Mercredi 16 Septembre 2015 : Gottarendura > Arévalo - 29 km

 


    Allégeance

    Dans les rues de la ville, il y a mon amour.
    Peu importe où il va dans le temps divisé.
    Il n'est plus mon amour : chacun peut lui parler.
    Il ne se souvient plus qui, au juste, l'aima.

    Il cherche son pareil dans le voeu des regards.
    L'espace qu'il parcourt est ma fidélité.
    Il dessine l'espoir, puis, léger, l'éconduit.
    Je vis au fond de lui comme une épave heureuse.

    A son insu, ma liberté est son trésor !
    Dans le grand méridien où s'inscrit son essor,
    Ma solitude se creuse.
    Dans les rues de la ville, il y a mon amour.

    Peu importe où il va dans le temps divisé.
    Il n'est plus mon amour : chacun peut lui parler.
    Il ne se souvient plus qui, au juste, l'aima
    Et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas !

    René Char




La menace orageuse va m'accompagner tout au long de l'étape...


...et par contraste la lumière du soleil a encore plus d'éclat...


...comme sur cette cathédrale de paille !

Les cris et les pleurs...
Souffrance des hommes
Terre
Je te restitue la Beauté Première
Lumière
qui inonde nos coeurs...


L'arrivée en vue du village El Bohodon


L'église de El Bohodon


La récolte de la sève des pins





dans cette belle forêt qui s'étend sur plusieurs kilomètres...

             
  Les clochers des églises               Tiñosillos                                                                 Arévalo


La Plaza Mayor d'Arévalo


Iglesia de Santo Domingo de Silos - Arévalo


Je reconnais l'itinéraire à suivre demain...

Quelques vues de la cité d'Arévalo
      
                                                                                      L'église Santa Maria la Mayor à Arévalo


La Plaza Real


Iglesia de San Martin - Arévalo

             
La vierge des sept douleurs et la statue de Saint Roch


    Je quitte l'Albergue à 6h30 et je prends la piste qui longe la route jusqu'au premier village Hernansancho où je ne trouve
    pas de bar et donc pas de petit-déjeuner ! Le pueblo est comme vidé de ses habitants, un village fantôme...Au long de la piste
    suivante, je peux contempler un beau lever de soleil qui émerge au sein de nuages d'encre et j'arrive à un nouveau pueblo
    Villanueva de Gomez où il n'y a pas plus de bar et pas âme qui vive ! Le troisième pueblo traversé, El Bohodon n'est pas plus

    animé et j'ai abandonné tout espoir de trouver un bar ouvert !

    L'itinéraire est campagnard, longues pistes au milieu de ces terres agricoles immenses propices à la déclamation des poèmes !
    Comme chaque matin je déroule le Transsibérien de Cendrars et je continue d'apprendre de nouveaux poèmes...
    Enfin arrivé au quatrième pueblo, Tiñosillos , je peux enfin faire une bonne pause dans un bar où je me rafraîchis avec un coca
    bien frais et me régale de quelques tapas ! J'achète des bananes pour la pause de midi et je repars pour la 2ème partie de
    cette étape à savoir 15,5 km !

    Il y a d'abord une longue traversée d'une forêt de pins dont on récolte la sève dans des pots en plastique accrochés
    aux troncs. C'est un itinéraire calme et propice à la réflexion qui est comme un moteur caché au fond de soi et qui ne
    cesse de tourner...Mais, à certains moments comme celui-là, cette réflexion peut être apaisée et elle se tranforme peu à peu
    en une méditation qui libère les parasites de l'Esprit et c'est alors que je demeure en moi-même dans un grand apaisement !
    Il y a environ 6 à 7 kilomètres de traversée de cette belle forêt, puis le chemin se rapproche de la route en empruntant des
    pistes sablonneuses tantôt à gauche, tantôt à droite de cette route. Le temps menace depuis ce matin avec tout autour de
    gros nuages noirs, mais grâce au vent qui s'est levé je n'aurai pas de pluie, mais un vent de plus en plus fort !
    Je vois même à l'entrée de Arévalo un arbre déraciné sur le bord de la route. Il ya des rafales qui doivent dépasser les
    100 km/heure !

    J'arrive à Arévalo à 15h30 après avoir suivi pendant les 2 derniers kilomètres une piste cyclable. Je vais directement à mon
    hébergement, l'Hostal del Campo où j'ai réservé une chambre (Ce sera la plus chère de mon Chemin : 30 Euros !).
    Je vais un peu plus tard faire un tour dans cette cité pour faire quelques achats en prévision des pique-nique à venir,
    visiter la Plaza Mayor, le Castillo et l'église où se trouve une statue de Saint-Roch. Je vais également admirer dans le
    vieux quartier quelques bâtisses, beaux exemples d'architecture mudéjar castellane.
    Je dîne de quelques tapas et de Vino Tinto.




Lien avec le commentaire de Gilbert

Lien avec le commentaire "Chemin du Levant"



Hébergement à Hostal del Campo - 9 calle Eusebio Revilla - Tél. 920 30 24 96
C'est un peu cher pour une chambre vieillote avec une petite salle de bains
 2 Coquilles
 



    ... Je n'ai plus de fièvre ce matin. Ma tête est de nouveau claire et vacante, posée comme un rocher
    sur un verger à ton image. Le vent qui soufflait du Nord hier fait tressaillir par endroits le flanc
    meurtri des arbres.

    Je sens que ce pays te doit une émotivité moins défiante et des yeux autres que ceux à travers
    lesquels il considérait toutes choses auparavant. Tu es partie mais tu demeures dans l'inflexion
    des circonstances, puisque lui et moi avons mal. Pour te rassurer dans ma pensée, j'ai rompu
    avec les visiteurs éventuels, avec les besognes et la contradiction. Je me repose comme tu assures
    que je dois le faire. Je vais souvent à la montagne dormir. C'est alors qu'avec l'aide d'une nature
    à présent favo­rable, je m'évade des échardes enfoncées dans ma chair, vieux accidents, âpres tournois.


    Pourras-tu accepter contre toi un homme si hale­tant?


    Lunes et nuit, vous êtes un loup de velours noir, village, sur la veillée de mon amour.


    « Scrute tes paupières », me disait ma mère, penchée sur mon avant-sommeil d'écolier.
    J'apercevais flottant un petit caillou, tantôt paresseux, tantôt strident, un galet pour verdir dans l'herbe.
    Je pleurais. Je l'eusse voulu dans mon âme, et seulement là.


    Chant d'Insomnie : 
    « Amour hélant, l'Amoureuse viendra, 
    Gloria de l'été, ô fruits! 
    La flèche du soleil traversera ses lèvres, 
    Le trèfle nu sur sa chair bouclera, 
    Miniature semblable à l'iris, l'orchidée, 
    Cadeau le plus ancien des prairies au plaisir 
    Que la cascade instille, que la bouche délivre. »


    Je voudrais me glisser dans une forêt où les plantes se refermeraient et s'éteindraient derrière nous,
    forêt nombre de fois centenaire, mais elle reste à semer. C'est un chagrin d'avoir, dans sa courte vie,
    passé à côté du feu avec des mains de pêcheur d'éponges.
    « Deux étin­celles, tes aïeules », raille l'alto du temps, sans compas­sion.


    Mon éloge tournoie sur les boucles de ton front, comme un épervier à bec droit.


    L'automne! Le parc compte ses arbres bien distincts. Celui-ci est roux traditionnellement; cet autre,
    fermant le chemin, est une bouillie d'épines. Le rouge-gorge est arrivé, le gentil luthier des campagnes.
    Les gouttes de son chant s'égrènent sur le carreau de la fenêtre. Dans l'herbe de la pelouse grelottent
    de magiques assassinats d'insectes. Écoute, mais n'entends pas.


    Parfois j'imagine qu'il serait bon de se noyer à la surface d'un étang où nulle barque ne s'aventurerait.
    Ensuite, ressusciter dans le courant d'un vrai torrent où tes couleurs bouillonneraient.


    II faut que craque ce qui enserre cette ville où tu te trouves retenue. Vent, vent, vent autour des troncs
    et sur les chaumes.


    J'ai levé les yeux sur la fenêtre de ta chambre. As­tu tout emporté ? Ce n'est qu'un flocon qui fond
    sur ma paupière. Laide saison où l'on croit regretter, où l'on projette, alors qu'on s'aveulit.


    L'air que je sens toujours prêt à manquer à la plu­part des êtres, s'il te traverse, a une profusion
    et des loisirs étincelants.

    Je ris merveilleusement avec toi.
    Voilà la chance unique.


    René Char
    In, « La parole en archipel »
     


El Castillo de Arévalo

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