14 Septembre 2005 : Santiago > Negreira (20,7 km)
Après cette journée de repos et de visite à Santiago, quel bonheur de se retrouver sur ce beau chemin à la sortie de la ville loin de l'agitation et des groupes de touristes qui envahissent les lieux où l'on aimerait pouvoir demeurer dans le silence. Le soleil se lève derrière les tours de la Cathédrale, spectacle magnifique ! Le chemin est agréable, il y a peu de pèlerins. C'est bon de retrouver les sentiers forestiers et les eucalyptus.
Je m'arrête au bord d'une rivière le Rio Tambre à Ponte Maceira. Il y a un beau pont médiéval, d'où je repère un endroit où l'on doit pouvoir se baigner. Je m'arrête un moment et je vais nager dans une eau fraîche qui est vraiment agréable.
J'arrive à l'albergue de Negreira vers 14h30. Plus tard je vais dans la ville pour trouver un restaurant. Je ne trouve aucun endroit qui serve à dîner de bonne heure et finalement j'atterris dans un bar qui me propose une assiette de "Pulpo". L'assiette est énorme, c'est très gras, je suis un peu écœuré et je n'arrive pas à finir mon assiette, de plus, le vin qu'on me sert n'est pas bon. Je me rattrape sur une glace ! Je regrette de n'avoir pas fait un peu de cuisine au gîte....
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15 Septembre 2005 : Negreira > Olveiroa (32,8 km)
Aujourd'hui, l'étape est assez longue. Je pars de bonne heure, un peu avant qu'il fasse jour avec un couple de français que j'avais déjà rencontré à Rabanal del Camino (Yvette et Gilbert).
Le Chemin progresse à travers bois avec une suite de creux et de bosses et il y a de belles forêts d'eucalyptus. Sur cet itinéraire, il n'y a pas de villages, seulement des hameaux et des fermes. Je rencontre une jeune fille de la République Tchèque avec laquelle j'échange pendant un moment avant de la laisser partir devant, car elle a un bon rythme de marche. Je retrouve ce couple d'italiens Umberto et Laura rencontrés à Santiago.
L'étape est assez difficile, il commence à faire chaud, et le chemin est souvent en bord de route et en montée...Je fais une longue pause dans un pré où je peux rafraîchir mes pieds, mettre un peu de talc et manger quelques fruits secs.
Enfin, après les derniers kilomètres qui me paraissent bien longs, j'arrive à l'albergue de Olveiroa, où je suis bien accueilli par l'hospitalera qui est sympathique et de plus parle français. Pour le soir, elle nous a préparé une bonne soupe, il y a aussi des crudités, du pain et du vin et nous allons refaire nos forces dans une bonne ambiance de pèlerins retrouvée !
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16 Septembre 2005 : Olveiroa > Corcubion (19,1 km)
Je pars juste avant le jour, après le petit déjeuner. Le temps est brumeux et plutôt à la pluie. Je marche seul. Les chemins sont assez agréables, entre les petites forêts d'eucalyptus, la bruyère et ce qui ressemble à des genêts. La campagne est superbe, jalonnée de calvaires et d'ermitages. La pluie menace, je m'arrête pour mettre mon équipement.
Après quelques kilomètres, j'aperçois l'océan au loin, moment d'émotion et de joie ! Cela me donne des ailes et je marche d'un bon pas pour arriver sur la côte. J'aperçois un peu plus loin le Cap Finisterre.Je traverse Cee puis Corcubion. Je décide d'aller jusqu'à l'albergue qui est à 2 kilomètres après Corcubion. Laura et Umberto arrivent un peu après moi. Je laisse mon sac et je redescends au village, car j'ai grand faim ! Je trouve un petit restaurant où je me fais servir un plat de petites seiches accompagné de 3 bons verres de vin de la Rioja. Ensuite je vais sur la plage, je suis seul, je m'allonge sur le sable, le temps est moitié nuages, moitié soleil. Je ne résiste pas à l'appel de l'océan et c'est un tel plaisir que de plonger dans les vagues. Je nage un bon moment, puis je m'allonge au soleil pour me faire sécher.
Je rentre à l'albergue qui ouvre à 17h. On est bien accueilli. C'est propre. Il y a une salle commune avec de la musique et ce soir un dîner nous sera servi par 2 jeunes femmes hospitaleras, une Suisse et une Allemande. Le dîner est très fraternel, on est une douzaine de pèlerins. Il y a un temps de partage et un temps de prière. Cette albergue restera comme l'une des plus agréables de tout mon Chemin !
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17 Septembre 2005 > Corcubion > Cabo Fisterra (14,4 km)
La nuit est belle, le ciel plein d'étoiles et la lune resplendit. De mon lit, à travers la fenêtre, je peux voir le Cap Finisterre qui projette dans toutes les directions le faisceau de son phare. Après le petit déjeuner qui nous est servi à l'albergue, je fais 2 heures de chemin avant de descendre sur une petite plage où je suis rejoint peu après par un jeune pèlerin français. Nous allons nager dans l'océan au milieu de belles vagues, puis je ramasse des coquillages et je continue le chemin jusqu'à Fisterra. Je longe la grande plage blanche de Langosteira où je projette de venir nager demain, et je cherche l'albergue qui n'ouvre qu'à 17h. Je vais manger des sardines dans un bar, puis je retourne à la grande plage. Le vent s'est levé, le sable rentre partout dans les affaires et je préfère retourner en ville !
Dès l'ouverture, je m'installe dans l'albergue. J'ai acheté un rasoir et de la mousse à raser et je vais procéder à cette délicate opération qui consiste à raser ma barbe que j'ai laissée pousser depuis le 11 Mai, jour de mon départ du Puy-en-Velay. Ensuite, je monte au bout du Cap, après le phare pour assister au coucher de soleil sur l'océan. J'en profite pour jeter dans le feu qui est allumé quelques vêtements qui ont fait leur temps sur le Chemin. Ainsi, rasé de frais, libéré de ces vieux habits, arrivé au bout du continent, je suis prêt à devenir cet homme nouveau auquel j'aspire !
C'est maintenant devant le soleil qui s'enfonce doucement dans l'océan un bon temps de méditation et de contemplation. Je reste un moment perdu dans cette rêverie, tout empli de la beauté de cet océan qui n'en finit pas d'engloutir le disque du soleil qui disparaît peu à peu ...
"Elle est retrouvée! -Quoi? - l'Eternité. C'est le mer mêlée Au soleil." (Une saison en enfer - Arthur Rimbaud)
Demain, je vais profiter toute la journée de l'océan avant de repartir à Santiago d'où je prendrai un train pour Hendaye. Cette fois mon Chemin est bien terminé. C'est le bout de la route, le bout de l'aventure. Je ressens une certaine nostalgie, mais le Chemin de la vie continue, j'ai 63 ans, je me sens comme un jeune homme encore tout plein d'énergie, d'idéal et même d'illusions... J'espère fêter mes 70 ans quelque part sur le Camino, si Dieu me garde en bonne santé ! J'espère encore faire de belles rencontres d'amitié. Même si Dieu n'existait pas, il y a tant d'hommes et de femmes qui portent en eux un souffle divin, qui sont comme des lumières dans les ténèbres de ce monde que je ne peux m'empêcher de croire en l'Homme et c'est cette Foi qui me conduit à Dieu d'une certaine manière....
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