Mardi 30 Août 2016 :  Alcazaren > Puente Duero   (26 km)

Etape 10 /38


    Les écrits s’en vont

    Le satin des pages qu'on tourne dans les livres moule une femme si belle
    Que lorsqu'on ne lit pas on contemple cette femme avec tristesse
    Sans oser lui parler sans oser lui dire qu'elle est si belle 
    Que ce qu'on va savoir n'a pas de prix
    Cette femme passe imperceptiblement dans un bruit de fleurs
    Parfois elle se retourne dans les saisons imprimées
    Et demande l'heure ou bien encore elle fait mine de regarder des bijoux bien en face
    Comme les créatures réelles ne font pas
    Et le monde se meurt une rupture se produit dans les anneaux d'air
    Un accroc à l'endroit du coeur
    Les journaux du matin apportent des chanteuses dont la voix a la couleur du sable
    sur des rivages tendres et dangereux
    Et parfois ceux du soir livrent passage à de toutes jeunes filles qui mènent des bêtes enchaînées
    Mais le plus beau c'est dans l'intervalle de certaines lettres
    Où des mains plus blanches que la corne des étoiles à midi
    Ravagent un nid d'hirondelles blanches
    Pour qu'il pleuve toujours
    Si bas si bas que les ailes ne s'en peuvent plus mêler 
    Des mains d'où l'on remonte à des bras si légers que la vapeur des prés dans ses gracieux entrelacs au-dessus des étangs est leur imparfait miroir
    Des bras qui ne s'articulent à rien d'autre qu'au danger exceptionnel d'un corps fait pour l'amour
    Dont le ventre appelle les soupirs détachés des buissons pleins de voiles
    Et qui n'a de terrestre que l'immense vérité glacée des traîneaux de regards
    sur l'étendue toute blanche 
    De ce que je ne reverrai plus
    A cause d'un bandeau merveilleux
    Qui est le mien dans le colin-maillard des blessures.

    André Breton
    In, « Le Révolver à cheveux blancs » 1932

 

 

 Lorsque le pouvoir de l'amour remplacera l'amour du pouvoir,
le monde connaîtra la paix.
Sri Chinmoy

 




Le bois de pins est embrasé par le feu du soleil levant...


Repos...


Le pont sur le Rio Eresma


Pas de baignade aujoud'hui...mais j'étais quand même bien tenté !





Puente Duero





Sur les bords du Rio Duero


La Iglesia de Santa Maria de Duero


Juan l'hospitalero et Arturo Président de l'Association de Valladolid


    Je quitte l'albergue à 6h45. Il fait à peine jour et je suis surpris ce matin par un froid inattendu...

    J'ai les mains gelées et j'aurai du mal à me réchauffer avant que le soleil ne passe au-dessus des
    pins qui m'entourent...J'arrive sur une grande plaine agricole où cette fois, ce sont des cultures de
    pommes de terre et betteraves. J'ai comme chaque matin enchaîné quelques poèmes ce qui me fait
    franchir des kilomètres sans trop me rendre compte...et je suis étonné quand j'aperçois au loin le
    pueblo de Valdestillas situé à 16 kilomètres du début de l'étape !

    Je fais une pause dans un bar de cette localité, je bois 2 cocas avec des olives et du fromage et j'enduis
    bien mes pieds de vaseline, car ils ont commencé à chauffer sérieusement ! Il faut dire qu'après le froid
    matinal, la chaleur est à nouveau au rendez-vous.

    Je traverse une nouvelle fois le Rio Eresma sur un vieux pont et ensuite je marcherai le reste de l'étape
    sur une petite route et sur un chemin qui passe entre les pins, les genêts et les cistes.

    J'arrive à 14h à Puente Duero. Je m'arrête pour acheter du melon et des pêches car j'avais une grande
    envie de fruits, puis je vais directement à l'Albergue qui est tenue par un hospitalero espagnol où je
    trouve un bon accueil. Je mange mon melon avec délectation et après le rituel quotidien et un bon
    temps de repos, J'envoie sur FB et sur le site de l'Association la synthèse de cette première partie
    de ce Camino de Madrid (Texte et photos).

    Vers 19h, je sors en ville avec Juan l'hospitalero et Arturo Président de l'Association de Valladolid.
    On s'arrête dans un bar boire une cerveza, puis avec Juan je vais reconnaître le Chemin pour aller
    demain à Valladolid. On dîne ensuite ensemble à l'albergue, repas préparé par mon hôte :
    Salade, crudités et pâtes avec un bon rosé du pays. Je vais me coucher vers 22h, mais la nuit sera
    écourtée à cause d'un mal aux dents qui m'oblige à puiser dans ma pharmacie antibiotique et
    anti-douleur...
     

 

Le Pont médiéval de Puente Duero sur le Rio Duero
 

 


Hébergement  à l'Albergue Ajova - 4 Calle Camino Aniago
Tél. 678 31 81 88
Bon accueil de la part d'un hospitalero espagnol
Prix pour la nuit : Donativo
(4 coquilles)
 



    L’union libre

    Ma femme à la chevelure de feu de bois
    Aux pensées d'éclairs de chaleur
    A la taille de sablier
    Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
    Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d'étoiles de dernière grandeur
    Aux dents d'empreintes de souris blanche sur la terre blanche
    A la langue d'ambre et de verre frottés
    Ma femme à la langue d'hostie poignardée
    A la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux
    A la langue de pierre incroyable
    Ma femme aux cils de bâtons d'écriture d'enfant
    Aux sourcils de bord de nid d'hirondelle
    Ma femme aux tempes d'ardoise de toit de serre
    Et de buée aux vitres
    Ma femme aux épaules de Champagne
    Et de fontaine à têtes de dauphins sous la glace
    Ma femme aux poignets d'allumettes
    Ma femme aux doigts de hasard et d'as de cœur
    Aux doigts de foin coupé
    Ma femme aux aisselles de martre et de fênes
    De nuit de la Saint-Jean
    De troène et de nid de scalares
    Aux bras d'écume de mer et d'écluse
    Et de mélange du blé et du moulin
    Ma femme aux jambes de fusée
    Aux mouvements d'horlogerie et de désespoir
    Ma femme aux mollets de moelle de sureau
    Ma femme aux pieds d'initiales
    Aux pieds de trousseaux de clefs aux pieds de calfats qui boivent
    Ma femme au cou d'orge imperlé
    Ma femme à la gorge de Val d'or
    De rendez-vous dans le lit même du torrent
    Aux seins de nuit
    Ma femme aux seins de taupinière marine
    Ma femme aux seins de creuset du rubis
    Aux seins de spectre de la rose sous la rosée
    Ma femme au ventre de dépliement d'éventail des jours
    Au ventre de griffe géante
    Ma femme au dos d'oiseau qui fuit vertical
    Au dos de vif-argent
    Au dos de lumière
    A la nuque de pierre roulée et de craie mouillée
    Et de chute d'un verre dans lequel on vient de boire
    Ma femme aux hanches de nacelle
    Aux hanches de lustre et de pennes de flèche
    Et de tiges de plumes de paon blanc
    De balance insensible
    Ma femme aux fesses de grès et d'amiante
    Ma femme aux fesses de dos de cygne
    Ma femme aux fesses de printemps
    Au sexe de glaïeul
    Ma femme au sexe de placer et d'ornithorynque
    Ma femme au sexe d'algue et de bonbons anciens
    Ma femme au sexe de miroir
    Ma femme aux yeux pleins de larmes
    Aux yeux de panoplie violette et d'aiguille aimantée
    Ma femme aux yeux de savane
    Ma femme aux yeux d'eau pour boire en prison
    Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache
    Aux yeux de niveau d'eau de niveau d'air de terre

 


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