Comme chaque matin, il est à peine 6h quand je descends les rues qui mènent de
l'Albergue au centre-ville, et là miracle ! Tous les bars sont ouverts... J'en profite pour boire un cafe con leche et faire le plein d'eau avec des glaçons
pour mettre dans la poche à l'intérieur du sac...La sortie de la ville est facile, bien balisée et me mène dans la campagne en suivant une petite route pendant 2 à 3km. C'est tranquille, la nuit est belle, la lune haut dans le ciel... Je me laisse imprégner par les bruits et les senteurs de ce moment de rupture entre la nuit et le jour qui annonce l'éclosion d'une aube prochaine...
Et alors devinez quoi ?... Je marche au milieu des oliviers toujours aussi nombreux qui sont devenus comme des compagnons de
Chemin... Une complicité s'est établie entre nous.. Je les vois comme les
gardiens séculaires de ces pistes que les pèlerins foulent de leurs pas bien
rythmés... Et la lune là-haut est le témoin de cette alliance entre le pèlerin
et l'olivier...
La particularité de cette étape, c'est qu'elle est vallonnée, sans
dénivelés importants, plutôt en pente douce et elle offre ainsi en contraste avec les jours précédents
une certaine douceur, un charme, comme une caresse...
Et pour en rajouter, le soleil levant joue à l'artiste en déployant une palette
de couleurs qui me ravit et me dégage de ces incertitudes dans lesquelles le
Chemin parfois vous plonge...
"Incertitude ô mes délices, vous et moi nous nous en allons, comme s'en
vont les écrevisses, à reculons, à reculons..." (Apollinaire)
Je passerai sur le déroulement de l'étape, pistes, routes, une ballade
champêtre au milieu des ces millions d'oliviers.. Jamais je n'aurais cru en
voir autant ! Cette région est le grenier à huile de l'Europe ! Les terres des plantations d'oliviers sont de différentes couleurs, il y a des terres blanches, d'autres plutôt ocres ou brunes, marrons, bistres et parfois une teinte qui tire sur le rouge... Dans quelque direction que se porte le regard, on ne voit que des oliviers, dans les vallons, sur les collines et même sur les sommets des petites montagnes...
Je pensais trouver un pueblo à mi-étape, mais Izcar mentionné dans le guide de Gérard du Camino n'est qu'un lieu-dit... Heureusement j'ai emporté assez d'eau et je marche à une bonne allure, aussi j'espère arriver à l'étape avant la chaleur du début d'après-midi qui est alors difficile à supporter...
Quelques kilomètres avant d'arriver, je fais une pause au bord du rio Guadajoz pour rafraîchir les pieds... A ce sujet, j'ai bien frictionné mes pieds avec cette huile de Rose Musquée achetée hier, et avec les nouvelles semelles du Dr Scholl, je me suis senti depuis le départ de l'étape super bien dans mes chaussures et c'est fou comme on se sent mieux quand les pieds vont bien et comme la marche est plus aisée et plus rapide...
Je passe devant plusieurs pépinières d'oliviers et arrivé à Castro del Rio, je vais boire la cerveza de rigueur au bar sur la Plaza San Fernando,
moment d'extase, puis je passe à la Policia Local prendre les clés de l'Albergue qui est assez proche du centre.
Bon, le programme suivant est identique à celui des jours précédents, à savoir : Douche, lavage du linge, repos, puis écriture du texte et transfert des photos de mon appareil Lumix vers mon smartphone pour publier dans la soirée mon topo du jour sur FaceBook. Ensuite, je m'installe au Bar où je bois un Tinto de Verano et où l'on me sert un bon dîner pour 10 euros !
De retour à l'Albergue, alors que je suis sur le point de me coucher, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir... C'est un jeune pèlerin Lithuanien qui arrive...Il est 23 h ! Je l'accueille et lui montre le dortoir qui est libre où il peut s'installer...Puis nous nous souhaitons mutuellement une bonne nuit ! (Qui ne sera pas très bonne, car il fait chaud et je dois plusieurs fois me lever pour prendre une douche froide afin de me rafraîchir !)
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