Mercredi 14 Mai 2008  -  El Cubo de la Tierra del Vino > Zamora (33 km)



Les Réparties de Nina.

Lui - Ta poitrine sur ma poitrine,
     Hein ? nous irions,
Ayant de l'air plein la narine,
     Aux frais rayons

Du bon matin bleu, qui vous baigne
     Du vin de jour ?...
Quand tout le bois frissonnant saigne
     Muet d'amour

De chaque branche, gouttes vertes,
     Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
     Frémir des chairs:

Tu plongerais dans la luzerne
     Ton blanc peignoir,
Rosant à l'air ce bleu qui cerne
     Ton grand oeil noir,

Amoureuse de la campagne,
     Semant partout,
Comme une mousse de champagne,
     Ton rire fou :

Riant à moi, brutal d'ivresse,
     Qui te prendrais
Comme cela, - la belle tresse,
     Oh ! - qui boirais

Ton goût de framboise et de fraise,
     O chair de fleur !
Riant au vent vif qui te baise
     Comme un voleur,

Au rose églantier qui t'embête
     Aimablement:
Riant surtout, ô folle tête,
     A ton amant !....

.....................................

Dix-sept ans !  Tu seras heureuse !
Oh ! les grands prés,
La grande campagne amoureuse !
-- Dis, viens plus près !...

- Ta poitrine sur ma poitrine,
     Mêlant nos voix,
Lents, nous gagnerions la ravine,
     Puis les grands bois !...

Puis, comme une petite morte,
     Le cœur pâmé,
Tu me dirais que je te porte,
     L'œil mi fermé..

Je te porterais, palpitante,
     Dans le sentier:
L'oiseau filerait son andante :
    
Au Noisetier...

Je te parlerais dans ta bouche:
     J'irais, pressant
Ton corps, comme une enfant qu'on couche,
     Ivre du sang

Qui coule, bleu, sous ta peau blanche
     Aux tons rosés:
Et te parlants la langue franche....
     Tiens !... - que tu sais...

Nos grands bois sentiraient la sève
     Et le soleil
Sablerait d'or fin leur grand rêve
     Vert et vermeil.

..................................

Le soir ?... Nous reprendrons la route
     Blanche qui court
Flânant, comme un troupeau qui broute,
     Tout à l'entour

Les bons vergers à l'herbe bleue
     Aux pommiers tors !
Comme on les sent toute une lieue
     Leurs parfums forts !

Nous regagnerons le village
     Au ciel mi-noir;
Et ça sentira le laitage
     Dans l'air du soir;

Ça sentira l'étable, pleine
     De fumiers chauds,
Pleine d'un lent rhythme d'haleine,
     Et de grands dos

Blanchissant sous quelque lumière;
     Et, tout là-bas,
Une vache fientera, fière,
     À chaque pas...

- Les lunettes de la grand'mère
     Et son nez long
Dans son missel; le pot de bière
     Cerclé de plomb,

Moussant entre les larges pipes
     Qui, crânement,
Fument : les effroyables lippes
     Qui, tout fumant,

Happent le jambon aux fourchettes
     Tant, tant et plus :
Le feu qui claire les couchettes
     Et les bahuts.

Les fesses luisantes et grasses
     D'un gros enfant
Qui fourre, à genoux, dans les tasses,
     Son museau blanc

Frôlé par un mufle qui gronde
     D'un ton gentil,
Et pourlèche la face ronde
     Du cher petit.....

.............................

Noire, rogue au bord de sa chaise,
Affreux profil,
Une vieille devant la braise
Qui fait du fil;

Que de choses verrons-nous, chère,
     Dans ces taudis,
Quand la flamme illumine, claire
     Les carreaux gris !...

- Puis, petite et toute nichée
     Dans les lilas
Noirs et frais : la vitre cachée,
     Qui rit là-bas....

Tu viendras, tu viendras, je t'aime !
     Ce sera beau.
Tu viendras, n'est-ce pas, et même...

Elle. - Et mon bureau ?

Arthur Rimbaud




  • Au lever du jour, les nuages menacent, mais la pluie sera pour plus tard !



    Ces belles collines ondulées m'enchantent et m'inspirent quelques poèmes que je déclame tout au long du Chemin...



                      
    Le pèlerin debout sur cette Via millénaire !


                      
    ...marchant au cœur de ces immensités...


                    
    L'arrivée sur Zamora située de l'autre côté du Rio Duero



    La Cathédrale de Zamora



    Le Puente de Piedra, ouvrage médiéval à quinze arches qui marque l'entrée dans la ville


                       
    La cathédrale de Zamora bâtie au 12ème siècle



    Encore une belle statue de Saint Jacques !



    Gabriel et José mes 2 compagnons catalans

     


    Aujourd'hui, au départ de l'étape, le temps paraît assez beau, avec seulement quelques nuages...
    Nous entrons dans la province de Zamora. La Chemin est assez agréable au milieu de champs immenses.
    Le temps se couvre et menace, mais bientôt le soleil reprend le dessus.
    Avec José, nous faisons une sorte de "yo-yo", il me dépasse, je le redépasse lorsqu'il s'arrête
    et à nouveau il me dépasse quand je fais à mon tour une pause...

    On aperçoit Zamora depuis un point haut distant de 11 km. Cela nous donne des ailes et j'arrive au centre
    de la ville vers 13h30. Je vais à "La Oficina de Turismo" où je recueille une carte et quelques renseignements
    utiles, comme le nom d'une Pension bon marché où je me rends de suite.
    Je passerai une partie de l'après-midi à me promener dans cette belle cité qui compte pas moins
    de 13 églises romanes, une cathédrale, des couvents et plusieurs musées...
    Le soir je retrouve sur la Plaza Mayor José et Gabriel. C'est notre dernier dîner ensemble.
    Gabriel s'arrête à cette étape et José continue le Chemin avec un jour d'avance sur moi,
    puisque j'ai prévu de passer une journée de plus à Zamora.
    Nous arrosons cette dernière soirée avec quelques petits verres...

     

     


    Hébergement à la Pension El Jardin où j'ai une chambre correcte pour 12 euros.
    Salle de bains commune. Bar-Restaurant en-dessous où l'on peut avoir un bon dîner.

    3 Coquilles +

     

     


    Vers dorés

    Homme ! libre penseur - te crois-tu seul pensant
    Dans ce monde où la vie éclate en toute chose :
    Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
    Mais de tous tes conseils l'univers est absent.

    Respecte dans la bête un esprit agissant : ...
    Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
    Un mystère d'amour dans le métal repose :
    "Tout est sensible ! " - Et tout sur ton être est puissant !

    Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie
    A la matière même un verbe est attaché ...
    Ne la fais pas servir à quelque usage impie !

    Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché ;
    Et comme un oeil naissant couvert par ses paupières,
    Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !


    "Les Chimères"  -  Gérard de Nerval





  • Chant d'Insomnie :

    "Amour hélant, l'Amoureuse viendra,
    Gloria de l'été, ô fruits !
    La flèche du soleil traversera ses lèvres,
    Le trèfle nu sur sa chair bouclera,
    Miniature semblable à l'iris, l'orchidée,
    Cadeau le plus ancien des prairies au plaisir
    Que la cascade instille, que la bouche délivre."

    "La Parole en Archipel - Lettera Amorosa"-  René Char

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