Qui voulait s’arracher le cœur en pleine mer.


    Federico Garcia Lorca


    Gacela de la muerte oscura


    Quiero dormir el sueño de las manzanas,
    Alejarme del tumulto de los cementerios.
    Quiero dormir el sueño de aquel niño
    que quería cortarse el corazón en alta mar.

    No quiero que me repitan que los muertos
    no pierden la sangre;
    Que la boca podrida sigue pidiendo agua,
    No quiero enterarme de los martirios que da la hierba,
    Ni de la luna con boca de serpiente
    que trabaja antes del amanecer.

    Quiero dormir un rato,
    Un rato, un minuto, un siglo;
    Pero que todos sepan que no he muerto;
    Que haya un establo de oro en mis labios;
    Que soy un pequeño amigo del viento Oeste;
    Que soy la sombra inmensa de mis lágrimas.

    Cúbreme por la aurora con un velo,
    porque me arrojará puñados de hormigas,
    y moja con agua dura mis zapatos
    para que resbale la pinza de su alacrán.

    Porque quiero dormir el sueño de las manzanas
    para aprender un llanto que me limpie de tierra;
    porque quiero vivir con aquel niño oscuro
    que quería cortarse el corazón en alta mar.


     

     


 
Etape suivante 

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