Jeudi 13 Septembre 2012 :  Ostabat > Saint-Jean-Pied-de-Port  -  21,5 km

 


    ..Sur la route uniforme, lorsque  ni le souvenir,
    ni la contemplation ne se portent au secours de l'errant,
    celui-ci a toujours la ressource de se replier dans ses rêves.
    Combien de vagabonds, égarés dans les landes,
    ont-ils avancé en traînant autour d'eux
    des lambeaux de visions, rêvant comme ils respirent.
    L'uniformité des lieux désolés incite à s'envoler
    vers les "Incroyables Florides" de l'imagination.
    L'état de légère inanition dans lequel on se trouve à la fin
    d'une étape forcée colore les rêves de teintes fantastiques.
    Sur la piste, pour combattre le vide, il y a la poésie !
    Le vagabond peut réciter des vers inépuisablement.
    La poésie remplit les heures creuses.
    Elle entretient l'esprit et gonfle l'âme.
    Elle est un rythme mis en musique.
    Les vers scandent la marche
    et peuvent être accordés à l'atmosphère :
    je dis plutôt Péguy dans la plaine arasée,
    Hugo dans le marais,
      Apollinaire en altitude,
    Shakespeare dans la tempête,
      Norge quand je suis saoul.
    Et le soir, à la halte, j'arrache de mon cahier de poésie
    la page qui m'a nourri tout le jour et construis avec elle
    un petit feu auquel je récite le poème appris.
    Manière charmante de clore la journée.

    "Petit traité sur l'immensité du monde" - Sylvain Tessson

     


      
Les croix jalonnent le Chemin, histoire de rappeler qu'on est sur un Chemin de Pèlerinage


Cette campagne du pays basque a été bien arrosée au cours de l'été pour être aussi verte


A Gamarthe, la mairie est accolée à l'église


Ces étranges monuments appelés Discoïdales


Pèlerin sous la pluie


Le village de Lacarre avec en fond le Château d'Harispe





Après 35 jours presque sans pluie, je suis bien arrosé tout au long de cette étape...


Le château d'Aphat (15ème et 18ème siècles) à Bussunarits

"Marcheur, ce sont tes traces
ce chemin, et rien de plus ;
Marcheur, il n'y a pas de chemin,
Le chemin se construit en marchant.
En marchant se construit le chemin,
Et en regardant en arrière
On voit la sente que jamais
On ne foulera à nouveau.
Marcheur, il n'y a pas de chemin,
Seulement des sillages sur la mer."


Antonio Machado


L'église Saint-Pierre d'Usakoa (12ème -13ème siècles)  à Saint-Jean-le-Vieux

     
Le Porche et une belle statue de la Vierge


Croix Navarraise plantée sur 3 gradins, où les pèlerins venaient prier et se reposer...


L'église Sainte-Madeleine de Beideger (14ème siècle)


Le Porche


La Nive de Laurhibar


L'arrivée en vue de Saint-Jean-Pied-de-Port


A l'entrée de Saint-Jean-Pied-de-Port, la Porte Saint-Jacques


 Le pont romain sur la Nive de Béhérobie


La rue de la Citadelle



On était content de se revoir avec Truus, une pèlerine néerlandaise


L'entrée de ce gîte où j'ai atterri malgré moi !


Le matin les pèlerins quittent la ville par la Rue d'Espagne, direction Roncevaux !!


Dernière étape de la Voie de Vézelay et 36ème jour de marche.

La pluie est au rendez-vous et accompagne les pèlerins de ce jour jusqu'à Saint-Jean !
Les villages se succèdent avec les belles maisons blanches aux volets rouges.
L'itinéraire malgré la pluie par intermittence est agréable et cela change
d'avoir d'autres pèlerins devant et derrière soi !
Traversée de
Larceveau, Utxiat, Gamarthe, Mongelos,
Saint-Jean-le-Vieux et La Magdeleine.
L'entrée dans
Saint-Jean-Pied-de-Port se fait par la Porte Saint-Jacques
qui est le passage obligé et qui marque la Fin du Chemin !!
 



Je quitte le gîte à 7h30 sous une pluie fine. J'aurai la pluie en alternance
tout au long
de l'étape jusqu'à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Je ne peux m'empêcher de me me remémorer mes précédents passages sur cet itinéraire :
En Juin 2005 venant alors du Puy-en-Velay.
En Septembre 2011 venant du Chemin du Piémont Pyrénéen.
Je m'arrête dans chaque petite église que je trouve sur mon chemin. Ces églises basques

sont des petites merveilles et j'aime m'y reposer et y prendre un temps de silence.
A Saint-Jean-le-Vieux, je m'arrête dans un restaurant manger une omelette.
Il reste alors 4 kilomètres à parcourir pour arriver au terme de ce Chemin.
Je marche depuis 36 jours et je suis partagé entre la satisfaction d'avoir accompli
cette nouvelle pérégrination depuis Vézelay et une certaine appréhension du retour
à la vie "Normale" dans laquelle je serais plongé dans 48 heures !
Après le passage par la porte Saint-Jacques à l'entrée de Saint-Jean-Pied-de-Port, je vais
directement au Gîte Privé "L'Esprit du Chemin" et là, j'ai la désagréable surprise d'apprendre
que ma réservation (J'ai téléphoné il y a 3 jours) n'a pas été prise en compte, et fort désappointé,
je remonte à l'Accueil Saint-Jacques pour obtenir un N° en vue d'avoir un lit au Refuge Pèlerin
Municipal. Mais là encore, on me dit qu'il n' y a plus de place ! (De nombreux pèlerins sont arrivés
par le train de Bayonne et occupent tous les lits.) Alors je me rabats sur le Gîte "L'Atelier" situé un
peu plus bas dans cette même rue de la Citadelle. L'accueil n'est pas au Top et cela sent le pipi de chat.
Je fais comme on dit contre mauvaise fortune bon cœur et je m'installe. Ensuite je vais à la gare prendre
mon billet de train pour demain (Direction Toulon). Je retourne à "L'Esprit du Chemin" voir Agnès
 la pèlerine Varoise rencontrée lors de l'étape d'hier. Ensuite avec Truss, une pèlerine néerlandaise
rencontrée en 2006 lors du mariage de Philippe, un ami pèlerin, nous allons boire un verre en
racontant nos diverses expériences, aventures et mésaventures vécues au cours de nos Chemins
respectifs. Puis nous nous séparons, car elles ont leur dîner au Gîte "L'Esprit du Chemin",
et craignant la solitude pour cette dernière soirée, le hasard me fait rencontrer une autre pèlerine
avec laquelle je partage un bon dîner. La nuit sera longue jusqu'à 7h, heure avant laquelle on nous
a demandé de ne pas nous lever pour ne pas réveiller notre hôtesse !
Et voilà la Fin du Camino, le train, le retour, la vie "Normale"...
A quand le prochain Chemin et lequel ?
  


Gîte "L'atelier" - Chez Kristiane Sinamian
Dortoir de 8 lits - Hôtesse appelée "La comtesse aux pieds nus"
Gîte peu agréable et que je ne recommenderais pas
1 coquille

 


    Marcher, c'est s'offrir aux climats et aux énergies du lieu,
    qui nourrissent et inspirent votre esprit.
    La perfection du corps et de l'esprit est là.
    Que celui qui marche puisse prendre sur lui l'odeur
    et le parfum des arbres et des fleurs,
    comme une antilope ou un cerf...
    Marcher ainsi, c'est être au présent
    de notre nature originelle,
    qui est aussi partout répandue dans la nature,
    débarrassé du fatras social et mental.
    C'est ainsi que celui qui marche vraiment
    se balade en quête de la Terre Sainte,
    jusqu'au jour où le soleil de l'illumination
    aura fait le tour dans son esprit
    et où il atteindra la terre sainte où il a toujours été…


    H.D. Thoreau
     

 

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