Je quitte l'albergue à 6h en compagnie des deux allemands, d'un couple d'espagnols et d'un couple de brésiliens. Le temps est toujours à la pluie, chacun est pressé d'arriver comme si maintenant seul le but avait de l'importance. Les kilomètres défilent rapidement et à 9h on est en vue des faubourgs de Saint-Jacques... L'entrée dans la ville se fait en empruntant le Camino Real pavé de grosses dalles qui offre une belle vue sur la vieille ville et la Cathédrale. C'est à ce moment là que la pluie redouble, on se sépare, et je vais directement dans le Casco Viejo à 200 mètres de la Cathédrale à la Pension Ramos où j'ai l'habitude de descendre et où j'ai réservé une chambre.
Je peux ainsi me sécher, me changer, et laisser mon sac. Je passe à l'Office du Tourisme, au bureau des pèlerins pour recevoir ma Compostela et ensuite je me rends à la Cathédrale pour assister à la messe des pèlerins à la fin de laquelle il y aura le spectacle impressionnant du Botafumeiro s'envolant dans les hauteurs du Transept.
Je retrouve mon compagnon des premières semaines José le Catalan avec lequel je vais déjeuner en compagnie de trois autres espagnols. L'après-midi je suis content aussi de retrouver les deux pèlerins allemands avec lesquels j'ai sympathisé cette dernière semaine et nous allons boire un verre dans un des nombreux bars situés près de la Cathédrale. Je vais ensuite sur Internet envoyer de nombreux mails à mes amis et à ma compagne que je vais retrouver dans quelques jours....Je retourne à la Pension pour me reposer et je vais dîner avec José pour une dernière soirée ensemble et nous faire nos adieux !
Je prendrai le train pour Hendaye dans 3 jours. Entre temps je passerai une 2ème journée à Santiago et j'irai en bus à Muxia où je serai heureux de retrouver l'océan ! (J'avais prévu de refaire le Chemin jusqu'à Fisterra et ensuite Muxia, mais les conditions météo m'ont un peu découragé et je n'avais pas envie de marcher encore quatre jours sous la pluie !)
Voilà le bout de la route ! Le terme de ce Chemin de la Plata ! La fin de mon 4ème pèlerinage à Compostelle ! Ce que j'ai cherché au cours de ces quatre pèlerinages, est-ce que je l'ai trouvé ?... Je cherchais une réponse à ma quête du Divin, quête à la fois spirituelle et existentielle, mais Dieu a été le grand absent !
J'ai rencontré des hommes et des femmes qui partageaient une même recherche, une même quête du sens de la vie, une même quête de quelque chose qui soit au-delà de nous-mêmes et en même temps qui soit le fondement de notre existence sur cette terre. Nos rencontres humaines ont été belles et je les porte en moi comme un trésor.
J'ai marché pendant 38 jours avec mon cœur rempli de ce nouvel Amour rencontré quelques jours avant mon départ lors d'une sortie avec l'Association des Amis de Saint-Jacques. C'est pourquoi j'ai qualifié ce pèlerinage de Marche à l'Amour ! (J'ai emprunté ce qualificatif au titre du poème de Gaston Miron)
Alors ce soir en méditation devant cette Cathédrale que j'ai tant admirée
et chantée,
je me dis que j'ai trouvé la réponse à ma quête :
Cette quête d'un Absolu, d'une Transcendance, cette quête de Dieu et cette réponse c'est L'AMOUR
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Hébergement à la Pension Ramos - Calle Raina 18 (Tél. 981581859) C'est près de la Cathédrale et très correct. 22 Euros la nuit
4 Coquilles
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La statue de Saint-Jacques au-dessus du maître-autel. Les pèlerins peuvent aller baiser le manteau du saint en empruntant un escalier placé derrière l'autel.
L'amoureuse
Elle
est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.
Extrait de "Capitale de la douleur" - Paul Eluard
Absence
Je te laisse : aussitôt tu circules en moi, cristalline ou tremblante ou inquiète, blessée par moi ou tout d'amour comblée, comme en cet instant où tes yeux se ferment sur le présent de la vie que je ne cesse de t'offrir.
Mon amour, quand nous nous sommes rencontrés nous avions soif et nous avons bu toute l'eau et tout le sang, quand nous nous sommes rencontrés nous avions faim alors nous nous sommes mordus comme le feu, il nous en resta des blessures.
Mais attends-moi garde-moi la douceur. Et je t'offrirai aussi une rose.
Extrait de "Les Vers du capitaine" - Pablo Neruda
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J'ai retrouvé la Cathédrale comme je l'aime, au coucher du soleil !
"Ne croyez pas que vous pouvez diriger le cours de l'Amour. Car si l'Amour vous trouve dignes, lui-même guidera votre coeur. °°°°°°°°°°°°°°° Chaque chose qui existe demeure à jamais, et l'existence même de l'existence est la preuve de son éternité. Mais sans cette compréhension, qui est la connaisssance de l'être parfait, jamais homme n'aurait su s'il y a une existence ou une non-existence.... °°°°°°°°°°°°°°° Si j'avais à choisir entre l'art d'écrire un poème et l'extase devant un poème non écrit, je choisirais l'extase. C'est une poésie meilleure...
L'oeil du Prophète - Khalil Gibran
"La
terre n'est qu'un tremplin,
le tremplin du ciel .
Et un jour, il faudra plier sa vie
comme on plie sa tente .
Et partir !..."
(Anonyme)
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