Samedi 26 Avril 2008  -  Monesterio > Fuente de Cantos - 22 km



La marche comme poésie

De la marche à la création poétique, il n'y a qu'un pas. L'on se demande si la poésie ne pourrait pas renaître
à partir d'une marche quotidienne telle que
Bashô ou d'autres poètes d'Extrême-Orient la pratiquaient...
Ce n'est pas sans raison que "Rimbaud a écrit sur les routes ardennaises, et dans l'élan de l'espoir,
ses poèmes les plus limpides, les plus heureusement libres, les plus librement enfantins..."


Marcher, une philosophie du dehors - Michel Jourdan
1ère partie de l'ouvrage ; Marcher, Méditer aux éditions Albin Michel
 



  •                       
    Un beau spécimen de taureau plutôt amical....                                                    Un groupe de jeunes qui ont dormi à la belle étoile


                         

    "Marcher pour vivre, c'est vivre lentement. (Celui qui va lentement arrivera rapidement (Milarepa))
    C'est une vie à la mesure du corps de l'homme, de son rythme respiratoire.
    Marcher pour vivre, c'est respirer moins vite,
    être plus contemplatif, plus réceptif dans toutes nos activités"...


    Marcher, une philosophie du dehors - Michel Jourdan


                         

    Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
    Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
    Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
    Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

    Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
    Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
    Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
    Par la Nature, -- heureux comme avec une femme.


    "Sensation"  -  Arthur Rimbaud


                         


                          


                        


      A la sortie de Monesterio, je trouve un bar ouvert à 6h30 pour prendre un petit déjeuner,
      puis je pars seul au lever du jour pour une étape qui là encore va me donner plein de bonheur.
      Ma compagne m'appelle, je partage avec elle ces moments d'extase devant la beauté de la nature :
      Vastes pâturages où ruminent vaches et taureaux à l'ombre des chênes-liège, puis grandes étendues
      de champs de céréales et de prairies qui semblent n'avoir pas de limites...

      J'arrive à Fuente de Cantos vers 12h30.
      L'auberge est installée dans le couvent franciscain San Diego, restauré récemment..
      On peut visiter la maison natale du peintre Zurbaran, né en 1598, qui a été transformée en Centre d'Interprétation.
      A défaut d'aller la visiter, je visionnerai une vidéo sur la vie et l'oeuvre de ce grand peintre !
      Le soir nous allons dîner avec José et deux autres pèlerins (1 Catalan et 1 espagnol de Madrid)
      dans un restaurant assez éloigné de l'auberge, faute d'en avoir trouvé un plus près.

      Ce village s'avère être une petite ville assez étendue....
       

     


    Hébergement à "l'Albergue Turistico de la Via de la Plata"
    "Convento de los Frailes de Zurbaran" (Cadre historique restauré)
    Petits dortoirs de 4 lits - Grande auberge avec salle de repos, terrasse et jardin
    10 euros la nuit

    3 Coquilles
     

     


      Belle, 
      pareil à l’eau
      qui sur la pierre fraîche de la source
      ouvre son grand éclair d’écume,
      est ton sourire,
      belle.

      Belle,
      Aux fines mains, aux pieds déliés
      comme un petit cheval d’argent,
      fleur du monde, marchant
      je te vois moi,
      belle.

      Belle,
      avec un nid de cuivre enchevêtré
      dans la tête, un nid
      d’une brune couleur de miel
      où mon cœur brûle et se repose,
      belle.

      Belle
      aux yeux trop grands pour ton visage,
      aux yeux trop grands pour la planète,
      Il y a des pays, des fleuves
      dans tes yeux,
      ma patrie se tient dans tes yeux,
      je vagabonde à travers eux,
      ils donnent sa clarté au monde
      partout où s’avancent mes pas,
      belle.

      Belle,
      tes seins sont pareils à deux pains
      - terre froment et lune d’or -
      belle.

      Belle,
      ta taille
      mon bras l’a faite comme un fleuve
      mille années parcourant la douceur de ta chair,
      belle.

      Belle,
      rien n’a le charme de tes hanches,
      la terre en quelque lieu caché
      a peut-être, elle,
      la courbe de ton corps et son parfum,
      en quelque lieu peut-être,
      belle.

      Belle, ma belle,
      ta voix, ta peau, tes ongles,
      belle, ma belle,
      ton être, ta clarté, ton ombre,
      belle, tout cela est mien, belle,
      tout cela, mienne, m’appartient,
      lorsque tu marches ou te reposes,
      lorsque tu chantes ou que tu dors,
      lorsque tu souffres ou que tu rêves,
      toujours,
      lorsque tu es proche ou lointaine,
      toujours,
      ma belle, tu es mienne,
      toujours.


      Les Vers du Capitaine  -  Pablo Neruda
       



     

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