Mardi 22 Avril 2008  -  Séville > Guillena - 23 km

"C'est pour contempler le monde, boire à sa coupe et m'en gorger que je le sillonne.
"Voyageur, je rafle ce que je peux", écrit Goethe.
Le voyage est un "rezzou" lancé sur le monde extérieur par le voyageur,
ce prédateur en chasse qui revient un jour chez lui, lourd de butins.
Un voyageur digne de ce nom ne peut s'intéresser à lui-même
et cherche hors de soi matière à l'émerveillement..."

Petit traité sur l'immensité du monde  -  Sylvain Tesson
(Editions des Equateurs)

Je me lève à 5h30 tout excité à l'idée de faire mes premiers pas sur ce nouveau Chemin.
La sortie de Séville est assez facile avec un passage le long du fleuve Guadalquivir.
J'arrive sur le site des Ruines d'Italica vers 10h. L'entrée est gratuite pour les pèlerins.
J'apprécie cette pause touristique pour admirer ces ruines romaines avec amphitéâtre, théâtre
et thermes, ainsi que de belles mosaïques qui ornaient les villas (Villa Neptune, villa des oiseaux...)
Après 16km, sur une longue ligne droite, je suis rejoint par José, un Catalan de 58 ans.
Nous sympathisons et marchons un moment ensemble jusqu'au gué franchissant le Rio de Molinos.
Avec les pluies des jours précédents, le niveau de l'eau est tel qu'il nous apparaît difficile de traverser.
José fait cependant une première tentative avec de l'eau jusqu'à la taille et renonce...

Nous cherchons s'il y a un autre passage en amont ou en aval et finalement nous repérons un tronc
d'arbre couché sur le rio. Nous enlevons chaussures et pantalon et nous aventurons en équilibre
sur ce tronc boueux et glissant en nous tenant quand même aux branches de part et d'autre
et finissons le passage avec de l'eau jusqu'aux genoux.
D'autres pèlerins derrière nous ont rebroussé chemin et ont fait le détour par la nationale !
Nous lavons nos pieds, les séchons et reprenons le Chemin heureux d'avoir pu passer sans encombres.
Il y a aura encore un autre rio à traverser un peu plus loin, mais cette fois avec de grosses pierres
qui assurent le passage. (Le bâton dans ces situations s'avère une aide appréciable !)

Arrivés à Guillena après avoir fait tamponner notre Credencial à la mairie,
nous allons au Refuge Municipal Polideportivo.
Là nous trouvons une salle jonchée de gravats avec 2-3 matelas au sol...
Nous décidons d'aller à l'Hostal Francés qui offre un confort sommaire mais relativement propre.
La journée se termine autour d'un bon dîner avec vino tinto à volonté en compagnie de José,
un couple de suisses et un allemand dans un de ces bons moments de fraternisation entre pèlerins.
 

Hébergement à l'Hostal Francés dans une petite chambre avec fenêtre sur couloir
et salle de bains commune, un peu cher pour un confort sommaire 
(20 Euros pour la nuit)

 2 Coquilles
 

A pied et le cœur léger, je pars sur la route ouverte,
Bien portant, libre, le monde devant moi,
La longue piste menant là où je désire.
Désormais je ne fais plus appel à la chance,
Je suis ma propre chance,
Désormais je ne pleurniche plus, je ne diffère plus,
Je n'ai besoin de rien,
J'en ai fini avec l'enfermement maladif, les critiques,
Vigoureux et content, je marche sur la route ouverte.
La terre, cela me suffit,
Je ne demande pas que les constellations soient plus proches.
Je sais qu'elles sont très bien là où elles sont.
Je sais qu'elles suffisent à ceux qui les habitent...
 ...Allons ! Voyageur inconnu, viens avec moi !
Plus jamais tu ne te lasseras de ton voyage.

Walt Whitman
 

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