Mardi 4 Septembre 2012 :  La Réole > Bazas - 27 km

 


    Désirs

    Le rêve pour les uns serait d’avoir des ailes,
    De monter dans l’espace en poussant de grands cris,
    De prendre entre leurs doigts les souples hirondelles,
    Et de se perdre, au soir, dans les cieux assombris.

    D’autres voudraient pouvoir écraser des poitrines
    En refermant dessus leurs deux bras écartés ;
    Et, sans ployer des reins, les prenant aux narines,
    Arrêter d’un seul coup les chevaux emportés.

    Moi ; ce que j’aimerais, c’est la beauté charnelle :
    Je voudrais être beau comme les anciens dieux,
    Et qu’il restât aux coeurs une flamme éternelle
    Au lointain souvenir de mon corps radieux.

    Je voudrais que pour moi nulle ne restât sage,
    Choisir l’une aujourd’hui, prendre l’autre demain ;
    Car j’aimerais cueillir l’amour sur mon passage,
    Comme on cueille des fruits en étendant la main.

    Ils ont, en y mordant, des saveurs différentes ;
    Ces arômes divers nous les rendent plus doux.
    J’aimerais promener mes caresses errantes
    Des fronts en cheveux noirs aux fronts en cheveux roux.

    J’adorerais surtout les rencontres des rues,
    Ces ardeurs de la chair que déchaîne un regard,
    Les conquêtes d’une heure aussitôt disparues,
    Les baisers échangés au seul gré du hasard.

    Je voudrais au matin voir s’éveiller la brune
    Qui vous tient étranglé dans l’étau de ses bras ;
    Et, le soir, écouter le mot que dit tout bas
    La blonde dont le front s’argente au clair de lune.

    Puis, sans un trouble au coeur, sans un regret mordant,
    Partir d’un pied léger vers une autre chimère.
    - Il faut dans ces fruits-là ne mettre que la dent :
    On trouverait au fond une saveur amère.

    Guy de Maupassant, Des vers

 



En quittant La Réole au petit matin sur le pont qui enjambe la Garonne


La Beauté est à tous les coins du Chemin...





Eglise de Floudès


Les belles salades à perte de vue...


Le canal latéral de la Garonne

      
                         Eglise Saint-Michel de Puybarban                                               Ce Tournesol me salue au passage !                       


Sur le pont emblématique de Pondaurat (Pont-Digue sur la Bassanne) (13ème siècle)

      
        Eglise Saint-Roch de Savignac (12ème siècle)                Eglise Notre-Dame d'Auros (13ème-19ème)


Je longe de belles plantations de noisetiers et je n'ai qu'à me baisser...


Beau passage le long d'un vaste étang


J'arrive à Bazas belle cité dominée par cette Cathédrale impressionnante


La façade de la Cathédrale Gothique Saint-Jean Baptiste (16ème-18ème siècles)


Le Porche central représentant le thème du Jugement Dernier


La Nef centrale de style gothique


La Rosace en syle flamboyant du 16ème siècle


Ce début d'étape se fait entre
Garonne et Canal Latéral jusqu'au Pont de Pondaurat

 (Pont doré) qui franchit la
Bassanne passage important sur la route de Compostelle.
Traversée des villages :
Floudès, Puybarban, Pondaurat, Savignac et Auros.
L'itinéraire suit des petites routes goudronnées et seulement sur les derniers kilomètres
on a le plaisir de marcher sur des petits chemins entre haies et taillis...
On est en
Pays Bazadais à l'entrée de la forêt des Landes de Gascogne.
A l'entrée de Bazas commence le balisage au sol, avec des coquilles en bronze
(Emblême de la Voie de Vézelay)
 



Mon hôte me raccompagne en voiture à la sortie de La Réole au niveau du pont qui enjambe
la Garonne.
Une grande partie de l'itinéraire se fait le long de petites routes avec quelques incursions
sur des routes plus importantes. Après Floudès, il y a une montée raide pour arriver à Puybarban
où je m'arrête dans une église heureusement ouverte. Un peu plus loin, je fais une pause à Pondaurat
où il y un local qui invite les pèlerins pour un temps de repos. Je passe sur le beau Pont-Digue qui
enjambe la rivière La Bassanne et je continue le parcours sur le goudron. Je traverse Savignac dont
l'église est
fermée et ensuite Auros où je m'arrête dans la cour d'un refuge pèlerins qui ne doit pas
être très fréquenté. Heureusement, les derniers kilomètres sont plus agréables qui font passer par
des petits chemins entre haies et taillis. Il y a un passage de ruisseau puis une montée le long
d'un grand étang. Et c'est l'arrivée en vue de Bazas où j'entre en suivant la D9/D12. Là commence
le balisage au sol, avec des coquilles en bronze (Emblême de la Voie de Vézelay).
Je vais à l'Office du Tourisme qui me donne le code pour entrer dans le refuge municipal
qui se trouve dans le Centre Marcel Martin. Plus tard, je vais visiter la Cathédrale impressionnate
par ses dimensions et riche d'un passé jacquaire. Je suis en admiration devant le porche central
qui reprend le thème traditionnel du Jugement Dernier. Je finis la soirée dans un petit restaurant.


Refuge pèlerin municipal
Centre Marcel Martin - Cours Maréchal Joffre
C'est correct, mais il manque les ingrédients pour le petit-déjeuner
2 coquilles

 


    Promenade à seize ans

    La terre souriait au ciel bleu. L’herbe verte
    De gouttes de rosée était encor couverte.
    Tout chantait par le monde ainsi que dans mon coeur.
    Caché dans un buisson, quelque merle moqueur
    Sifflait. Me raillait-il ? Moi, je n’y songeais guère.
    Nos parents querellaient, car ils étaient en guerre
    Du matin jusqu’au soir, je ne sais plus pourquoi.
    Elle cueillait des fleurs, et marchait près de moi.
    Je gravis une pente et m’assis sur la mousse
    A ses pieds. Devant nous une colline rousse
    Fuyait sous le soleil jusques à l’horizon.
    Elle dit : “Voyez donc ce mont, et ce gazon
    Jauni, cette ravine au voyageur rebelle !”
    Pour moi je ne vis rien, sinon qu’elle était belle.
    Alors elle chanta. Combien j’aimais sa voix !
    Il fallut revenir et traverser le bois.
    Un jeune orme tombé barrait toute la route ;
    J’accourus ; je le tins en l’air comme une voûte
    Et, le front couronné du dôme verdoyant,
    La belle enfant passa sous l’arbre en souriant.
    Émus de nous sentir côte à côte, et timides,
    Nous regardions nos pieds et les herbes humides.
    Les champs autour de nous étaient silencieux.
    Parfois, sans me parler, elle levait les yeux ;
    Alors il me semblait (je me trompe peut-être)
    Que dans nos jeunes coeurs nos regards faisaient naître
    Beaucoup d’autres pensers, et qu’ils causaient tout bas
    Bien mieux que nous, disant ce que nous n’osions pas.

    Guy de Maupassant, Des vers

     

 

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