Mercedi 24 Août 2011 :  Vals > Pamiers  - 19 km


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Au Cabaret Vert, cinq heures du soir

Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

- Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure ! -
Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, - et m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.

Arthur Rimbaud
 



Aujourd'hui le Chemin nous emmène à travers vallons et collines, dans un environnement bucolique avec
tantôt des petits bois de chênes, tantôt de vastes prairies aux fleurs multicolores vers Saint-Amadou
...




"Si la beauté n'est pas captée par un regard, la beauté ne se sait pas,
elle est en pure perte, elle ne prend pas son plein sens."
François Cheng  -  "Cinq Méditations sur la Beauté"

Petite réflexion personnelle inspirée à partir de la lecture de ce livre :
Le pèlerin sur les chemins contribue à compenser cette perte de la beauté que nous offre
la nature à tous les moments de la journée. Il est disponible tout au long de sa marche
pour capter par son regard les scènes toujours nouvelles qui surgissent de la rencontre
des éléments qui constituent les paysages traversés.
Par son regard qui rejoint le regard de Dieu,
il fait vivre la Beauté et s'en trouve ainsi élevé au rang de créateur...

 




Un peu avant Saint Amadou, je traverse une vaste plaine où les champs de maïs sont arrosés avec
de grandes perches mobiles qui au passage arrosent aussi le pèlerin qui ne s'en plaindra pas,
étant donné la chaleur qui est encore assez forte !


A Saint Amadou on peut admirer cet ancien abreuvoir alimenté par une source d'eau très froide.


 



Il y a ensuite une ancienne voie ferrée que l'on suit pendant un moment ...
J'ai un peu perdu les balises, je grimpe par un petit sentier sur un plateau  
où je vais traverser
Ludiès et Le Carlaret avant de redescendre vers Pamiers
en suivant de longues pistes rectilignes (Ancienne voie ferrée).

  
Environnement de fermes, de champs de maïs, de vaches et chevaux...


La croix du Crieu.


Petit pont sur le ruisseau du Crieu.

J'arrive à
Pamiers
vers 14h, je me dirige vers l'évêché où je suis arrêté par Marie
une hospitalière qui me conduit au local de l'Evêché qui accueille les pèlerins.
Arrive ensuite Marie-Thérèse qui me conduit aux étages où se trouvent
les chambres des pèlerins. Comme je suis seul, je peux choisir la chambre !
Ensuite j'irai faire une petite visite de la ville en attendant le dîner...

La Cathédrale Saint-Antonin de Pamiers.
 

Hébergement à la Halte Saint-Jacques
Accueil par un groupe de familles - Prévenir à l'avance -  Tél. 06 64 32 16 09
Hébergement de 2 personnes par famille avec repas du soir et petit-déjeuner en famille

 


Le serpent qui danse

Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L’or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d’abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l’eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon coeur !

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
 

 

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