Mardi 28 Août 2012 : Thiviers > Sorges - 16,5 km

 


    Charles Péguy
    Jeanne d’Arc, à Domrémy (1897)


    « Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance,
    Qui demeures aux prés, où tu coules tout bas.
    Meuse, adieu : j’ai déjà commencé ma partance
    En des pays nouveaux où tu ne coules pas.

    Voici que je m’en vais en des pays nouveaux :
    Je ferai la bataille et passerai les fleuves ;
    Je m’en vais m’essayer à de nouveaux travaux,
    Je m’en vais commencer là-bas des tâches neuves.

    Et pendant ce temps-là, Meuse ignorante et douce,
    Tu couleras toujours, passante accoutumée,
    Dans la vallée heureuse où l’herbe vive pousse,

    O Meuse inépuisable et que j’avais aimée.


    Tu couleras toujours dans l’heureuse vallée ;
    Où tu coulais hier, tu couleras demain.
    Tu ne sauras jamais la bergère en allée,
    Qui s’amusait, enfant, à creuser de sa main
    Des canaux dans la terre, - à jamais écroulés.

    La bergère s’en va, délaissant les moutons,
    Et la fileuse va, délaissant les fuseaux.
    Voici que je m’en vais loin de tes bonnes eaux,
    Voici que je m’en vais bien loin de nos maisons.

    Meuse qui ne sais rien de la souffrance humaine,
    O Meuse inaltérable et douce à toute enfance,
    O toi qui ne sais pas l’émoi de la partance,
    Toi qui passes toujours et qui ne pars jamais
    O toi qui ne sais rien de nos mensonges faux,

    O Meuse inaltérable, ô Meuse que j’aimais,

    Quand reviendrai-je ici filer encore la laine ?
    Quand verrai-je tes flots qui passent par chez nous ?
    Quand nous reverrons-nous ? et nous reverrons-nous ?

    Meuse que j’aime encore, ô ma Meuse que j’aime.

    O maison de mon père où j’ai filé la laine,
    Où, les longs soirs d’hiver, assise au coin du feu,
    J’écoutais les chansons de la vieille Lorraine,
    Le temps est arrivé que je vous dise adieu.

    Tous les soirs passagère en des maisons nouvelles,
    J’entendrai des chansons que je ne saurai pas ;
    Tous les soirs, au sortir des batailles nouvelles,
    J’irai dans des maisons que je ne saurai pas.
     
     
    Maison de pierre forte où bientôt ceux que j’aime,
    Ayant su ma partance, - et mon mensonge aussi, -
    Vont désespérément, éplorés de moi-même,
    Autour du foyer mort prier à deux genoux,
    Autour du foyer mort et trop vite élargi,

    Quand pourrai-je le soir filer encore la laine ?
    Assise au coin du feu pour les vieilles chansons ;
    Quand pourrai-je dormir après avoir prié ?
    Dans la maison fidèle et calme à la prière ;

    Quand nous reverrons-nous ? et nous reverrons-nous ?
    O maison de mon père, ô ma maison que j’aime. »


    (Ed. Gallimard, coll. La Pléiade,
    Œuvres poétiques complètes, pp. 80-82)




A la sortie de Thiviers, la Croix Saint-Jacques

 
Denis est très absorbé par la lecture du Guide de Monique Chassain


Les tournesols sont présent partout au bord des chemins...


On arrive au village de
Négrondes


Impassibles ces deux vaches "
Prim'Holstein" nous regardent passer...


C'est une journée de cheminement à travers champs...

     
On est arrivés à
Sorges et on va déjeuner à "L'auberge de la Truffe"


Denis déguste une Omelette à la Truffe Noire du Périgord
(Tuber melanosporum)


L'Eglise de Sorges


La façade de l'Eglise

     



Le Refuge Pèlerin Municipal Associatif de Sorges


Cette étape va nous conduire à Sorges qui s'affiche aujourd'hui comme la 
capitale de la truffe noire. On peut y visiter
"L'Ecomusée de la Truffe".

On part de Thiviers sous une petite pluie qui dure le temps de sortir de la ville.
Ensuite c'est une succession de petites routes et de chemins qui zigzaguent
entre les champs et à travers bois. Le seul village traversé est
Négrondes.
Avant d'aller au refuge une halte s'impose à
"L'auberge de la Truffe"
 



Je quitte le gîte avec Denis à 7h15, après un bon petit déjeuner servi par notre hôtesse
Hollandaise
dans une salle à manger d'époque avec accompagnement musical !
Il pleut et on doit mettre notre équipement,
mais heureusement la pluie s'arrête dès qu'on
est sorti de la ville. On traverse nombre de hameaux
en suivant des petites routes avec de
nombreux passages champêtres au milieu des bois et des prairies...
Assez rapidement, le soleil fait son apparition et la température est agréable. On s'arrête comme il se doit
au premier bar trouvé à Négrondes. On va visiter l'église
où se déroule une messe anglicane avec une assemblée
de fidèles anglais.
Comme on arrive à Sorges de bonne heure, vers 12h30, on est tenté de se faire plaisir
en allant déjeuner à l'Auberge de la Truffe où on pourra déguster ce fameux "diamant noir" inclus dans un menu gastronomique qui n'est pas dans les habitudes du pèlerin ! Mais, une fois n'est pas coutume et cela méritait bien
cet écart, le tout arrosé de vin de Bergerac. On va ensuite au Refuge où on est bien accueilli par un hospitalier
écossais. On visite l'église Saint-Germain-d'Auxerre où malgré les travaux en cours, on peut admirer
la coupole romane, les sculptures de style primitif et un mobilier contemporain. Je fais ensuite une visite
à L'Ecomusée de la Truffe, et on termine la soirée avec une dîner léger que l'on prend au refuge.
 


 

Refuge Pèlerin municipal associatif "Voie de Vézelay"
Square Roger François (Derrière l'église)
Refuge assez spacieux avec accueil par un hospitalier (7 lits)
Petit déjeuner préparé par l'hospitalier à 6h30
3 coquilles

 

    « La petite Espérance s'avance entre ses deux grandes sœurs
    et on ne prend pas seulement garde à elle.
    Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin
    raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route
    entre ses deux sœurs la petite espérance
    S'avance.
    Entre ses deux grandes sœurs.
    Celle qui est mariée.
    Et celle qui est mère.
    Et l'on n'a d'attention, le peuple chrétien n'a d'attention
    que pour les deux grandes sœurs.
    La première et la dernière.
    Qui vont au plus pressé.
    Au temps présent.
    A l'instant momentané qui passe.
    Le peuple chrétien ne voit que les deux grandes sœurs, n'a
    de regard que pour les deux grandes sœurs.
    Celle qui est à droite et celle qui est à gauche.
    Et il ne voit quasiment pas celle qui est au milieu.
    La petite, celle qui va encore à l'école.
    Et qui marche.
    Perdue dans les jupes de ses sœurs.
    Et il croit volontiers que ce sont les deux grands
    qui traînent la petite par la main.
    Au milieu.
    Entre les deux.
    pour lui faire faire ce chemin raboteux du salut.
    Les aveugles qui ne voient pas au contraire.
    Que c'est elle au milieu qui entraîne ses grandes sœurs.
    Et que sans elle elles ne seraient rien.
    Que deux femmes déjà âgées.
    Deux femmes d'un certain âge.
    Fripées par la vie.
    C'est elle, cette petite, qui entraîne tout. »
     

    (Ed. Gallimard, coll. La Pléiade,
    Œuvres poétiques complètes, pp. 176-177)

 

 

Etape suivante

Retour