Jeudi 1er Septembre 2011 : Lortet > Moulin des Baronnies (Sarlabous) -  21 km


   Lien avec l'étape sur le site VPPYR



Dans cette page et la suivante, j'ai mis des extraits d'Une Saison en Enfer d'Arthur Rimbaud.

 "Comme Rimbaud lui-même l'écrit à la toute fin de son manuscrit, "Une Saison en Enfer" a été rédigé
entre les mois d'avril et août 1873, c'est-à-dire après deux épisodes particulièrement douloureux dans la vie
du poète : l'exil londonien et, surtout, la fameuse dispute où Verlaine blessa Rimbaud d'un coup de feu.

Après un
 Prélude où le poète annonce qu'il a failli devenir fou, qu'il a failli mourir aussi,
Rimbaud retrace l'itinéraire qui l'a presque mené à sa perte. D'abord, dans
 Mauvais Sang, il remonte
jusqu'à ses ancêtres gaulois pour expliquer qu'il est issu d'une race esclave et que, né d'ancêtres qui ont couru
les Sabbats et traversé l'Europe pour rejoindre les Croisades, l'ordre social lui a toujours été étranger.

Dans
 Nuit de l'Enfer, d'abord intitulé Fausse conversion, Rimbaud regrette ne pas avoir assumé la part
païenne de son héritage et d'avoir au contraire succombé au mysticisme chrétien. D'autres errements
sont contés dans Délires. C'est à cette époque que le poète s'habitue à l'hallucination simple,
qu'il trouva
 sacré le désordre de [son] esprit, bref qu'il exploita tous les sophismes de la folie -la folie qu'on
enferme.
 Cette section d' "Une Saison en Enfer" semble retracer l'expérience de la voyance.

Les quatre derniers chapitres présentent le retour progressif à la raison, cheminement tout de même
interrompu par quelques mirages et quelques désespoirs. Dans
 L'Impossible, Rimbaud évoque tour à tour
l'Orient et la science. Dans
 L'Éclair, tout rêve, tout mysticisme apparaissent vains, alors qu'avec Matin 
l'expression de l'espoir prend le dessus. Enfin, Rimbaud explique avec
 L'Adieu qu'il ne lui reste plus
qu'à s'astreindre au travail: lui qui s'est dit mage ou ange, dispensé de toute morale, il est rendu au sol,
avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre.


Rimbaud a assumé lui-même la publication d' "Une Saison en Enfer", probablement en septembre 1873.
L'œuvre a été imprimée à Bruxelles à 500 exemplaires. Ce n'est qu'en 1901 qu'un bibliophile belge,
Léon Losseau, a découvert les brochures qui n'avaient  jamais été mises en vente.
Cependant, il a fallu attendre 1914 pour que la
 confession de l'enfer 
que nous a laissée Rimbaud devienne enfin accessible."

(Commentaire pris sur le site poetes.com)

 (On peut lire les 4 derniers chapitres sur la page du 12 Septembre)
 


 


Alchimie du verbe (Délires II)

 À moi. L'histoire d'une de mes folies.
     Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, 
et trouvais dérisoire les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.

     J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, 
enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d'église, 
livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées,
petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.

     Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, 
républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de mœurs, 
déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.
J'inventai la couleur des voyelles ! — A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. — 
Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, 
je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. 
Je réservais la traduction.

     Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. 
Je fixais des vertiges.

Arthur Rimbaud  -  Une saison en enfer (1873)

 





Etape agréable avec peu de dénivelés. Nuages et soleil.
On est au cœur des
Baronnies.


Il y a de belles traversées de forêts...



Arrivée à
Labastide village connu pour son site préhistorique.

           
Mouton, cheval, mes seuls compagnons de ce jour...


De belles étendues de prés et de bois...


Et le panorama s'élargit pour englober les montagnes des Baronnies.


Une pause au pied de mon ancêtre :
Saint-Roch.


Arrivée en vue du village d'
Esparros
connu pour son gouffre, l'un des plus beaux des Pyrénées.
 


Alchimie du verbe (Délires II  -  Suite)

Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Que buvais-je, à genoux dans cette bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Dans un brouillard d'après-midi tiède et vert ?

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
— Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert ! —
Boire à ces gourdes jaunes, loin de ma case
Chérie ? Quelque liqueur d'or qui fait suer.

Je faisais une louche enseigne d'auberge.
— Un orage vint chasser le ciel. Au soir
L'eau des bois se perdait sur les sables vierges,
Le vent de Dieu jetait des glaçons aux mares ;

Pleurant, je voyais de l'or — et ne pus boire. 


Arthur Rimbaud (Une saison en enfer)
 

 








Après Esparros le chemin suit un joli parcours en crête de collines, passe deux cols,
remonte au sommet de la colline de Capetnamoude, arrive à la Croix de Mourtis (620m),
puis c'est la descente sur Espèche.


Après Espèche, le Chemin va suivre la rivière Arros.
Il passe d'un côté à l'autre de la rivière et permet de voir plusieurs anciens moulins à eau...





Je déclame les poèmes que j'ai appris ces derniers jours...

   
Les sous-bois le long de la rivière invitent au repos et à la contemplation...

 

Gîte d'étape du Moulin des Baronnies (Moulin de Sarlabous) (Tél. 05.62.39.05.14)
C'est un grand gîte pour les groupes, très bien équipé, mais il n'y a rien pour dîner.
On peut évidemment préparer son dîner si on fait des provisions.
Comme je n'avais rien emporté, j'ai acheté à la boutique un peu de charcuterie
et une bouteille de vin (pour briser un peu la solitude de cette soirée !)
2 Coquilles

 


Alchimie du verbe (Délires II  -  Suite)

À quatre heures du matin, l'été,
Le sommeil d'amour dure encore.
Sous les bocages s'évapore
          L'odeur du soir fêté.

Là-bas, dans leur vaste chantier
Au soleil des Hespérides,
Déjà s'agitent — en bras de chemise —
          Les Charpentiers.

Dans leurs Déserts de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
               Où la ville
          Peindra de faux cieux.

Ô, pour ces Ouvriers charmants
Sujets d'un roi de Babylone,
Vénus ! quitte un instant les Amants
     Dont l'âme est en couronne.

           Ô Reine des Bergers,
Porte aux travailleurs l'eau-de-vie,
Que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer à midi.


Arthur Rimbaud  -  Une saison en enfer (1873)
 

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