Samedi 10 Septembre 2011 :  Saint-Just Ibarre > Saint-Jean-Pied-de-Port  -  22 km


   Lien avec l'étape sur le site VPPYR



    Lettre de Arthur Rimbaud à sa soeur Isabelle                                       Marseille, le 15 juillet 1891.
     
    Ma chère Isabelle

    Je reçois ta lettre du 13 et trouve occasion d'y répondre de suite. Je vais voir quelles démarches je puis faire 
    avec cette note de l'intendance et le certificat de l'hôpital. Certes, il me plairait d'avoir cette question réglée, 
    mais, hélas ! je ne trouve pas moyen de le faire, moi qui suis à peine capable de mettre mon soulier 
    à mon unique jambe. Enfin, je me débrouillerai comme je pourrai. Au moins, avec ces deux documents,
    je ne risque plus d'aller en prison ; car l'administration militaire est capable d'emprisonner un estropié,
    ne fût-ce que dans un hôpital. Quant à la déclaration de rentrée en France, à qui et où la faire ? 
    Il n'y a personne autour de moi pour me renseigner; et le jour est loin où je pourrai aller dans des bureaux,
    avec mes jambes de bois, pour aller m'informer.

     Je passe la nuit et le jour à réfléchir à des moyens de circulation : c'est un vrai supplice ! Je voudrais faire ceci
    et cela, aller ici et là, voir, vivre, partir : impossible, impossible au moins pour longtemps, sinon pour toujours ! 
    Je ne vois à côté de moi que ces maudites béquilles : sans ces bâtons, je ne puis faire un pas, je ne puis exister. 
    Sans la plus atroce gymnastique, je ne puis même m'habiller. Je suis arrivé à courir presque avec mes béquilles, 
    mais je ne puis monter ou descendre des escaliers, et, si le terrain est accidenté, le ressaut d'une épaule à l'autre 
    me fatigue beaucoup. J'ai une douleur névralgique très forte dans le bras et l'épaule droite, et avec cela 
    la béquille qui scie l'aisselle, - une névralgie encore dans la jambe gauche, et avec tout cela il faut faire 
    l'acrobate tout le jour pour avoir l'air d'exister.

     Voici ce que j'ai considéré, en dernier lieu, comme cause de ma maladie. Le climat du Harar est froid de novembre 
    à mars. Moi, par habitude, je ne me vêtais presque pas: un simple pantalon de toile et une chemise de coton. 
    Avec cela des courses à pied de 15 à 40 kilomètres par jour, des cavalcades insensées à travers les abruptes
    montagnes du pays. Je crois qu'il a dû se développer dans le genou une douleur arthritique causée par la fatigue, 
    et les chaud et froid. En effet, cela a débuté par un coup de marteau (pour ainsi dire) sous la rotule, léger coup 
    qui me frappait à chaque minute ; grande sécheresse de l'articulation et rétraction du nerf de la cuisse. 
    Vint ensuite le gonflement des veines tout autour du genou qui faisait croire à des varices. Je marchais 
    et travaillais toujours beaucoup, plus que jamais, croyant à un simple coup d'air. Puis la douleur dans 
    l'intérieur du genou a augmenté. C'était, à chaque pas, comme un clou enfoncé de côté. - Je marchais toujours,
    quoique avec plus de peine; je montais surtout à cheval et descendais chaque fois presque estropié. 
    - Puis le dessus du genou a gonflé, la rotule s'est empâtée, le jarret aussi s'est trouvé pris, la circulation devenait
    pénible, et la douleur secouait les nerfs jusqu'à la cheville et jusqu'aux reins. -Je ne marchais plus qu'en boitant
    fortement et me trouvais toujours plus mal, mais j'avais toujours beaucoup à travailler, forcément.
    - J'ai commencé alors à tenir ma jambe bandée du haut en bas, à frictionner, baigner, etc., sans résultat. 
    Cependant, l'appétit se perdait. Une insomnie opiniâtre commençait. Je faiblissais et maigrissais beaucoup. 
    - Vers le 15 mars, je me décidai à me coucher, au moins à garder la position horizontale. Je disposai un lit entre 
    ma caisse, mes écritures et une fenêtre d'où je pouvais surveiller mes balances au fond de la cour, et je payai du
    monde de plus pour faire marcher le travail, restant moi-même étendu, au moins de la jambe malade. 
    Mais, jour par jour, le gonflement du genou le faisait ressembler à une boule, j'observai que la face interne 
    de la tête du tibia était beaucoup plus grosse qu'à l'autre jambe: la rotule devenait immobile, noyée dans 
    l'excrétion qui produisait le gonflement du genou, et que je vis avec terreur devenir en quelques jours dure 
    comme de l'os : à ce moment, toute la jambe devint raide, complètement raide, en huit jours, je ne pouvais plus 
    aller aux lieux qu'en me traînant. Cependant la jambe et le haut de la cuisse maigrissaient toujours, le genou 
    et le jarret gonflant, se pétrifiant, ou plutôt s'ossifant, et l'affaiblissement physique et moral empirant.

     Fin mars, je résolus de partir. En quelques jours, je liquidai tout à perte. Et, comme la raideur et la douleur
    m'interdisaient l'usage du mulet ou même du chameau, je me fis faire une civière couverte d'un rideau, 
    que seize hommes transportèrent à Zeilah en une quinzaine de jours. Le second jour du voyage, m'étant avancé 
    loin de la caravane, je fus surpris dans un endroit désert par une pluie sous laquelle je restai étendu seize heures
    sous l'eau, sans abri et sans possibilité de me mouvoir. Cela me fit beaucoup de mal. En route, je ne pus jamais
    me lever de ma civière, on étendait la tente au-dessus de moi à l'en droit même où on me déposait et, creusant 
    un trou de mes mains près du bord de la civière, j'arrivais difficilement à me mettre un peu de côté pour aller 
    à la selle sur ce trou que je comblais de terre. Le matin, on enlevait la tente au-dessus de moi, et on m'enlevait.
    J'arrivai à Zeilah, éreinté, paralysé. Je ne m'y reposai que quatre heures, un vapeur partait pour Aden. Jeté sur
    le pont sur mon matelas (il a fallu me hisser à bord dans ma civière !) il me fallut souffrir trois jours de mer 
    sans manger. À Aden, nouvelle descente en civière. Je passai ensuite quelques jours chez M. Tian pour régler 
    nos affaires et partis à l'hôpital où le médecin anglais, après quinze jours, me conseilla de filer en Europe.

     Ma conviction est que cette douleur dans l'articulation, si elle avait été soignée dès les premiers jours, 
    se serait calmée facilement et n'aurait pas eu de suites. Mais j'étais dans l'ignorance de cela. C'est moi qui ai 
    tout gâté par mon entêtement à marcher et travailler excessivement. Pourquoi au collège n'apprend-on pas 
    de la médecine au moins le peu qu'il faudrait à chacun pour ne pas faire de pareilles bêtises  ?


     Si quelqu'un dans ce cas me consultait, je lui dirais : vous en êtes arrivé à ce point: mais ne vous laissez jamais
    amputer. Faites-vous charcuter, déchirer, mettre en pièces, mais ne souffrez pas qu'on vous ampute. 
    Si la mort vient, ce sera toujours mieux que la vie avec des membres de moins. Et cela, beaucoup l'ont fait ; 
    et, si c'était à recommencer, je le ferais. Plutôt souffrir un an comme un damné, que d'être amputé.


     Voilà le beau résultat : je suis assis, et de temps en temps, je me lève et sautille une centaine de pas sur mes
    béquilles et je me rassois. Mes mains ne peuvent rien tenir. Je ne puis, en marchant, détourner la tête de mon 
    seul pied et du bout des béquilles. La tête et les épaules s'inclinent en avant, et vous bombez comme un bossu. 
    Vous tremblez à voir les objets et les gens se mouvoir autour de vous, crainte qu'on ne vous renverse, 
    pour vous casser la seconde patte. On ricane à vous voir sautiller. Rassis, vous avez les mains énervées 
    et l'aisselle sciée, et la figure d'un idiot. Le désespoir vous reprend et vous restez assis comme un impotent 
    complet, pleurnichant et attendant la nuit, qui rapportera l'insomnie perpétuelle et la matinée
    encore plus triste que la veille, etc., etc. La suite au prochain numéro.


    Avec tous mes souhaits

    Rimbaud
     



C'est la dernière étape de ce Chemin. Il y a ensuite l'étape mythique des Pyrénées
pour rejoindre Roncevaux et le Camino Francés.


Le premier village rencontré :
Ibarolle.


Peu après, commence l'ascension du col de Gamia qui offre de beaux points de vue
sur la vallée et les monts environnants.





Le chemin est assez raide dans la première partie de l'ascension,
puis au milieu des pâturages la pente se fait plus douce ...


La vue s'étend au loin au delà des bancs de brume, c'est féérique !!


J'arrive au milieu d'un troupeau de moutons qui ne semble pas se préoccuper de ma présence...


Je vois une dernière balise sur un abreuvoir, puis plus rien...
J'hésite un peu avant de prendre sur la droite en suivant un petit sentier
à flanc de montagne qui petit à petit disparaît au milieu de la lande.
J'essaye différents itinéraires pour rejoindre en contrebas ce qui me semble être un chemin bordé d'arbres.
Je me fraie un passage au milieu des fougères et des ronces et j'atterris dans un nouveau pâturage
où les vaches me considèrent avec une certaine curiosité.
Finalement je tombe sur un petit chemin qui va me conduire à une ferme où je m'informe de l'endroit où je suis
et quelle direction suivre pour aller vers St Jean. Au lieu de rejoindre le Chemin du Puy à St-Jean-le-Vieux,
je vais le rejoindre à Gamarthe ce qui me rallonge de 4 à 5 km.
(J'ai compris après coup, qu'en haut du col, j'aurais du prendre sur la gauche !)
Enfin, pas de panique, je me retrouve sur le GR65 où je vais recontrer en une demi-journée
plus de pèlerins qu'en 3 semaines sur le GR78 !
 


    Ma Bohème (1870)

    Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;
    Mon paletot soudain devenait idéal;
    J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal;
    Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées !

    Mon unique culotte avait un large trou.
    Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
    Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
    Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

    Et je les écoutais, assis au bord des routes,
    Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
    De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;

    Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
    Comme des lyres, je tirais les élastiques
    De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

    Arthur Rimbaud

 






Sur le Chemin du Puy, une halte dans une ferme qui offre en donativo thé, café, biscuits...
 

Eglise de
Gamarthe





Le château d'Aphat de Bussunarits-Sarrasquette.

                                        
Eglise Saint-Pierre de
Saint-Jean-le-Vieux.             Le porche de
l'église Sainte Madeleine de Beigbeder (Betbeder) ou "de La Recluse".


L'arrivée à
Saint-Jean-Pied-de-Port
par la porte Saint-Jacques.



  


"La vie passe, rapide caravane ! Arrête ta monture et cherche à être heureux."

citation de
Omar Khayyâm
 




La rue principale qui traverse la ville.

                   
L'église Notre-Dame de Saint-Jean-Pied-de-Port.


Les bords le la Nive qui traverse la ville.





Le soir, on se fait nos adieux avec Marie-Madeleine et Cosette, les deux pèlerines suisses
avec lesquelles j'ai eu quelques bonnes soirées de partage et d'amitié.

Voilà, j'arrive à la fin de ce Chemin que je qualifierais d'exceptionnel
tant par la beauté et la diversité des paysages, que par la qualité de l'accueil.
Pour arriver à Pampelune, il me reste 3 étapes que j'avais déjà faites en 2005,
mais j'avais grande envie de refaire cette belle étape qui conduit à Roncesvalles.

 

Hébergement à l'accueil Saint-Jacques
Bon accueil par Marie l'Hospitalière
3 Coquilles



    Dans sa lettre du 15 mai 1871 à Paul Demeny, Rimbaud expose son programme poétique :

    "Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant. 
    Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens". 
    Ainsi, "il arrive à l'inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues".


    Le Bateau ivre, écrit la même année, apparaît comme la transposition allégorique de ce programme.

    Les cinq premières strophes racontent comment un bateau rompt ses amarres : 
    c'est le poète rompant avec les normes de la poésie, 
    les conventions de la morale, l'idéologie dominante de la société.

    Les strophes 6 à 17 évoquent les aventures maritimes étourdissantes de l'épave à la dérive : 
    c'est le poète arrivant "à l'inconnu". 

    Enfin, les strophes 18 à 25 disent l'épuisement du narrateur et sa nostalgie du vieux monde : 
    c'est le moment où, "affolé", le "voyant" doit se résigner à "crever" 
    ("dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables", comme dit la lettre), 
    abandonner ses visions avec la consolation de les avoir vues.

    "Le Bateau ivre, comme tant de poèmes de Rimbaud, 
    est la victoire de la lucidité sur un premier élan d'espoir"


    (Yves Bonnefoy, Rimbaud par lui-même).

 



    Le Bateau Ivre

    Comme je descendais des Fleuves impassibles,
    Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
    Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
    Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

    J'étais insoucieux de tous les équipages,
    Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
    Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
    Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.

    Dans les clapotements furieux des marées,
    Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
    Je courus ! Et les Péninsules démarrées
    N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

    La tempête a béni mes éveils maritimes.
    Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
    Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
    Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !

    Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
    L'eau verte pénétra ma coque de sapin
    Et des taches de vins bleus et des vomissures
    Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

    Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
    De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
    Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
    Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

    Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
    Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
    Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
    Fermentent les rousseurs amères de l'amour !

    Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
    Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
    L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
    Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !

    J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
    Illuminant de longs figements violets,
    Pareils à des acteurs de drames très antiques
    Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

    J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
    Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
    La circulation des sèves inouïes,
    Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

    J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
    Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
    Sans songer que les pieds lumineux des Maries
    Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

    J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
    Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
    D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
    Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !

    J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
    Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
    Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces,
    Et les lointains vers les gouffres cataractant !

    Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
    Échouages hideux au fond des golfes bruns
    Où les serpents géants dévorés des punaises
    Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

    J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
    Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
    - Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
    Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.

    Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
    La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
    Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
    Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...

    Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
    Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
    Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
    Des noyés descendaient dormir, à reculons !

    Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
    Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
    Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
    N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;

    Libre, fumant, monté de brumes violettes,
    Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
    Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
    Des lichens de soleil et des morves d'azur ;

    Qui courais, taché de lunules électriques,
    Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
    Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
    Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

    Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
    Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
    Fileur éternel des immobilités bleues,
    Je regrette l'Europe aux anciens parapets !

    J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
    Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
    - Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
    Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?

    Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
    Toute lune est atroce et tout soleil amer :
    L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
    Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !

    Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
    Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
    Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
    Un bateau frêle comme un papillon de mai.

    Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
    Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
    Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
    Ni nager sous les yeux horribles des pontons.


    Arthur Rimbaud
     

      

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