Dimanche 30  Août 2015 : La Roda > Minaya (16,5 km)

 


    Extrait de Don Quichotte - Miguel de Cervantes


    Bientôt il lui vint dans l'esprit l'idée la plus étrange que jamais on ait conçue. Il s'imagina que rien ne serait plus beau,
    plus honorable pour lui, plus utile à sa patrie, que de ressusciter la chevalerie errante, en allant lui-même à cheval,
    armé comme les paladins, cherchant les aventures , redressant les torts , réparant les injustices. Le pauvre homme se
    voyait déjà conquérant par sa valeur l'empire de Trébisonde. Enivré de ces espérances, il résolut aussitôt de mettre la
    main à l'œuvre. La première chose qu'il fit, fut d'aller chercher de vieilles armes couvertes de rouille, qui depuis son
    bisaïeul étaient restées dans un coin. Il les nettoya, les rajusta le mieux qu'il put ; mais il vit avec chagrin qu'il lui
    manquait la moitié du casque. Son adresse y suppléa. Il fit cette moitié de carton, et parvint à se fabriquer quelque
    chose qui ressemblait à un casque. A la vérité, voulant éprouver s'il était de bonne trempe, il tira son épée, et,
    le frappant de toute sa force, il brisa du premier coup tout son ouvrage de la semaine. Cette promptitude à se rompre
    ne laissa pas de lui déplaire dans un casque. Il recommença son travail, et, cette fois , ajouta par-dessus de petites bandes
    de fer qui le rendirent un peu plus solide. Satisfait de son invention, et ne se souciant plus d'en faire une nouvelle épreuve,
    il se tint pour très bien armé. Alors il fut voir son cheval, et quoique la pauvre bête ne fut qu'un squelette vivant,
    il lui parut plus vigoureux que le Bucéphale d'Alexandre , ou le Babiéca du Cid. Il rêva pendant quatre jours au nom
    qu'il lui donnerait : ce qui l'embarrassait beaucoup ; car, devant faire du bruit dans le monde, il désirait que ce nom
    exprimât ce qu'avait été le coursier avant sa noble destinée, et ce qu'il était devenu. Après en avoir adopté , rejeté,
    changé plusieurs, il se détermina pour Rossinante, nom sonore selon lui, beau, grand, significatif. II fut si content
    d'avoir trouvé ce nom superbe pour son cheval, qu'il résolut d'en chercher un pour lui-même; et cela lui coûta huit
    autres jours. Enfin il se nomma Don Quichotte. Mais, se rappelant qu'Amadis ne s'était pas contenté de s'appeler
    seulement Amadis, et qu'il y avait joint le nom de la Gaule sa patrie, il voulut aussi s'appeler don Quichotte de
    la Manche, pour faire participer son pays à la gloire qu'il acquerrait.




La lune vient à la forge avec sa jupe de nard...

  
Don Quichotte et Sancho Panza prêts pour de nouvelles aventures...


L'Eglise "El Salvador" de la Roda

   
Quelques exemples des richesses architecturales de La Roda

                     
                              L'Esquina de Alcañabate                      Le balisage que l'on suit pendant une partie de cette étape


Il y a beaucoup de sites semblables à celui-ci


Un abri de berger ?


Petite Hacienda Manchega


Les grandes étendues de champs de céréales labourées...


L'amandier à l'ombre duquel je me suis reposé...


Les champs de tournesols sont rares et celui-ci, je l'apprécie !





L'arrivée en vue de Minaya


La tour et le clocher de l'église Santiago à Minaya



 


    Je prends mon petit déjeuner à la Cafétéria Flor de la Mancha à 6h30 et comme chaque matin je fais le plein d'eau fraîche
    et de glaçons. J'ai soigné hier soir une ampoule qui s'est reformée au talon gauche et qui reste légèrement douloureuse.
    Comme l'étape de ce jour est courte, j'en profite pour visiter La Roda qui est une petite ville avec d'étonnantes richesses

    architecturales. C'est un plan de la ville que j'ai lu à l'Albergue qui m'a donné envie de faire cette visite...
    Je vais en premier voir l'église "El Salvador" des 16ème et 17ème , puis l'Esquina de Alcañabate qui comme son nom
    le suggère se trouve à l'angle d'une maison du 17ème avec les armes de la famille Carrasco Alcañabate. Le Palacio de
    los Condes de Villaleal devant lequel je passe est malheureusement en travaux. Il y a d'autres monuments à voir,
    mais je fais l'impasse, car cela occasionnerait trop de détours dans la ville.

    Le Chemin assez semblable à celui des jours précédents emprunte pour une bonne partie la "Ruta de Don Quijote".
    On est toujours sur une vaste meseta qui semble n'avoir jamais de fin ! Des champs à perte de vue, avec par-ci par-là
    des vignes et quelques champs d'amandiers. Je pense que ces immensités de céréales doivent offrir au mois de juin

    avant la moisson un magnifique spectacle ! Pour le moment, ce sont les mêmes couleurs qui prédominent : Les ocres,
    les bruns, les marrons, les jaunes-paille et les taches vertes des vignes avec au-dessus le beau ciel bleu .
    Je fais une pause à 10h30 à l'ombre d'un amandier d'où j'aperçois au loin le clocher de l'église de Minaya.

    Au cours des derniers kilomètres, je passe au milieu de grandes étendues de tournesols et de maïs très verts,
    traversés par ces
    grands bras métalliques qui dispensent un arrosage abondant contastant avec l'aridité et la désolation
    environnantes...
    C'est comme dans le désert, arriver tout à coup devant une oasis où l'eau coule et répand une agréable
    fraîcheur...
    Puis le Chemin passe au milieu d'amoncellements de cailloux sans doute enlevés des champs pour permettre
    de
    nouvelles cultures.

    J'arrive à Minaya à 13h15. Je téléphone à Jesus Villade qui m'attend au Polideportivo. Il me montre les lieux et le
    local qui sert d'accueil pèlerins : C'est un débarras avec 3 matelas et des douches dans un local avoisinant.
    Après la douche et le repos, je vais repérer le Chemin pour demain et boire quelques verres au restaurant Antolin.



Lien avec le commentaire de Gilbert

Lien avec le commentaire "Chemin du Levant"

 


Hébergement au Polideportivo - Gratuit - Au bout de la Calle Calvario
Téléphoner à Jesus Villade - 615 680 385
Pièce qui sert de débarras avec 3 matelas.
La douche et les WC sont dans un local à côté.

C'est situé dans un grand gymnase tout neuf avec terrain de foot et de basket.
2 coquilles




    Extrait de Don Quichotte
    - Miguel de Cervantes

    Là-dessus ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent qu'il y a en cette plaine, et, dès que don Quichotte
    les vit, il dit à son écuyer : « La fortune conduit nos affaires mieux que nous n'eussions su désirer, car voilà, ami
    Sancho Pança, où se découvrent trente ou quelque peu plus de démesurés géants, avec lesquels je pense avoir
    combat et leur ôter la vie à tous, et de leurs dépouilles nous commencerons à nous enrichir : car c'est ici une bonne
    guerre, et c'est faire grand service à Dieu d'ôter une si mauvaise semence de dessus la face de la terre.

    - Quels géants ? dit Sancho.

    - Ceux que tu vois là, répondit son maître, aux longs bras et d'aucuns les ont quelquefois de deux lieues.

    - Regardez, monsieur, répondit Sancho, que ceux qui paraissent là ne sont pas des géants, mais des moulins à vent
    et ce qui semble des bras sont les ailes, lesquelles, tournées par le vent, font mouvoir la pierre du moulin.

    - Il paraît bien, répondit don Quichotte, que tu n'es pas fort versé en ce qui est des aventures :
    Ce sont des géants, et si tu as peur, ôte-toi de là et te mets en oraison, tandis que je vais entrer
    avec eux en une furieuse et inégale bataille ». 

    Et disant cela, il donna des éperons à son cheval Rossinante, sans s'amuser aux cris que son écuyer Sancho faisait,
    l'avertissant que sans aucun doute c'étaient des moulins à vent, et non pas des géants, qu'il allait attaquer.
    Mais il était tellement aheurté à cela que c'étaient des géants qu'il n'entendait pas les cris de son écuyer Sancho,
    ni ne s'apercevait pas de ce que c'était, encore qu'il en fût bien près; au contraire, il disait à haute voix:
    « Ne fuyez pas, couardes et viles créatures, car c'est un seul chevalier qui vous attaque ». Sur cela il se leva un peu
    de vent, et les grandes ailes de ces moulins commencèrent à se mouvoir, ce que voyant don Quichotte, il dit :
    « Vous pourriez mouvoir plus de bras que ceux du géant Briarée : vous allez me le payez. »
    Et, disant cela, il se recommanda de tout son cœur à sa dame Dulcinée, lui demandant qu'elle le secourût en ce
    danger; puis, bien couvert de sa rondache, et la lance en l'arrêt, il accourut, au grand galop de Rossinante, donner
    dans le premier moulin qui était  devant lui, et lui porta un coup de lance en l'aile : le vent la fit tourner avec une
    telle violence qu'elle mit la lance en pièces, emmenant après soi le cheval et le chevalier, qui s'en furent rouler un
    bon espace parmi la plaine.

    Sancho Pança accourut à toute course de son âne pour le secourir, et, quand il fut à lui, il trouva qu'il ne se pouvait
    remuer : tel avait été le coup que lui et Rossinante avaient reçu. «Dieu me soit en aide ! dit Sancho; ne vous ai-je pas
    bien dit que vous regardiez bien ce que vous faisiez, que ce n’étaient que des moulins à vent, et que personne ne le
    pouvait ignorer, sinon quelqu'un qui en eût de semblables en la tête? »



Un de ces rescapés du combat que livra Don Quichotte contre les moulins à vents...
 

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