3ème étape - Vendredi 20 Août 2010 : 
Le Bouchet-Saint-Nicolas  >  Pradelles  (1150 m) - 19,5 km

 


...Béni soit l'homme qui inventa les aiguillons ! Béni soit l'aubergiste du Bouchet-Saint-Nicolas qui

m'en montra le maniement ! Cette simple gaule, pointue d'un huitième de pouce, était en vérité
un sceptre, lorsqu'il me la remit entre les mains. A partir de ce moment-là, Modestine devint mon esclave.
Un piqûre et elle passait outre aux seuils d'étable les plus engageants. Un piqûre et elle partait d'un
joli petit trottinement qui dévorait les kilomètres...

"...Pradelles est situé au flanc d'un coteau dominant l'Allier, entouré d'opulentes prairies.
On fauchait le regain de toutes parts, ce qui conférait au voisinage,
ce matin d'automne orageux, une odeur insolite de fenaison.
Sur la rive opposée de l'Allier, le site continuant de s'élever pendant des milles à l'horizon, un paysage
d'arrière-saison halé et jauni, marqué des taches noires des bois de pins et des routes blanches sinuant
parmi
les monts au-dessus de l'ensemble, les nuages épandaient une ombre uniformément purpurine,
triste et en quelque sorte menaçante, exagérant hauteur et distances et donnant plus de relief encore
aux sinuosités de la grand'route. La perspective était assez désolée mais stimulante pour un touriste.
Car, je me trouvais maintenant
à la lisière du Velay et tout ce que j'apercevais était situé dans une
autre région - le Gévaudan sauvage, montagneux, inculte, de fraîche date déboisé par crainte des loups."


(Extrait de "Voyages avec un âne dans les Cévennes"  - Stevenson)
 

Au cours ce cette étape nous allons traverser un haut plateau relativement monotone, situé à la limite
des bassins de la Loire et de l'Allier. On peut apercevoir au loin le massif du Mézenc à l'est
et les monts de la Margeride à l'ouest.

   
La Nature nous révèle tout au long du Chemin des sujets d'émerveillement...
 


L'immensité du plateau couvert de petites fleurs des champs



Ce vieux pont à l'entrée de Landos

  
"Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,                                    Le Viaduc d'Arquejol sur lequel ne circulent plus de trains,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,                                                            mais des vélos-rail pour le plaisir des vacanciers     
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.                                                                                                                                                 
Je laisserai le vent baigner ma tête nue."    (Rimbaud)                                                                                                                                   

  

Ces grands espaces font le bonheur du marcheur...

    
Un peu avant d'arriver à Pradelles, on aperçoit le barrage de Naussac                              Première vue sur  le bourg de
Pradelles                      
tout proche de Langogne                                                                                                                                      


  
La chapelle et l'ancien hôpital de Pradelles  


  

 

Hébergement dans la maison de vacances d'une amie pèlerine de Compostelle,
dont on peut voir le haut de la porte d'entrée ci-dessus.
5 Coquilles



 


Extrait du Topo de Jacques Castonguay, mon ami québecois qui a fait ce Chemin en Mai 2007

Le Bouchet-Saint-Nicolas  > Pradelles

C’est sous un ciel gris et dans le brouillard que j’entame ma troisième journée de marche. Sur un terrain plat, j’avance en sifflotant
au travers de prairies vertes avant de parvenir à Landos, un hameau agricole dont l’entrée est signalée par un beau lavoir récemment
rénové. Une boulangerie m’accueille ainsi qu’un magasin à journaux. Sur le chemin, comme je dois prendre soin de mon corps
et de mon esprit, un pain et un journal sont toujours mes premiers achats du jour. Un crachin m’accompagne lorsque je traverse
le bourg de Jagonas mais une éclaircie me permet d’admirer le superbe viaduc d’Arquejol qui relie deux collines au dessus
d’une verdoyante vallée. Je suis impressionné par les prouesses techniques des constructeurs de ces viaducs mais je suis
tout aussi épaté par leur beauté et leur esthétique. Ils sont magnifiques et les années passant, ils se sont comme intégrés au paysage.
Continuant mon chemin, je parviens au grand bois de Chatouneyres. C’est une belle forêt en exploitation avec donc des chemins
boueux et défoncés par les véhicules forestiers. La quasi absence de balises me fait douter du sentier mais c’est avec soulagement
que je sors de la forêt pour entrer dans la joli ville de Pradelles. C’est un ancien castrum, c’est-à-dire un « bourg fortifié »,
le « Castrum prattelae ». Profitant de sa position stratégique pour la surveillance d’un vaste territoire et pour les échanges
commerciaux, ce bourg existerait depuis 1043. Il est en effet au carrefour du Velay, du Vivarais, de la Margeride
et du Gévaudan, célèbre pour sa terrible « Bête du Gévaudan » tueuse d’enfants selon la légende.
Lors de sa marche, Stevenson ennuyé par des sarcasmes d’enfants écrit avec humour:
« La bête du Gévaudan a dévoré une centaine d’enfants de ce canton. Elle commence à me devenir sympathique ».
Je m’avance dans des rues tortueuses jusque sous la voûte d’un ancien hospice, un exemple rare semble-t-il d’un ancien hôpital
routier qui accueillait les pèlerins de passage. Il est constitué d’une chapelle de 1613, la chapelle de Notre-Dame-de-Toute-Grâce
reliée à la salle de l’hospice par une voûte sous laquelle les voyageurs pouvaient trouver un abri.

 

 


Un homme dit:" Parle-nous de la Connaissance de soi"

Il répondit:
" Vos coeurs connaissent en silence les secrets des jours et des nuits.
Mais vos oreilles se languissent d'entendre la voix de la connaissance en vos coeurs.
Vous voudriez savoir avec des mots ce que vous avez toujours su en pensée.
Vous voudriez toucher du doigt le corps nu de vos rêves.Et il est bon qu'il en soit ainsi.
La source secrète de votre âme doit jaillir et couler en chuchotant vers la mer,
Et le trésor de vos abysses infinis se révéler à vos yeux.
Mais qu'il n'y ait point de balance pour peser votre trésor inconnu,
Et ne sondez pas les profondeurs de votre connaissance avec tige ou jauge,
Car le soi est une mer sans limites ni mesures.


Ne dites pas: "J'ai trouvé la vérité", mais plutôt: "J'ai trouvé une vérité".
Ne dites pas: "J'ai trouvé le chemin de l'âme".
Dites plutôt: "J'ai rencontre l'âme marchant sur mon chemin".
Car l'âme marche sur tous les chemins.
L'âme ne marche pas sur une ligne de crête, pas plus qu'elle ne croît tel un roseau.
L'âme se déploie, comme un lotus aux pétales innombrables. "

Khalil Gibran



 

                                                                                                                                                                                                            

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