Lundi 20 Août 2018 - El Herrumblar > Graja de Iniesta  - 17 km
11ème étape





Feu solaire annonciateur d'une chaude journée...



Hymne au Soleil des Indiens Zuñis

        De bonne heure, le matin,
   Nous nous éveillons, nous nous éveillons,
Quand la mère Dieu-Soleil se lève.
  Nous la saluons avec joie.
    Elle nous accueille avec un visage radieux.
  Elle nous rencontre avec un baiser chaud.
   Si doucement, si doucement...
   Ecoutez, écoutez seulement !
 D'où viennent tous ces sons lointains?
  Echos de là où la lumière abonde,
  Torrents de cristal au pâle murmure
  Éclatant sans retenue.
    Ce sont les grains d'or de la pensée,
    Les murmures silencieux, à peine perçus,
   Qui nous remplissent de joie et de contentement,
   Les sentiers par lesquels l'âme s'élève.



Quelques parcelles d'oliviers au milieu des vignobles....


...qui s'étendent à perte de vue...


Où que vous tourniez la tête, à gauche, à droite, devant, derrière, les vignobles s'étendent jusqu'à l'horizon...











La Iglesia de Villarta


Les vignobles suivent les courbes du relief...


...et les amandiers ont pris le relais...



Après une belle chevauchée, la pause s'impose !





Et l'arrivée à l'étape est bien récompensée...

                         
Un bas relief de Saint-Michel sur un bâtiment agricole et la Iglesia de
Graja de Iniesta
 

 


    Je descends à 6h pour le petit-déjeuner. J'attends un quart d'heure l'ouverture du bar. Je prends un cafe con leche et du pain
    à la tomate avec une bouteille d'eau fraîche pour mettre dans ma poche.
    Quand je sors, il fait frais, je vais m'asseoir sur un banc devant l'église pour téléphoner à Nicole. La sortie du pueblo n'est
    pas bien balisée. Pour aller jusqu'à Villarta il y a 6,6 km. Toujours au milieu d'une mer de vignobles sur laquelle le soleil
    qui se lève va projeter de beaux rayons colorés. À Villarta, je ne trouve pas de bar ouvert, je m'arrête devant l'église pour
    prendre une photo et je cherche la sortie du pueblo ce qui n'est pas évident. Là encore le balisage est insuffisant.

    Je vais m'aventurer au milieu des vignes croyant être sur le chemin, il y a des pruniers et je me régale de quelques prunes
    puis je fais demi-tour et je finis par trouver le chemin balisé. Pour un pèlerin qui n'aurait ni l'application Maps ni Mapas de
    España, je pense que ce serait compliqué. Ensuite il reste 10, 3 km jusqu'à Graja de Iniesta. Je vais marcher encore presque
    3h au milieu de cette mer immense de vignobles. Ici pas de vagues, pas de ressac, mais des millions de pieds de vigne,
    comme des compagnons de chemin bien alignés en rangs ordonnés qui s'étirent jusqu'à l'infini !

    Il y a quelques champs de céréales, des oliviers et des amandiers, surtout sur la fin du parcours. Les chemins sont agréables,
    mais étant donné qu'il y a beaucoup de croisements et de dérivations,  il faut être très vigilant pour suivre le balisage qui
    apparaît plutôt comme un jeu de piste.

    Je fais plusieurs pauses pour me reposer et prendre des photos étant donné que l'étape est courte et donc j'ai le temps de flâner.
    Malgré une certaine monotonie, j'apprécie de marcher au milieu de ces grands espaces avec toujours à l'horizon une bande
    de terre ocre qui fait contraste avec le jaune paille des champs de céréales moissonnés.

    J'ai bien mémorisé le poème de Gaston Miron "Compagnon des Amériques" et j'ai appris aussi  "La Romance du Vin" d'un
    autre poète québecois Émile Nelligan. J'ai également depuis plusieurs jours déclamé les 2 grands poèmes de Cendrars : Le Transsibérien et le Panama que j'avais appris en 2015 et 2016...

    J'arrive à Graja de Iniesta à 12h30, à "l'Hostal Pépé I". Après une cerveza, des olives et du jambon, je monte dans la chambre
    réservée, pour un bon temps de repos et l'enregisrement de ce topo !

    Je dîne dans ce même Hostal...Vin à volonté et Chupito de Orujo de Hierbas...
     

 

Hébergement à l'Hostal Pepe I -  Ctra. N-III km 219
Au bord de la Nationale  - Tél. 962 187 328 - 27 euros
Belle chambre avec SDB - Télévision et Climatisation
Dîner sur place à 20h30
3 Coquilles


 


    C'est la dernière neige de la saison, 
    La neige de printemps, la plus habile
    à recoudre les déchirures du bois mort 
    Avant qu'on ne l'emporte puis le brûle.

    C'est la première neige de ta vie 
    Puisque, hier, ce n'étaient encore que des taches 
    De couleur, plaisirs brefs, craintes, chagrins 
    Inconsistants, faute de la parole.

    Et je vois que la joie prend sur la peur
    Dans tes yeux que dessille la surprise
    Une avance, d'un grand bond clair : ce cri, ce rire
    Que j'aime, et que je trouve méditable.

    Car nous sommes bien proches, et l'enfant 
    Est le progéniteur de qui l'a pris 
    Un matin dans ses mains d'adulte et soulevé 
    Dans le consentement de la lumière.

    II

    Oui, à entendre, oui, à faire mienne 
    Cette source, le cri de joie, qui bouillonnante 
    Surgit d'entre les pierres de la vie 
    Tôt, et si fort, puis faiblit et s'aveugle.

    Mais écrire n'est pas avoir, ce n'est pas être, 
    Car le tressaillement de la joie n'y est 
    Qu'une ombre, serait-elle la plus claire, 
    Dans des mots qui encore se souviennent

    De tant et tant de choses que le temps 
    A durement labourées de ses griffes, — 
    Et je ne puis donc faire que te dire 
    Ce que je ne suis pas, sauf en désir.

    Une façon de prendre, qui serait
    De cesser d'être soi dans l'acte de prendre,
    Une façon de dire, qui ferait
    Qu'on ne serait plus seul dans le langage.

    III

    Te soit la grande neige le tout, le rien, 
    Enfant des premiers pas titubants dans l'herbe, 
    Les yeux encore pleins de l'origine, 
    Les mains ne s'agrippant qu'à la lumière.

    Te soient ces branches qui scintillent la parole 
    Que tu dois écouter mais sans comprendre 
    Le sens de leur découpe sur le ciel, 
    Sinon tu ne dénommerais qu'au prix de perdre.
    Te suffisent les deux valeurs, l'une brillante, 
    De la colline dans l'échancrure des arbres, 
    Abeille de la rie, quand se tarira 
    Dans ton rêve du monde ce monde même.

    Et que l'eau qui ruisselle dans le pré 
    Te montre que la joie peut survivre au rêve 
    Quand la brise d'on ne sait où venue déjà disperse 
    Les fleurs de l'amandier, pourtant l'autre neige.


    Yves Bonnefoy – Le tout, le rien
     

 Etape suivante 

 Retour à la page des étapes