Le Pèlerinage est une Marche vers un Lieu Sacré
Le
pélerinage est une marche vers un lieu sacré.
Le pèlerin ne va pas au
hasard, il marche vers ce qui fait
sens à ses yeux, vers une promesse.
Celui qui entreprend un
pèlerinage attend ou espère que son parcours qui recouvre un sens
singulier
-il est un acte de foi- lui ouvre les yeux sur un sens
supérieur au contact de ce lieu sacré,
et dévoile une réalité
transcendante.
Le pèlerin cherche du sens sous ses pas.
Mais le paradoxe est que cette démarche fait fond sur le non-sens du
monde
tel qu'il va dans sa réalité profane.
Le pèlerin part parce que,
dans sa vie ordinaire, il n'a ni le temps ni la
possibilité
de faire l'expérience de cette transcendance,
ou plutôt
parce que cette expérience prend place dans un cadre inadéquat.
La mise à
distance du monde profane, des soucis qui le
régissent, des exigences qui le régulent,
s'opère par la marche qui
éloigne d'un lieu physique pour conduire
vers un lieu métaphysique, en
contact avec la transcendance.
Le temps de la marche qui mène jusqu'au lieu sacré n'est donc pas
accessoire, il est indispensable.
Il s'agit de ressentir dans sa chair
et de vivre dans la durée cette préparation à la rencontre
du mystère. L'ouverture de son coeur et de son esprit passe par un
travail sur le corps qui s'accomplit,
pas après pas, sur le chemin qui
mène au lieu sacré.
La marche défait les noeuds qui nous
tiennent à ce monde matériel et intéressé,
elle spiritualise le
corps, c'est-à-dire permet à l'esprit de l'habiter à nouveau.
Le pèlerinage est, par conséquent, ouverture au sacré, mais aussi,
et peut-être,
d'abord, ouverture à une dimension de soi, par ailleurs
négligée.
Christophe Lamoure, Petite philosophie du marcheur, Edition Milan,