Vendredi 26 Août 2011 :  Montégut Plantaurel > Mas d'Azil  -  20 km

 

   Lien avec l'étape sur le site VPPYR



Larme

Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Je buvais, accroupi dans quelque bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Par un brouillard d’après-midi tiède et vert.

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert.
Que tirais-je à la gourde de colocase ?
Quelque liqueur d’or, fade et qui fait suer.

Tel, j’eusse été mauvaise enseigne d’auberge.
Puis l’orage changea le ciel, jusqu’au soir.
Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches,
Des colonnades sous la nuit bleue, des gares.

L’eau des bois se perdait sur des sables vierges,
Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mares…
Or ! tel qu’un pêcheur d’or ou de coquillages,
Dire que je n’ai pas eu souci de boire !

Mai 1872 - Arthur Rimbaud, Derniers vers
 



Après avoir quitté le château de la Hille, je prends une petite route qui me conduit
à La Hillette et je retrouve un peu plus loin le GR78.


Le pèlerin est toujours une curiosité pour les vaches qui me regardent avec
étonnement et une certaine bonhomie.


Cette fleur semble être un délice pour les insectes...


J'avais le choix entre deux itinéraires : Soit par Gabre, soit par le lac de Filhiet.
C'est l'option que j'ai choisie et qui me fait rester sur le GR78. On suit une petite route

qui grimpe au milieu des bois, puis arrivé au point haut, on prend un sentier qui
descend assez raide au cœur d'une forêt sombre et sauvage pendant une bonne distance.
(Itinéraire à éviter si le temps est pluvieux ou s'il a plu les jours précédents,
car les chemins sont assez boueux...)



Au passage je peux admirer ce beau chêne !
 


Théophile Gautier

Peu avant sa mort, on lui dit : Mon cher Maître, vous êtes solide comme un chêne.
Il répondit : Pour le tronc, ça va ; c'est le gland qui m'inquiète !




Le premier arbre

C'était lors de mon premier arbre,
J'avais beau le sentir en moi
Il me surprit par tant de branches,
Il était arbre mille fois.
Moi qui suis tout ce que je forme
Je ne me savais pas feuillu,
Voilà que je donnais de l'ombre
Et j'avais des oiseaux dessus.
Je cachais ma sève divine
Dans ce fût qui montant au ciel
Mais j'étais pris par la racine
Comme à un piège naturel.
C'était lors de mon premier arbre,
L'homme s'assit sous le feuillage
Si tendre d'être si nouveau.
Etait-ce un chêne ou bien un orme
C'est loin et je ne sais pas trop
Mais je sais bien qu'il plut à l'homme
Qui s'endormit les yeux en joie
Pour y rêver d'un petit bois.
Alors au sortir de son somme
D'un coup je fis une forêt
De grands arbres nés centenaires
Et trois cents cerfs la parcouraient
Avec leurs biches déjà mères.
Ils croyaient depuis très longtemps
L'habiter et la reconnaître
Les six-cors et leurs bramements
Non loin de faons encore à naître.
Ils avaient, à peine jaillis,
Plus qu'il ne fallait d'espérance
Ils étaient lourds de souvenirs
Qui dans les miens prenaient naissance.
D'un coup je fis chênes, sapins,
Beaucoup d'écureuils pour les cimes,
L'enfant qui cherche son chemin
Et le bûcheron qui l'indique,
Je cachai de mon mieux le ciel
Pour ses distances malaisées
Mais je le redonnai pour tel
Dans les oiseaux et la rosée.


Jules Supervielle




Enfin l'arrivée en vue du lac de Filhiet.
La pluie commence à tomber, je mets le couvre-sac ainsi que ma cape.


 
Le lac est tout proche...


J'aurais aimé prendre un temps de repos au bord de l'eau, mais la pluie continue et j'ai hâte d'arriver au terme de l'étape.
Il reste 3 kilomètres avant d'arriver à Mas d'Azil.
Je m'arrête à l'Office du tourisme, puis au restaurant Gardel où je mange une assiette arriégeoise.  
Il pleut toujours..C'est la dernière pluie que j'aurais jusqu'à Pampelune !
Je vais ensuite sonner chez le Pasteur Bordes qui me conduit à l'accueil pèlerin très bien agencé
qui a été financé et réalisé par les paroissiens de l'Eglise Réformée.

Le Mas d'Azil


Le Temple et la demeure du Pasteur Bordes.


Halte Saint-Jacques - Eglise Réformée Evangélique
14, Rue du Temple  - Le Mas d'Azil
 ( Pasteur Bordes  -  Tél. 05 61 69 90 46)
Gîte bien équipé et fonctionnel - 8 à 9 places
4 Coquilles

 


Hymne à la beauté

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore ;
Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.

Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?

De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?

 Charles Baudelaire
 

 

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