Dimanche 18 Mai 2008  -  Tabara > Santa Croya de Tera (22 km)



Microcosme

Quand cette étoile dont la lumière
tombe dans mon œil comme une goutte d'or,
quand cette étoile pour la première fois
perça les ténèbres du vide,
il n'y avait pas un seul hôtel sur la terre,
les étoiles étaient vieilles,
la terre n'était qu'un gosse.

Elles sont loin de nous, les étoiles,
mais loin, très très loin .
Parmi elles, notre terre n'est qu'un point,
un tout petit point
et l'Asie n'est qu'un cinquième de notre terre .
Dans l'Asie, les Indes ne sont qu'un pays .
Dans les Indes, Calcutta n'est qu'une ville .

Benedji n'est qu'un homme dans Calcutta .
Et voici ce que j'ai à vous dire, moi :
Aux Indes, dans la ville de Calcutta,
on a barré le chemin à un homme,
on a mis aux chaînes un homme qui marchait .
Voilà pourquoi
je ne daigne pas, moi,
lever la tête aux espaces illuminés.
Les étoiles sont loin, dites-vous,
et notre terre toute petite ?
Qu'elles le soient donc !
Je m'en moque !
Sachez que je trouve plus étonnant,
plus imposant,
plus mystérieux et plus grand
un homme qu'on empêche de marcher
un homme qu'on enchaîne !


Nazim Hikmet




  • Ermita à Bercianos de Valverde
     

                        


                       
                            L'arrivée au refuge Casa Anita                                     Le feu dans la cheminée est le bienvenu - Le linge pourra sécher !


                       
    Le dîner au refuge



     
    Une autre vue du refuge Casa Anita
     



    Le temps est gris et il y a une vraie menace de pluie. Cependant le parcours est agréable
    avec vallons et sous-bois qui changent des pistes rectilignes des jours précédents.
    On est loin des routes dans une nature assez sauvage.
    Après Bercianos de Valverde, la pluie se met à tomber en averses assez fortes et lorsque
    j'arrive à Santa Croya de Tera, je décide de m'arrêter et d'aller au refuge Casa Anita
    où il y a un bon accueil, un feu de cheminée et de quoi se restaurer.
    Le soir on est plusieurs pèlerins à partager le dîner servi par nos hôtes
    dans une bonne ambiance de Chemin.
     



    Hébergement au refuge Casa Anita Albergue (Privé)
    Il y a un bon accueil, un bon feu dans la cheminée et un bon dîner servi sur place.
    On peut également acheter de quoi se faire le petit déjeuner à l'heure que l'on veut.
    J'ai payé 25 euros pour le dîner; la nuit et le petit déjeuner.

    4 Coquilles
     



    Ophélie

    Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
    La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
    Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
    -- On entend dans les bois lointains des hallalis .

    Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
    Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir .
    Voici plus de mille ans que sa douce folie
    Murmure sa romance à la brise du soir .

    Le vent baise ses seins et déploie en corolle
    Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
    Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
    Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux .

    Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
    Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
    Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile ;
    -- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

    II

    O pâle Ophélia ! belle comme la neige !
    Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
    -- C'est que les vents tombant des grand monts de Norwège
    T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

    C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
    A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
    Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
    Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

    C'est que la voix des mers folles, immense râle,
    Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
    C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
    Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

    Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
    Tu te fondais à lui comme une neige au feu ;
    Tes grandes visions étranglaient ta parole
    -- Et l'Infini terrible effara ton œil bleu !

    III

    -- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
    Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
    Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
    La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys .



    15 Mai 1870  -  Arthur Rimbaud




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