Dimanche 11 Mai 2008  -  Morille > Salamanca (21 km)



Terre

Que tu es belle, Terre, et que tu es sublime !
Quelle sagesse dans ton obéissance à la lumière, et quelle noblesse dans ta soumission au soleil !
Que tu es séduisante, voilée d'ombre, et que ton visage est rayonnant sous le masque des ténèbres !
Que les chants de ton aube sont cristallins, et que les louanges de ton crépuscule sont prodigieuses !
Que tu es parfaite, Terre, et que tu es majestueuse !

J'ai parcouru tes plaines et gravi tes montagnes;
je suis descendu dans tes vallées et suis entré dans tes grottes.
Dans les plaines, j'ai découvert tes rêves; sur les montagnes, j'ai admiré ta prestance.

Et dans les vallées, j'ai témoigné de ta quiétude; dans les rochers, j'ai senti ta fermeté;
Dans les grottes, j'ai touché à tes mystères...


J'ai sillonné tes mers, exploré tes rivières, et longé tes ruisselets.
J'ai entendu l'Eternité par ler à travers ton flux et ton reflux
et les âges renvoyer les échos de tes mélodies sur les flancs de tes collines.
Et j'ai entendu la Vie s'interpellant dans les cols de tes montagnes et le long de tes pentes.

Tu es la langue de l'Eternité et ses lèvres, les cordes du Temps
et ses doigts, les pensées de la Vie et ses paroles.

Ton Printemps m'a éveillé et m'a conduit vers tes forêts,
où ton souffle exhale au loin son doux parfum en volutes d'encens...

Par une nuit étoilée, j'ai ouvert les écluses de mon âme
et suis allé te côtoyer, le cœur curieux et avide.
Et je t'ai vu regarder les étoiles qui te souriaient.
Alors j'ai rejeté mes fers et mes entraves,
car j'ai découvert que le logis de l'âme est ton univers,
que ses désirs grandissent dans tes désirs,
que sa paix demeure dans ta paix
et que sa joie est dans cette chevelure d'étoiles
que répand la nuit par dessus ton corps...


Immenses sont tes dons, Terre, et profonds sont tes gémissements ;
et longues sont les langueurs de ton cœur pour tes enfants fourvoyés
par leur cupidité sur le chemin de leur vérité.


Nous nous écrions et toi, tu souris.
Nous nous dévoyons et toi, tu expies.
Nous souillons, tu sanctifies.

Et nous blasphémons, tu bénis...
...........................

L'oeil du Prophète  -  Khalil Gibran



  •                    
    Le Chemin boueux n'empêche pas d'apprécier les belles étendues de prairies et de champs de céréales


                       
    A quelques kilomètres de Salamanque on arrive à ce point haut d'où l'on a une superbe vue sur la ville



    Le pont romain sur le rio Tormes qui marque l'entrée dans la ville

    Salamanca


    La nef centrale de la Nouvelle Cathédrale   





                        
    Une nef latérale et ce magnifique orgue



    Une des entrées de la Nouvelle Cathédrale



    La Cathédrale Ancienne



    La Plaza Mayor
     


    Nous quittons tous les 4 l'albergue à 6h. Le temps menace à nouveau et après 1 kilomètre,
    il commence à tomber quelques gouttes. Gabriel et l'Allemande font demi-tour pour prendre un bus !!
    Nous continuons avec José et heureusement la pluie s'arrête.
    Le Chemin est agréable, c'est une large piste qui s'enfonce au milieu de prairies où paissent des centaines
    de vaches avec leurs petits. Après 10 km on aperçoit au loin Salamanque que l'on va garder en ligne de mire
    tout le reste de l'étape. Plus on approche, plus la ville apparaît clairement avec les tours de ses cathédrales.
    On s'arrête à un point haut où il y a des rochers et une croix, puis c'est la descente vers la ville.
    On franchit le pont romain de quinze arches sur le rio Tormes à 11 h et nous allons directement dans le vieux
    quartier à la Pension Barez au 19 Calle Melendez où nous avons chacun une chambre pour 12 euros la nuit.
    J'ai toute l'après-midi devant moi pour me promener dans cette belle ville, visiter les 2 cathédrales
    (L'Ancienne et la Nouvelle) et aller sur internet pour envoyer quelques mails...
    Le soir nous dînons ensemble dans un petit resto sympa et la soirée se termine autour de quelques
    verres de Pacharan et Cuba Libre.

     

     


    Hébergement à la Pension Barez, 19 calle Melendez  à 200 m de la Cathédrale.
    C'est sommaire, mais propre et bon marché (12 euros la nuit)

    2 Coquilles

     

     


    Le Voyage


    Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,
    L’univers est égal à son vaste appétit.
    Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
    Aux yeux du souvenir que le monde est petit !
     
    Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
    Le cœur gros de rancune et de désirs amers,
    Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
    Berçant notre infini sur le fini des mers :
     
    Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
    D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
    Astrologues noyés dans les yeux d’une femme,
    La Circé tyrannique aux dangereux parfums.
     
    Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent
    D’espace et de lumière et de cieux embrasés ;
    La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
    Effacent lentement la marque des baisers.
     
    Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
    Pour partir; cœurs légers, semblables aux ballons,
    De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
    Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !
     
    Ceux-là, dont les désirs ont la forme des nues,
    Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon,
    De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
    Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !
    .......................

    VII

    Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
    Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,
    Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
    Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !
     
    Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
    Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapit
    Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste,
    Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,
     
    Comme le Juif errant et comme les apôtres,
    À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
    Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d’autres
    Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.
     
    Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
    Nous pourrons espérer et crier : En avant !
    De même qu’autrefois nous partions pour la Chine,
    Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,
     
    Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
    Avec le cœur joyeux d’un jeune passager.
    Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres,
    Qui chantent : « Par ici ! vous qui voulez manger
     
    Le Lotus parfumé ! c’est ici qu’on vendange
    Les fruits miraculeux dont votre cœur a faim ;
    Venez vous enivrer de la douceur étrange
    De cette après-midi qui n’a jamais de fin ! »
     
    À l’accent familier nous devinons le spectre ;
    Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
    « Pour rafraîchir ton cœur nage vers ton Électre ! »
    Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.
     
    VIII
     
    Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre !
    Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
    Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,
    Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !
     
    Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte !
    Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
    Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?
    Au fond de l’Inconnu pour trouver du
    nouveau !


    "Les fleurs du mal"  -  Charles Baudelaire





  • La "Casa de las Conchas" de Salamanque est l´un des bâtiments les plus connus de la ville.
     Il contient une bibliothèque, l´office du tourisme, et diverses expos d´art et culture.
    De style gothique, la maison a été construite en 1493, il a fallu 20 ans pour la terminer.
    C'était un palais de la noblesse au XVIème siècle, dont la construction avait été ordonnée
    par le recteur de l´université de Salamanque, qui fit également construire le cloître de la vieille cathédrale.
    Elle est décorée de coquilles Saint-Jacques en pierre, car le recteur était chevalier de l´ordre de Saint-Jacques.
    Certains disent que c´était également une preuve d´amour pour sa femme.
    Le palais porte les armes de la famille, et les fleurs de lys de son écusson.

     

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