Dimanche 27 Avril 2008  -  Fuente de Cantos > Zafra - 26 km


 

 
L'oiseau du matin chante.
Comment sait-il que l'aurore va poindre,
alors que le dragon de la nuit enlace encore le ciel de ses replis glacés et noirs ?
Dis-moi, oiseau du matin comment, au travers de la double nuit du ciel et des arbres,
il trouva son chemin jusque dans tes rêves, le messager qui surgit de l'Orient ?
Le monde ne pouvait te croire lorsque tu t'es écrié : "Il vient, le soleil, et la nuit n'est plus."
Ô dormeur, éveille-toi ! Découvre ton front,
dans l'attente du premier rayon béni de lumière,
et chante avec l'oiseau du matin en joyeuse ferveur.


Rabindranath Tagore    Poète Indien 1861-1941
"L'Offrande lyrique"  (Collection Poésie/Gallimard)
 



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    Marcher par simple amour du vent et de la terre - Henri Bosco
    (Un rameau de nuit - Editions Gallimard)

    Au fond, voilà pourquoi j'ai voyagé à pied par simple amour du vent et de la terre.
     Pour être seul aussi c'est si bon d'être seul! tout seul, sur un plateau, dans une gorge,
    au bord d'une rivière; et par horreur du véhicule (de presque tous les véhicules);
    enfin pour aller justement où personne ne va jamais et qui est quelquefois lieu caché de merveilles.
    Les plus humbles me sont les plus chères.

     
    J'y tiens (et cela depuis mon enfance) par un goût que j'ai, inné, obsédant,
    de la vie secrète des hommes et des choses.
    Vie modeste, le plus souvent, monotone et, semble-t-il, vide un village
    perdu derrière une colline, deux cents âmes, cinquante lampes, les travaux saisonniers,
    les naissances, les morts, et rien de plus.

    Pourtant quelque chose de plus, peut-être, et qui naît de ce rien, l'attente.
    Attente vague, soit, et inutile. Attente tout de même, nostalgie qui flotte partout,
    qui imprègne les murs, qui rôde dans les rues, qui soutient le silence,
    alourdit les sommeils, noue et dénoue un rêve et, au besoin, une pensée,
    ouvre la route (cette route toujours déserte) à un désir, crée, peut-être, le voyageur
    et, peut-être, l'attire sourdement.

    Je n'en puis douter, moi, qui de cet attrait, maintes fois, ai subi l'attraction discrète
    à l'approche d'un de ces lieux où je n'avais pas le dessein de faire étape et que,
    bien souvent, un coteau dérobait encore à ma vue.
    Mais cette puissance d'appel était si prenante et si douce que je me détournais
    du chemin prévu, chaque fois, pour aller voir; et, chaque fois, mon cœur battait.



                      


                      
                       La Plaza Grande au cœur de Zafra                                         Au détour d'une ruelle, la collégiale de la Candelaria


                      
       L'alcazar reconverti en Parador                                              Au détour d'une autre ruelle....


                       
    Une statue de Saint-Roch                                               le Maître-autel    
    Collégiale de la Candelaria



    Les trois archanges : Michel, Gabriel et Raphaël


                      
    J'ai retrouvé mes compagnons José, Raphaël et Gabriel.


      Nous quittons l'auberge avec Raphaël, un pèlerin espagnol de Madrid alors qu'il fait encore nuit.
      Marcher ainsi dans ces premières lueurs de l'aube me procure une joie profonde.
      C'est dans ces moments que je communie le plus intensément avec la Nature.
      Le Chemin passe au milieu de grandes étendues cultivées, céréales, vignes et oliviers.
      Le paysage est vaste et le soleil levant l'éclaire de belles couleurs.
      Je laisse Raphaël partir devant afin de continuer à mon rythme.
      Arrivé à Calzadilla de los Barros, j'espère trouver un bar ouvert afin de prendre un petit-déjeuner,
      malheureusement, tous les bars sont fermés!...

      Le chemin de terre est assez large et il y a encore quelques rios à traverser.
      On côtoie pendant 1 km la nationale, puis à nouveau le Chemin s'allonge à travers champs
      sous un beau soleil qui commence à chauffer !
      J'apprends en espagnol le poème de Pablo Neruda "Bella" (En Français dans la page précédente).

      J'arrive à Zafra vers midi où je retrouve Raphaël à l'hôtel Las Palmeras.
      L'après-midi je vais dans un cyber-café pour envoyer des mails et lire ceux que j'ai reçus.
      Je visite ensuite la ville connue comme la "Petite Séville".
      Elle est dominée par l'Alcazar du 15ème siècle autour duquel s'étend la vieille ville médiévale.
      Au centre de la ville, se trouve la Grande Place entourée d'arcades, où je retrouve quelques pèlerins
      aux terrasses des cafés. Je visite l'église collégiale de la Candelaria où l'on peut admirer entre autres
      un très beau rétable de Zurbaran, puis je passe un petit moment au musée Santa Clara installé dans
      l'ancien couvent du même nom.
      Je dîne avec le couple de pèlerins suisses qui sont descendus au parador, puis je retrouve mes
      compagnons espagnols avec lesquels la soirée s'achève autour d'un bon verre de
      "Pacharan".


     


    L'Albergue Alba Plata étant fermée, nous sommes allés à
    l'Hôtel "Las Palmeras" ou nous prenons une chambre à 2 lits pour 18 euros chacun.
    C'est très correct et en rapport avec le prix.

    3 Coquilles

     

     


      Le Bonheur d'être en route

      Quelle que soit la direction prise, marcher conduit à l'essentiel. Epouser l'existence du wanderer
      (même par intermittence) invite à consacrer toutes ses forces à assouvir des besoins élémentaires.
      Se nourrir, s'abreuver, s'orienter, se garder du chaud, se garder du froid, trouver un gîte,
      se  prémunir des fauves sont des préoccupations oubliées par les foules civilisées occupées à goûter
      la paix du soir dans la douce atmosphère du petit cap européen.
      Seule la pratique de la piste rappelle l'importance de ces questions.
      Pour le wanderer  
      solitaire, elles deviennent même une obsession, teintée d'excitation.

      Il y a une jouissance à obéir aux contraintes imposées par le voyage et le vagabond est heureux de
      se soumettre à la discipline de son vagabondage. Sans hésitation, il accepte les injonctions du corps :
      l'obligation de gagner la halte avant la nuit, ou la nécessité de trouver la meilleure pâture pour
      sa bête, ou encore l'impératif de ne pas s'arrêter avant le soixantième kilomètre abattu...
      Il aime concentrer toute sa force d'action à satisfaire un seul objectif...


      (Extrait de "Petit traité sur l'immensité du monde" - Sylvain Tesson
       
      (Editions des Equateurs)
       



    Où les routes sont tracées, je perds mon chemin.
    Sur la vaste mer, dans le bleu du ciel, il n'y a point de lignes marquées.
    Le sentier est caché par les ailes des oiseaux, le feu des étoiles, par les fleurs des saisons différentes.
    Et je demande à mon coeur : ton sang ne porte-t-il point la connaissance de l'invisible chemin ?


    Rabindranath Tagore

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