Vendredi 25 Septembre 2015 :  Benavente > Alija del Infantado - 23,5 km


 Profil de l'Etape
 


    Corps Perdu

                 Moi qui Krakatoa
    moi qui tout mieux que mousson
    moi qui poitrine ouverte
    moi qui laïlape
    moi qui bêle mieux que cloaque
    moi qui hors de gamme
    moi qui Zambèze ou frénétique ou rhombe ou cannibale
    je voudrais être de plus en plus humble et plus bas
    toujours plus grave sans vertige ni vestige
    jusqu’à me perdre tomber
    dans la vivante semoule d’une terre bien ouverte.
    Dehors une belle brume au lieu d’atmosphère serait point sale
    chaque goutte d’eau y faisant un soleil
    dont le nom le même pour toutes choses
    serait RENCONTRE BIEN TOTALE
    si bien que l’on ne saurait plus qui passe
    ou d’une étoile ou d’un espoir
    ou d’un pétale de l’arbre flamboyant
    ou d’une retraite sous-marine
    courue par les flambeaux des méduses-aurélies
    Alors la vie j’imagine me baignerait tout entier
    mieux je la sentirais qui me palpe ou me mord
    couché je verrai venir à moi les odeurs enfin libres
    comme des mains secourables
    qui se feraient passage en moi
    pour y balancer de longs cheveux
    plus longs que ce passé que je ne peux atteindre.
    Choses écartez-vous faites place entre vous
    place à mon repos qui porte en vague
    ma terrible crête de racines ancreuses
    qui cherchent où se prendre
    Chose je sonde je sonde
    moi le portefaix je suis porte-racines
    et je pèse et je force et j’arcane
        j’omphale
    Ah qui vers les harpons me ramène
       je suis très faible
    je siffle oui je siffle des choses très anciennes
    de serpents de choses caverneuses
    Je or vent paix-là
    et contre mon museau instable et frais
    pose contre ma face érodée
    ta froide face de rire défait.
    Le vent hélas je l’entendrai encore
    nègre nègre nègre depuis le fond
    du ciel immémorial
    un peu moins fort qu’aujourd’hui
    mais trop fort cependant
    et ce fou hurlement de chiens et de chevaux
    qu’il pousse à notre poursuite toujours marronne
    mais à mon tour dans l’air
    je me lèverai un cri et si violent
    que tout entier j’éclabousserai le ciel
    et par mes branches déchiquetées
    et par le jet insolent de mon fût blessé et solennel

                 je commanderai aux îles d’exister

    Aimé Césaire
    Cadastre
     



Aube insolite
le ciel s'est paré
d'un manteau de feu


Explosion de joie !

            
La forêt invite à l'échappée...


Le clocher de la Iglesia de Villabrazaro


Des fours à poterie avec leurs cheminées

   



Un borne récente sur la Via de la Plata


On entre dans la province de Leon !


Et voilà ce joli pont romain sur le rio Orbigo !


Un poco loco este peregrino !


Le rio Orbigo


Le pont romain en se retournant...


L'Ayuntamiento de Alija del Infantado.


Le pueblo de Alija del Infantado


    Je quitte l'Albergue de Benavente à 7h30 après avoir pris sur place le petit-déjeuner. Après avoir contourné la ville,
    je vais suivre
    pendant quelques kilomètres des petites routes de campagne où il y a un peu trop de circulation...
    Il y a quand même quelques
    passages au milieu de vergers ce qui me permet de faire quelques provisions de fruits.
    Arrivé au premier village, Villabrazaro,
    j'espère trouver un bar ouvert, mais en vain...Je fais quand même une pause
    en compagnie de 2 espagnols originaires d'Alicante
    que je ne vois pas dans les albergues, ceux-ci privilégiant les Casa Rural.

    L'itinéraire jusqu'au prochain pueblo, Maire de Castroponce, emprunte encore de petites routes, et c'est à nouveau un
    désenchantement de trouver tous les bars fermés...Mais je fais contre mauvaise fortune bon cœur et j'en profite pour

    rafraîchir les pieds qui se sont bien échauffés avec la chaleur et le goudron !

    Il reste 7 kilomètres à parcourir avec un passage sur le beau pont romain de la Vizana sur le rio Orbigo. J'arrive à 14h à

    l'entrée de Alija del Infantado où se trouve l'Albergue qui est très bien équipé, très propre avec tout ce qu'il faut pour
    le petit-déjeuner. Elena que j'appelle vient pour tamponner ma Credencial et encaisser les 8 euros comprenant la nuit
    et le petit-déjeuner.

    Après la douche, la lessive et un bon temps de repos, je vais visiter le village et son Castillo avant de retrouver dans un
    bar mes deux pèlerins espagnols. On partage une bonne cerveza et ensuite j'écris un texte que j'envoie avec des photos
    sur le site de notre Association du Var. Je dîne ensuite (Raciones et vino blanco) et je finis la soirée en compagnie de
    mes 2 compagnons d'un jour autour de quelques verres de Gin et de Pacharan !




Hébergement à l'Albergue de Peregrinos
situé à l'entrée du Pueblo - Tél . 660 068 794 (Elena) - 690 051 012 (Teniente-Alcalde)
Inaugurée en Mars 2014 - 2 chambres de 6 lits - Sanitaires - Coin cuisine
Ouvert toute l'année - 8 euros avec petit-déjeuner
3 Coquilles
 



    Les armes miraculeuses (extraits)

    Le grand coup de machette du plaisir rouge en plein front
    il y avait du sang et cet arbre qui s'appelle flamboyant et
    qui ne mérite jamais mieux ce nom-là que les veilles de
    cyclone et de villes mises à sac le nouveau sang la raison
    rouge tous les mots de toutes les langues qui signifient
    mourir de soif et seul quand mourir avait le goût du pain
    et la terre et la mer un goût d'ancêtre et cet oiseau qui
    me crie de ne pas me rendre et la patience des hurlements
    à chaque détour de ma langue


    la plus belle arche et qui est un jet de sang
    la plus belle arche et qui est un cerne lilas
    la plus belle arche et qui s'appelle la nuit
    et la beauté anarchiste de tes bras mis en croix
    et la beauté eucharistique et qui flambe de ton sexe
    au nom duquel je saluais le barrage de mes
    lèvres violentes

    Il y avait la beauté des minutes qui sont les bijoux au rabais
    du bazar de la cruauté le soleil des minutes et leur joli
    museau de loup que la faim fait sortir du bois  la croix-
    rouge des minutes qui sont les murènes en marche vers
    les viviers et les saisons et les fragilités immenses de la
    mer qui est un oiseau fou cloué feu sur la porte des
    terres cochères il y avait  jusqu'à la peur telle que le récit
    de juillet des crapauds de l'espoir et du désespoir élagués
    d'astres au-dessus des eaux là où la fusion des jours qu'as-
    sure le borax fait raison des veilleuses gestantes les forni-
    cations de l'herbe à ne pas contempler sans précaution
    les copulations de l'eau reflétées par le miroir des mages les
    bêtes marines à prendre dans le creux du plaisir les assauts
    de vocables tous sabords fumants pour fêter la naissance
    de l'héritier mâle en instance parallèle avec l'apparition des
    prairies sidérales au flanc de la bourse aux volcans d'agaves
    d'épaves de silence le grand parc muet avec l'agrandisse-
    ment silurien de jeux muets aux détresses impardonnables
    de la chair de bataille selon le dosage toujours à refaire
    des germes à détruire

    Aimé Césaire
     


Le Castillo de Alija del Infantado

Etape suivante

Retour