Jeudi 24 Avril 2008  -  Castilblanco de los Arroyos > Almadén de la Plata - 30 km



"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot aussi devenait idéal;
J'allais sous le ciel, Muse! et j'étais ton féal;
Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!

Mon unique culotte avait un large trou.
-- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
-- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!"


"Ma Bohème "  -  Arthur Rimbaud
 



  •                   
    L'enchantement des paysages dans les premières heures de la matinée...


                      
    L'entrée de la finca Tinajar                                                                      Les prairies immenses et multicolores


                      
                                                                                                                       Une pause bien appréciée....


                      
              La solitude du pèlerin, c'est de la joie plein le cœur !                          Le troupeau de vaches au milieu des chênes-liège et des cistes


                      
         L'arrivée sur Almaden de la Plata                                                         La tour del Reloj qui coiffe l'ancienne mairie




     


      J'attends l'ouverture du bar à 6h45 pour prendre un bon petit déjeuner et ensuite je vais marcher
      pendant 16 km sur une petite route goudronnée assez peu passante avant d'entrer dans le Parc
      Forestier "El Berrocal". Tout au long de cette petite route, les paysages de part et d'autre sont
      magnifiques avec des prairies à perte de vue, couvertes de fleurs, des bois de chênes-liège,
      des rosiers sauvages, des massifs de cistes de un à deux mètres de hauteur avec de belles fleurs
      blanches à cinq ou six pétales, un pistil jaune et cinq tâches de violet.

      Ces grandes étendues de champs multicolores sont un ravissement pour les yeux...
      Une fois entré dans le Parc Forestier, j'apprécie cet environnement loin de toute circulation...
      Je m'arrête vers 11 h pour faire une bonne pause au pied d'un chêne-liège et me restaurer un peu.
      Arrive José qui se joint à moi et ensuite nous reprenons le Chemin ensemble à travers ces collines 
      couvertes de milliers de cistes. On traverse encore de petits rios sans trop de difficultés...
      La chaleur et la fatigue commencent à se faire sentir et je trouve mon sac bien lourd,
      surtout dans les derniers kilomètres !

      Ce matin je n'avais pris que 2 litres d'eau, ce qui pour cette étape s'avère un peu juste.
      Dans les derniers kilomètres, il y a une montée assez raide avec un point haut à 550 mètres :
      Le Mirador Cerro del Calvario.

      Puis c'est la descente sur le village d'Almadén en cotoyant un élevage de cochons noirs
      qui sont allongés à l'ombre des chênes-liège. Nous montons à l'albergue située en haut du village.
      Nous partagerons le dîner avec José, Helmut un  allemand et le couple de suisses.
      Au menu : Solomillo de Cerdo Iberico et Vin de la Rioja !


     


    Hébergement au Refuge Pèlerins situé tout en haut du village.
    Il y a une quarantaine de lits et le confort minimum souhaité.

    5 euros la nuit
     
    3 Coquilles

     

     


      ...Sur la route uniforme, lorsque  ni le souvenir, ni la contemplation ne se portent au secours
      de l'errant, celui-ci a toujours la ressource de se replier dans ses rêves.
      Combien de vagabonds, égarés dans les landes, ont-ils avancé en traînant
      autour d'eux des lambeaux de visions, rêvant comme ils respirent.
      L'uniformité des lieux désolés incite à s'envoler vers les "Incroyables Florides" de l'imagination.
      L'état de légère inanition dans lequel on se trouve à la fin
      d'une étape forcée colore les rêves de teintes fantastiques.
      On échafaude des voyages futurs.
      Combien de mes expéditions sont-elles nées chemin faisant ?
      Vivre, c'est faire de son rêve un souvenir.
      Il manque une chose à cette rapide recension des antidotes à l'ennui !
      Sur la piste, pour combattre le vide, il y a la poésie !  
      Le vagabond peut réciter des vers inépuisablement.
      La poésie remplit les heures creuses. Elle entretient l'esprit et gonfle l'âme.
      Elle est un rytme mis en musique.
      Les vers scandent la marche et peuvent être accordés à l'atmosphère :
      je dis plutôt Péguy dans la plaine arasée,
      Hugo dans le marais,
      Apollinaire en altitude,
      Shakespeare dans la tempête,
      Norge quand je suis saoul.
      Et le soir, à la halte, j'arrache de mon cahier de poésie la page qui m'a nourri
      tout le jour et construis avec elle un petit feu auquel je récite le poème appris.
      Manière charmante de clore la journée.


      Extrait du "Petit traité sur l'immensité du monde" - Sylvain Tesson
      (Edition des Equateurs)
       



     Mi amigo José, un pèlerin heureux !

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