Dimanche 18 Septembre 2016 : Villademoros  > Luarca > Otur  22 km

Etape 28 /38


    Les étrennes des orphelins

    1-
    La chambre est pleine d'ombre ; on entend vaguement
    De deux enfants le triste et doux chuchotement.
    Leur front se penche, encore alourdi par le rêve,
    Sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève...
    - Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux ;
    Leur aile s'engourdit sous le ton gris des cieux ;
    Et la nouvelle Année, à la suite brumeuse,
    Laissant traîner les plis de sa robe neigeuse,
    Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant...

    2-
    Or les petits enfants, sous le rideau flottant, 
    Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure. 
    Ils écoutent, pensifs, comme un lointain murmure... 
    Ils tressaillent souvent à la claire voix d'or 
    Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor 
    Son refrain métallique en son globe de verre...
    - Puis, la chambre est glacée... on voit traîner à terre, 
    Épars autour des lits, des vêtements de deuil 
    L'âpre bise d'hiver qui se lamente au seuil 
    Souffle dans le logis son haleine morose ! 
    On sent, dans tout cela, qu'il manque quelque chose... 
    - Il n'est donc point de mère à ces petits enfants, 
    De mère au frais sourire, aux regards triomphants ? 
    Elle a donc oublié, le soir, seule et penchée, 
    D'exciter une flamme à la cendre arrachée, 
    D'amonceler sur eux la laine et l'édredon 
    Avant de les quitter en leur criant : pardon.
    Elle n'a point prévu la froideur matinale,
    Ni bien fermé le seuil à la bise hivernale ?...
    - Le rêve maternel, c'est le tiède tapis,
    C'est le nid cotonneux où les enfants tapis,
    Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,
    Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches !...
    - Et là, - c'est comme un nid sans plumes, sans chaleur,
    Où les petits ont froid, ne dorment pas, ont peur ;
    Un nid que doit avoir glacé la bise amère...

    3-
    Votre coeur l'a compris : - ces enfants sont sans mère.
    Plus de mère au logis ! - et le père est bien loin !...
    - Une vieille servante, alors, en a pris soin.
    Les petits sont tout seuls en la maison glacée ;
    Orphelins de quatre ans, voilà qu'en leur pensée
    S'éveille, par degrés, un souvenir riant...
    C'est comme un chapelet qu'on égrène en priant :
    - Ah ! quel beau matin, que ce matin des étrennes !
    Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes
    Dans quelque songe étrange où l'on voyait joujoux,
    Bonbons habillés d'or, étincelants bijoux,
    Tourbillonner, danser une danse sonore,
    Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !
    On s'éveillait matin, on se levait joyeux,
    La lèvre affriandée, en se frottant les yeux...
    On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,
    Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,
    Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
    Aux portes des parents tout doucement toucher...
    On entrait !... Puis alors les souhaits... en chemise,
    Les baisers répétés, et la gaîté permise !...  

     
    (Suite en bas de la page)


    Arthur Rimbaud


Porter le paysage dans les yeux en pèlerin
Sur le chemin passer comme passe le vent...
Gilles Baudry



                            
La Iglesia de Queruas                                                       L'Archange Saint-Michel


Les beaux passages en sous-bois...


Le Rio Canero


La manech tête noire est une race ovine originaire des montagnes du Pays basque


Le bonheur d'être pèlerin !


Lavoir et fontaine



Les vestiges d'une antique cité ?





La pause océane...


Le port de Luarca


La porte d'entrée du quartier historique de Luarca


Les bateaux de pêche...


L'Ayutamiento de Luarca


Une chapelle sur les hauteurs d'où la vue est magnifique !


Ermita de la Virgen de la Blanca


Veau attendrissant...

                                                    

Un Horreo, haut perché...                                                                                       Iglesia de Otur



Une belle réserve !


    Je prends mon petit-déjeuner dans la cuisine de la Casa Ignacio. Je suis sur le chemin à 7h, il fait nuit,

    le ciel est à moitié couvert... Je suis la N632 jusqu'à Queruas puis le chemin balisé. Je m'arrête dans un
    bar à Canero boire un cafe con leche avec un croissant. Le chemin est agréable, il y a moins de dénivelés
    que lors de l'étape précédente. Quelques beaux passages en forêt au milieu des chênes, des hêtres et
    des pins.

    Arrivé vers Barcia, le balisage est défectueux, je me retrouve sur une petite route qui va droit
    vers l'océan...Il n'y a plus de balise, aussi je demande à un automobiliste si je peux rejoindre Luarca par
    cette route. Comme sa réponse est "oui", je continue tranquillement en suivant cet itinéraire qui m'amène
    au bord de l'océan dans un site magnifique avec des rochers aux formes étranges qui font penser à des
    vestiges de constructions anciennes... C'est vraiment spectaculaire et je ne regrette pas d'avoir perdu
    le chemin balisé !

    Il y a ensuite une montée assez raide pour me retrouver sur la hauteur d'où j'aperçois bientôt en
    contrebas la ville de Luarca qui offre un panorama splendide...La route descend vers la ville avec

    tout le long de belles vues sur la cité et son port.

    Après avoir traversé une partie de la vieille ville, j'arrive au port où sont alignés de nombreux bateaux
    de pêche et j'ai alors l'envie de déguster un plat typique de la région. Ce sera du "Merluza a la sidra"
    accompagné d'un verre de vin blanc "Albariño".


    Pour quitter la ville, il faut remonter sur les hauteurs où je retrouve les balises du chemin qui vont me
    conduire jusqu'à Otur où j'ai réservé une chambre dans un hôtel qui se trouve sur la N634.
    Je dîne sur place avec l'allemande avec laquelle j'ai déjà partagé un dîner il y a 2 jours.

 

Les rochers spectaculaires au bord de la Playa de Portizuelo
 

 


Hébergement à l'Hotel-Restaurante Casa Consuelo - N634

Tél. 985 641 696
Belle chambre avec SDB
20 euros pour la nuit et le petit-déjeuner
  (3 coquilles)
 



    Les étrennes des orphelins
    (Suite et fin)

    4-
    Ah ! c'était si charmant, ces mots dits tant de fois ! 
    - Mais comme il est changé, le logis d'autrefois :
    Un grand feu pétillait, clair, dans la cheminée,
    Toute la vieille chambre était illuminée ;
    Et les reflets vermeils, sortis du grand foyer,
    Sur les meubles vernis aimaient à tournoyer...
    - L'armoire était sans clefs !... sans clefs, la grande armoire !
    On regardait souvent sa porte brune et noire...
    Sans clefs !... c'était étrange !... on rêvait bien des fois
    Aux mystères dormant entre ses flancs de bois,
    Et l'on croyait ouïr, au fond de la serrure
    Béante, un bruit lointain, vague et joyeux murmure...
    - La chambre des parents est bien vide, aujourd'hui
    Aucun reflet vermeil sous la porte n'a lui ;
    Il n'est point de parents, de foyer, de clefs prises :
    Partant, point de baisers, point de douces surprises !
    Oh ! que le jour de l'an sera triste pour eux !
    - Et, tout pensifs, tandis que de leurs grands yeux bleus,
    Silencieusement tombe une larme amère,
    Ils murmurent : " Quand donc reviendra notre mère ? "

    5-
    Maintenant, les petits sommeillent tristement :
    Vous diriez, à les voir, qu'ils pleurent en dormant,
    Tant leurs yeux sont gonflés et leur souffle pénible !
    Les tout petits enfants ont le coeur si sensible !
    - Mais l'ange des berceaux vient essuyer leurs yeux,
    Et dans ce lourd sommeil met un rêve joyeux,
    Un rêve si joyeux, que leur lèvre mi-close,
    Souriante, semblait murmurer quelque chose...
    - Ils rêvent que, penchés sur leur petit bras rond,
    Doux geste du réveil, ils avancent le front,
    Et leur vague regard tout autour d'eux se pose...
    Ils se croient endormis dans un paradis rose...
    Au foyer plein d'éclairs chante gaîment le feu...
    Par la fenêtre on voit là-bas un beau ciel bleu ;
    La nature s'éveille et de rayons s'enivre...
    La terre, demi-nue, heureuse de revivre,
    A des frissons de joie aux baisers du soleil...
    Et dans le vieux logis tout est tiède et vermeil
    Les sombres vêtements ne jonchent plus la terre,
    La bise sous le seuil a fini par se taire ...
    On dirait qu'une fée a passé dans cela ! ...
    - Les enfants, tout joyeux, ont jeté deux cris... Là,
    Près du lit maternel, sous un beau rayon rose,
    Là, sur le grand tapis, resplendit quelque chose...
    Ce sont des médaillons argentés, noirs et blancs,
    De la nacre et du jais aux reflets scintillants ;
    Des petits cadres noirs, des couronnes de verre,
    Ayant trois mots gravés en or : " A NOTRE MÈRE ! "

    Arthur Rimbaud
     

 

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