Mardi 6 Mai 2008  -  Galisteo  >  Oliva de Plasencia (26 km)



Plain-Chant

Je n'aime pas dormir quand ta figure habite,
La nuit, contre mon cou ;
Car je pense à la mort laquelle vient si vite,
Nous endormir beaucoup.

Je mourrai, tu vivras et c'est ce qui m'éveille!
Est-il une autre peur?
Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille
Ton haleine et ton coeur.

Quoi, ce timide oiseau replié par le songe
Déserterait son nid !
Son nid d'où notre corps à deux têtes s'allonge
Par quatre pieds fini.

Puisse durer toujours une si grande joie
Qui cesse le matin,
Et dont l'ange chargé de construire ma voie
Allège mon destin.

Léger, je suis léger sous cette tête lourde
Qui semble de mon bloc,
Et reste en mon abri, muette, aveugle, sourde,
Malgré le chant du coq.

Cette tête coupée, allée en d'autres mondes,
Où règne une autre loi,
Plongeant dans le sommeil des racines profondes,
Loin de moi, près de moi.

Ah ! je voudrais, gardant ton profil sur ma gorge,
Par ta bouche qui dort
Entendre de tes seins la délicate forge
Souffler jusqu'à ma mort.


Jean Cocteau


  •  


    Je m'émerveille chaque jour des beaux levers de soleil sur ces immensités qui appellent à la méditation...



    Eglise paroissiale de Carcaboso - Sanctuaire dédié à Saint Jacques



    La région de l'Estrémadure autrefois sèche a vu l'établissement de gros réservoirs ("embalse" en espagnol) et de lacs afin d'irriguer les terres et les rendre plus productives.


                         
    La Dehesa est un milieu remarquable, où un pâturage extensif permet l'épanouissement de prairies fleuries sous le couvert ( bocager !! )
    des chênes lièges et verts. De nombreux points d'eau sont présents ( cours d'eau , mare etc...).
    Voici un oiseau de la Dehesa, l'infatigable Bruant Proyer omniprésent, il atteint des densités dingues !

    (Texte et photo ci-dessous empruntés au blog "L'envol des oiseaux")






    Les plans d'eau attirent des espèces aquatiques et semi-aquatiques toute l'année.
    L'Extrémadure supporte une des plus grandes diversités d'espèces nicheuses ou hivernantes en Europe.
    On y retrouve des espèces dites méditerranéennes qui y résident ou y passent en migration
    comme le Rollier d'Europe et le Guêpier d'Europe.
    Les steppes demeurent un château-fort européen pour les outardes (bustards) et les gangas (sandgrouses),
    tandis que les "dehesas" accueillent quelques 60.000 grues en hiver, en plus d'un bon nombre de Milan royal.
    Pour ajouter la cerise sur le gâteau, des spécialités ibériques comme le Élanion blanc, le Martinet cafre
    et le rare Aigle ibérique, une espèce considérée "en danger",
    ont des populations en santé et sont plus faciles à observer ici.

    (Texte emprunté au site  "L'Estrémadure : Paradis des oiseaux")




    Ce chêne-liège dénudé tel une sentinelle au bord du Chemin...



    Le zoom m'a permis de ne pas trop m'approcher de ce taureau qui semble plutôt calme.
    Mais on ne sait jamais !... 


     


    Aujourd'hui encore l'étape a été super belle, j'ai traversé une Finca sur 12 km,
    avec de beaux pâturages très verts couverts de fleurs, avec plein de chênes verts et chênes-lièges,
    et de nombreux troupeaux de vaches qui vous regardent avec un grand intérêt.
    Ce matin au lever du jour, les oiseaux m'ont accompagné de leurs chants dans un merveilleux concert !
    Il y a aussi beaucoup de cigognes qui ont investi tous les clochers des églises
    et l'on peut même voir des mâts érigés spécialement pour elles afin qu'elles y fassent leur nid.
    On les voit voler dans la campagne à la recherche de nourriture, dans des vols magnifiques...

    J'accuse un peu de fatigue suite aux longues étapes des jours précédents,
    aussi pour me redonner quelque énergie je déclame des poèmes dont le "Plain-Chant" de Jean Cocteau
    que j'ai mis en version raccourcie en tête de cette page.

    Sept kms avant d'arriver à l'Arc de Caparra, je quitte le chemin et biburque vers l'est pour rejoindre
    Oliva de Plasencia où il y a une Auberge qui m'a été recommandée.
    Cela fait un petit détour mais qui en vaut la peine, car le lieu et l'accueil sont très agréables.
    J'y retrouve un couple de français de la région de Nantes que j'ai croisé plusieurs fois les jours précédents.
    Monica notre hôtesse nous sert un bon dîner que nous partageons
    avec un couple d'autrichiens
    et un couple de belges !

     



    Hébergement à l'albergue de Oliva de Plasencia.
    L'endroit est agréable, avec salon, cheminée et de petits dortoirs
    Le dîner est servi par Monica. J'ai payé pour la nuit, le dîner et le petit déjeuner 20 euros.

    4 Coquilles ++
     

     


    Le Rossignol

    Quand ta voix céleste prélude
    Aux silences des belles nuits,
    Barde ailé de ma solitude,
    Tu ne sais pas que je te suis !

    Tu ne sais pas que mon oreille,
    Suspendue à ta douce voix,
    De l'harmonieuse merveille
    S'enivre longtemps sous les bois !

    Tu ne sais pas que mon haleine
    Sur mes lèvres n'ose passer,
    Que mon pied muet foule à peine
    La feuille qu'il craint de froisser,

    Et qu'enfin un autre poète,
    Dont la lyre a moins de secrets,
    Dans son âme envie et répète
    Ton hymne nocturne aux forêts !

    Mais si l'astre des nuits se penche
    Aux bords des monts pour t'écouter,
    Tu te caches de branche en branche
    Au rayon qui vient y flotter ;

    Et si la source qui repousse
    L'humble caillou qui l'arrêtait
    Elève une voix sous la mousse,
    La tienne se trouble et se tait.

    Ah! ta voix touchante et sublime
    Est trop pure pour ce bas lieu :
    Cette musique qui t'anime
    Est un instinct qui monte à Dieu.

    Tes gazouillements, ton murmure,
    Sont un mélange harmonieux
    Des plus doux bruits de la nature,
    Des plus vagues soupirs des cieux.


    Alphonse de Lamartine



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    Le Renard et la Cigogne


    Compère le Renard se mit un jour en frais,
    et retint à dîner commère la Cigogne.
    Le régal fut petit, et sans beaucoup d'apprêts :
    Le galant, pour toute besogne,
    Avait un brouet clair ; (il vivait chichement).
    Ce brouet fut par lui servi sur une assiette :
    La Cigogne au long bec n'en put attraper miette ;
    Et le drôle eut lapé le tout en un moment.
    Pour se venger de cette tromperie,
    A quelque temps de là, la Cigogne le prie.
    "Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis
    Je ne fais point cérémonie. "
    A l'heure dite, il courut au logis
    De la Cigogne son hôtesse,
    Loua très fort la politesse,
    Trouva le dîner cuit à point.
    Bon appétit surtout, Renards n'en manquent point :
    Il se réjouissait à l'odeur de la viande
    Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande.
    On servit, pour l'embarrasser,
    En un vase à long col, et d'étroite embouchure.
    Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer,
    Mais le museau du sire était d'autre mesure.
    Il lui fallut à jeun retourner au logis,
    Honteux comme un Renard qu'une Poule aurait pris,
    Serrant la queue, et portant bas l'oreille.

    Trompeurs, c'est pour vous que j'écris,
    Attendez-vous à la pareille.


    Jean de la Fontaine


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